Chaque année, je rencontre la même frustration. Mon classement des meilleurs albums de l’année écoulée est à peine établi que j’ai l’intime conviction d’être passé à côté d’œuvres incontournables. Et c’est une nouvelle fois le cas pour ce deuxième opus d’Electric Electric, « Discipline », qui aurait largement mérité de figurer aux places d’honneur. Même dans mon top 5. Cet elpee est même tout bonnement monstrueux…
La formation strasbourgeoise avait publié son premier essai, en 2008. Il s’intitulait « Sad Cities Handclappers ». Au cours des quatre longues années qui ont suivi cette publication, le duo (guitare/batterie) s’est forgé une solide réputation en se produisant en ‘live’, et notamment lors de la tournée ‘Colonie de Vacances’, accomplie en compagnie de Pneu, Marvin et Papier Tigre. C’est au cours de ce périple que le tandem a intégré un troisième membre, Vincent Robert (synthé), pour adopter la formule trio.
Quoique s’inscrivant parfaitement dans la lignée du précédent long playing, « Discipline » est surtout davantage abouti. Cohérent et reflétant la parfaite maîtrise des musicos aussi. La surprise procède de l’intégration de références tribales au sein de leur cocktail d’électro, de math-rock et de noise. L’album oscille entre compos hypnotiques, abordées dans l’esprit du combo américain Maserati (« Material Boy ») et titres davantage rock noise (« xx1 », « xx2 »), en passant par des plages dynamisées par des rythmes exotiques et contaminées généreusement par l’électronique (« Neutra Tentra », « La Centrale ») ; sous cette dernière configuration, le spectre de Battles n’est d’ailleurs jamais très loin.
Si dans le style, de nombreux ensembles issus de l’Hexagone revendiquent les mêmes racines, peu sont capables de rivaliser avec leurs maîtres. A contrario d’Electric Electric qui parvient, malgré ses influences, à se forger sa propre identité musicale. Et « Discipline » en est certainement la plus belle illustration, tout en revendiquant un prix d’excellence.