Sharon Jones et ses Dap-Kings nous viennent de Brooklyn. Sharon est une chanteuse de couleur noire. Son backing band réunit huit musiciens. Leur style ? Un mélange de gospel, de soul et de funk. Le combo comptait déjà trois elpees à son actif. Parus chez Daptone. "Dap dippin'" en 2002, "Naturally" en 2005 et "100 days, 100 nights" en 2007. Il adore recréer les atmosphères des grandes époques du R&B et de la soul, depuis la Stax à la Tamla Motown. Les Dap-Kings jouissent d’une grande notoriété sur les planches. Ils se produisent régulièrement à l'Apollo de New York et au Summer Stage de Central Park. Sharon est née en 1956. A Augusta, en Georgie (NDR : comme James Brown). Avant de devenir chanteuse professionnelle, elle a exercé des tas de métiers. Et en particulier surveillante de pénitencier et convoyeuse de fonds. La voix de Sharon évoque les grandes divas du R&B : Tina Turner, Mavis Staples ou encore Aretha Franklin ; mais gros bémol, ses inflexions souffrent d’une carence en intensité.
Cuivres et cordes amorcent "The game gets old", au sein d’un climat bien Tamla Motown. La voix de Sharon ne manque pas de charme. Elle est soutenue par des chœurs féminins. Une compo qui rappelle Martha and the Vandellas ou encore Gladys Knight & the Pips. Le titre maître trempe dans la soul pop. Il aurait pu sortir en 45 tours. Mais à une autre époque. Celle au cours de laquelle, les chansons étaient surtout destinées à procurer du bon temps et inviter à la danse. Exotique, "Better things to do" évolue au rythme d'un calypso. Les musicos sont bien mis en évidence ; mais le chant est rejeté en toile de fond. La belle revient pourtant très vite affronter "Give it back". Elle manifeste enfin une certaine agressivité, face à des cordes pourtant bien délicates. Le classique "Money" bénéficie d’arrangements plus modernes. La voix est percutante. Et au sein de cette expression sonore plus tonique, les cuivres opèrent flux et reflux. Après "The reason", un bref interlude instrumental, Sharon replonge dans la soul sirupeuse ("Window shopping"). Avant d’en revenir à une forme bien plus intéressante. Et en particulier pour "She ain't a child no more", "Without a heart" et "Mama don't like my man", des morceaux imprégnés de gospel, au cours desquels son attaque vocale est bien plus marquée. Et manifestement ce type de répertoire colle mieux à notre soul sister. D’ailleurs, sur son précédent album, elle s’était révélée, bien plus vocaliste de R&B…