On connaît surtout Chris Brokaw pour ses aventures menées chez Come et Codéine. Et pourtant l’artiste américain est responsable d’une multitude de projets. Quand il ne vient pas apporter son concours aux sessions d’enregistrement de ses potes. On ne va pas tous les citer, vous seriez noyés par l’énumération. Steve Wynn, Chris Eckman, Thurston Moore et Hugo Race en font partie. Ou décide de réaliser un elpee en solo. Enfin, pas tout à fait sur celui-ci, puisque pour concocter ce disque, il a reçu le concours du bassiste Doug Maccombs et du drummer John Herndon. Sept longues années que l’Américain n’avait plus posé sa voix sur des chansons. C’était pour « Incredible love », en 2005. Un disque intégralement acoustique. « Gambler’s Ecstasy » célèbre également le retour à la fée électricité. Pas sur toutes les compos, mais en majorité. Il nous propose même de nouvelles versions électrifiées (et chantées) de compos originellement ‘unplugged’.
Apparemment Chris aime proposer des adaptations différentes, car l’elpee s’ouvre par « Criminals », une plage shoegaze puissante, pulsante, abrasée par sa ‘six cordes’ distordue, et caractérisée par ses interventions vocales monocordes, presque sinistres. Il s’achève par une autre version de ce titre, instrumentale, intitulée « Richard And Vanessa in the box », morceau qui sous cette forme, avait servi de bande sonore à la compagnie de danse Daghda Dance. On a aussi droit à une cover plus acoustique du « Crooked » de Wussy, band issu de Cincinnati. Et puis à un compo minimaliste, jouée sur deux cordes (« California). On épinglera également un titre de power pop entraînant et croustillant (« Danny Borracho »), une ballade visionnaire agréable (« Anacordia »), et puis deux pistes plus élaborées. Tout d’abord une de 9 minutes (« The appetites »), fruit d’une rencontre hypothétique entre Slint, Aerial M et Mogwai et puis « Exemption », probablement la meilleure compo du long playing, digne de la quintessence de Sebadoh. Et le reste ne manque pas d’allure. Le seul reproche que l’on puisse adresser à Brokaw, c’est sa voix, ténébreuse sans doute, mais un peu trop limite et uniforme à mon goût.