Comme l’ironise Bénabar, ‘Ils s’appelaient tous Michel : Polnareff, Jonasz, Delpech, Fugain, Berger et Le Forestier ( ?!?!?)’. En conjuguant le verbe ‘s’appeler’ à l’imparfait, il ne veut certes blesser personne. Mais il a peu raison : les carrières de tous ces Michel sont derrière eux. Heureusement, l’air du temps autorise une formule idéale : l’album de reprises. Il y a quelques mois, c’était un certain Michel... Delpech qui y allait de son petit retour en arrière, sur une rondelle revisitant ses propres succès en compagnie d’artistes d’hier et d’aujourd’hui.
Voici donc le nouvel album -le quatorzième- d’un Michel nommé Jonasz. Un album de reprises. Mais pas les siennes. L’interprète de « La boîte de jazz » explore un répertoire presque ‘classique’ de la chanson française, de Brassens (« Les copains d’abord ») à Brel (« Fernand », « La chanson des vieux amants ») en passant par Prévert (« Les feuilles mortes »), Ferré (« Avec le temps ») ou encore Nougaro (« Armstrong »). Bien entendu, ce projet n’aurait aucun intérêt si le gaillard n’y mettait pas, avant toute chose, de la sincérité. Dont acte. Et, bien entendu, personne n’y aurait prêté attention si notre homme ne s’appelait pas Jonasz, qu’il n’avait pas ce timbre de voix si chaud et ce don inimitable de chanter des histoires. Mais bizarrement, on apprécie sans en profiter pleinement. La raison est simple : les morceaux choisis ont vécu dans d’autres bouches, avec une force qui ne réclamait ni rappel, ni hommage…