Depuis son départ d’Angra en 2001, la carrière d’Andre Matos se veut certes plus discrète, mais néanmoins bien remplie. Entre Shaaman, Symfonia (un side project monté en compagnie des membres de Helloween et Stratovarius) et sa carrière solo, Matos aligne les sorties avec une régularité qui force le respect, depuis plus de vingt-cinq ans. « The Turn Of The Lights » constitue son troisième effort solo, même si le chanteur préfère parler d’un groupe qui porte son nom.
Oscillant toujours entre heavy metal, prog, power metal, hard rock et AOR, Andre navigue en eaux connues, et ne s’écarte pas de l’univers musical qu’on lui connaît. Il faut dire qu’il est unanimement reconnu comme une des plus belles voix du heavy metal, tout là-haut auprès des génies du genre que sont James LaBrie (Dream Theater) et Bruce Dickinson de Maiden. Pas de surprises de ce côté-là, les fans du vocaliste retrouveront le timbre unique du chanteur brésilien. Là où l’album surprend, c’est dans son parti pris de ne pas mélanger les sous-genres, donnant au disque un aspect patchwork à tout le moins déroutant. S’ouvrant sur un hymne AOR faisant figure de single au gros potentiel (« Liberty »), il enchaîne ensuite morceaux power metal aux cavalcades dignes d’un Dragonforce (« Course Of Life », « Light-Years »), titres heavy dans la plus pure tradition Maiden-esque (« The Turn Of The Lights »), ballades mielleuses aux claviers dégoulinants (« Gaza », « Sometimes »), et chansons prog oscillant entre Dream Theater et Muse, influence quasi omniprésente chez les groupes de métal progressif actuels (« On Your Own »). Plus surprenant, la production de l’album est à l’image des chansons : chaque morceau possède une couleur et un son rappelant tour à tour les groupes-phares des styles pratiqués. Ce choix étonnant rend difficile l’immersion dans l’album, et ne joue pas en faveur de la réputation du chanteur, à qui on a toujours reproché de manquer d’originalité. Néanmoins, il garde une voix hors du commun. Son chant reste le dénominateur commun des morceaux de l’opus. Ce qui explique que malgré les déclarations du vocaliste, « The Turn Of The Lights » est un véritable LP solo.