‘J'ai voulu faire un disque de rock extrêmement puissant’, déclare Richard Lloyd dans le livret qui accompagne cet album. De rock, il s'agit effectivement : les guitares sont omniprésentes, des soli magistraux aux riffs nettement plus dispensables. Mais c'est du rock comme on n'en fait plus, dans la lignée des grands bluesmen du Delta, avec un pied dans ce que le progressif nous a laissé en héritage; cette pénible arrogance de ceux qui déboulent avec leur maestria technique un brin usagée. Point de White Stripes, de Strokes ou de Hives ici : on est dans un rock " adulte ". Intéressant pour les vendeurs hi-fi qui veulent faire tester leurs enceintes stéréo (" L'album a été mixé asymétriquement, pour que les guitares puissent être entendues une fois à gauche, une fois à droite ", renchérit Lloyd), mais pas pour ceux qui pensent qu'un Lou Reed sous " Ecstasy " ou qu'un David Gray sans Orbital sont aussi bandants qu'un vieux vinyle de Todd Rundgren. L'album s'intitule " The cover doesn't matter ", parce que Richard Lloyd, se rendant compte qu'il n'arriverait jamais à vendre cette resucée du pire Eric Clapton, a préféré le produire lui-même et le mettre sur le réseau, sans doute persuadé qu'aucune maison de disque se risquerait à encore sortir ce genre de disque aujourd'hui. Sur ce coup-là, il a bien eu raison.