‘To keelhaul’ est un terme employé en navigation qui signifie littéralement ‘faire passer sous la quille en guise de châtiment’. Le châtiment qui nous est ici infligé dure une grosse demi-heure. Mais comme on dit : ‘qui aime bien châtie bien’. Et donc toute tentative de ‘faire passer sous la quille’ cet album ne sera qu'un prétexte à la mauvaise foi. Oui, les vocaux sont ignobles ; oui, les guitares vous arrachent des maux de tête ; oui, la batterie frappe nos sens telle une grosse massue ; mais bon dieu, quelle tannée réjouissante ! Hardcore, grindcore, stoner-metal, que sais-je, pourvu qu'on ait l'ivresse… Ce quatuor (ex-Claw, ex-Integrity et ex-La Gritona) nous fait penser à Neurosis : même volonté d'exténuer les tympans, de passer sur les corps des auditeurs abasourdis tel un rouleau-compresseur, de pousser la résistance auditive à ses derniers retranchements… Certains diront que c'est la quille, d'autres la gaule, en tout cas Keelhaul ne fait pas dans la dentelle. Il suffit d'écouter " Lackadaisical Chinese Tubesock ", une pièce bien montée de riffs abrasifs à du 100 à l'heure; et d'enchaîner avec " Iwn ", ballade nuptiale à six pieds sous terre qui clôt l'album, pour être convaincu que ces white trash de Cleveland n'aiment pas ceux qui font dans leur culotte.