Elle est anversoise, vit à Gand, est bourrée de talent et rencontre un succès plus qu'appréciable en Flandre et aux Pays-Bas. Elle avait d'ailleurs réussi à vendre plus de 23.000 exemplaires de son premier elpee, " Mud stories ". Pourtant, elle chante dans la langue de Shakespeare, pas dans celle de Vondel. Ce qui devrait, par contre, lui permettre de mieux s'exporter. " Helium sunset " se démarque cependant de son premier opus. Si le piano est toujours bien présent (NDR : ce serait dommage qu'elle sacrifie totalement une virtuosité qu'elle a acquise en suivant les cours du Conservatoire), il n'est plus le seul maître à bord. Il compose ici avec des tas d'autres instruments (basse, batterie, claviers, guitares, etc.), mais aussi les bidouillages technologiques. Sans oublier les arrangements. Plus que probablement opérés par Karel De Bakker, le producteur de Zita Swoon, qui avait d'ailleurs déjà travaillé sur son premier opus. Balayée, l'image d'une Tori Amos belge, An navigue aujourd'hui dans son propre univers sonore. Un univers intimiste, tendre, sensuel, au sein duquel la voix tour à tour légère, grave, angélique, cristalline, diabolique ou éthérée épanche ses émotions ; des émotions entretenues par des lyrics à l'autobiographie oblique. En d'autres termes pas trop explicites… Produit par son ami et compagnon, Koen Gisen, " Helium sunset " recèle quelques hits potentiels (" Sorry ", " Nobody's fault " et " As sudden tears fall ") ; un fragment un peu plus expérimental, dont la structure initiale évoque Clover's Chloé avant de se désarticuler dans l'expérimentalisme le plus pur (" Sister "), un titre caché mi lo-fi, mi cabaret, un autre qui opère la fusion entre le postcard de James et la popcore de Kristin Hersh (" Sing song sally "), deux compositions spectrales, énigmatiques, légèrement psychédéliques (" Leave me there " et le très beau " Walk ", souligné par un accordéon abordé à la manière d'une Nico sur son harmonium) ; mais surtout des chansons aux mélodies simples et bouleversantes qui doivent plus à la folk song qu'à la country, à laquelle certains médias cherchent pourtant déjà à l'identifier. Superbe !