Les acteurs s’improvisant musiciens sont toujours source de légitime appréhension... Préjugé justifié au vu de certaines expériences allant du passable au pathétique (non, non, pas de noms !) Et puis, parfois, un petit miracle émerge au milieu des naufragés. Le cas de Juliette Lewis émarge heureusement à cette seconde catégorie. Dotée de solides capacités vocales, l’ex-héroïne de « Natural Born Killers » dédaigne la soupe calibrée FM dans laquelle beaucoup de ses collègues ont versé pour s’éclater en balançant une dizaine de titres purement rock & roll.
Le résultat de ce second album, tonitruant et diablement efficace, prend à la gorge dès la première plage, le bien nommé « Smash & Grab », et enchaîne les coups d’éclat, entre un « Hot Kiss » pervers, un « Killer » aux relents punk, un « Death Of A Whore » halluciné ou encore le stonien « Get Up » où la donzelle assume ses influences en affirmant « I Feel Like A Rolling Stone » ! Bien entourée par ses flamboyants The Licks, elle s’offre le luxe d’enrôler le jovial Dave Grohl (Nirvana et Foo Fighters pour ceux du fond) qui marque l’enregistrement de son groove lourd, implacable et puissant. Côté production, Dylan McLaren livre un travail très soigné sans pour autant dénaturer le contenu en le rendant moins rock ; l’excellent « Purgatory Blues » en constitue un bon exemple et mérite amplement sa place sur les ondes. Bien sûr, les grincheux diront qu’ils n’ont pas inventé la poudre, mais ce n’est pas le propos : nous sommes face à du rock & roll jouissif, balancé avec fougue et conviction, et c’est suffisamment rare pour être apprécié.
Trente-trois minutes de bonheur sans rien à jeter !