Bien qu'issu de San Diego, Stone Temple Pilots a longtemps été assimilé à la vague grunge. Faut dire que ses deux premiers albums en affichaient toutes les propriétés. Pourtant, dès le troisième opus, "Tiny music…songs from the Vatican gift shop ", la formation californienne s'est débarrassée de son étiquette ‘seattlenesque’ pour embrasser un style plus original, plus riche ; réalisant en quelque sorte un exercice de style au sein de la musique alternative. Malheureusement, cette aventure est demeurée sans lendemain, et le groupe en est revenu au métal de ses premiers pas… Un retour en arrière qui s'est conjugué à des déboires autant relationnels que judiciaires ; le chanteur, Scott Weiland, ayant même été arrêté, condamné, puis incarcéré pour détention et consommation d'héroïne. Depuis, Scott s'est quand même assagi. Il a fondé une famille (femme, enfant, etc.) et a pris du recul par rapport à l'existence. A un tel point que ses lyrics sont aujourd'hui empreints de cette nouvelle philosophie, de sa nouvelle vision de la société contemporaine, qu'il contemple avec une grande tristesse. " Shangri-la dee da " constitue le cinquième opus de STP. Un disque qui renoue avec le métal, le grunge, le post grunge ou quelque chose dans le genre. Enfin presque, puisqu'il concède quelques ballades aussi mielleuses qu'inconsistantes. Passe encore le single beatlenesque " Days of the week " ou le sophistiqué " Hello it's late " (Todd Rundgren ?), mais une bonne moitié des titres ne volent pas plus haut que les Scorpions. Encore que des Scorpions qui volent (NDR : niark, niark, niark…) Heureusement l'opus recèle quelques petites perles. Et en particulier un " Dumb love " découpé dans des riffs de guitare croustillants ; le sulfureux, frénétique, presque progressif " Regeneration ", sorte de croisement improbable entre le King Crimson et Porno For Pyros, " Hollywood bitch ", dont la mélodie est aussi contagieuse que " Big bang baby ", l'explosif " Coma ", traversé de scratches hip hop et le glamoureux " Transmissions from a lonely room ", abordé dans l'esprit des New York Dolls. Et pour être complet, sachez que c'est l'incontournable Brendan O' Brien qui assure la production…