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English Electric Spécial

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On sonne à la porte. Je regarde par la fenêtre.

Ah, zut ! Eux ?

J'enfile un ciré et chausse des bottes en caoutchouc.

Je vais ouvrir...

Je souris poliment à Andy McCluskey et Paul Humphreys.

- ‘Ah oui, on m'avait dit que vous alliez repasser. Quoi de neuf depuis votre naufrage en 2010 ?’

Et bing !

Je me reçois un gnon dans l'estomac.

Magistral de puissance. Un de ces coups de poing qui vous laisse haletant sur le carrelage.

D'ailleurs, c'est là, à même le sol, que je finis l'écoute d’« English Electric », le douzième opus d'OMD.

Et je ne suis pas prêt de me relever.

Je me suis fait avoir, en beauté.

L'effet de surprise a énormément joué, c'est sûr.

Comprenez ! Je ne m'y attendais pas. Absolument pas…

J'avais abandonné le groupe agonisant, il y a bientôt trois ans.

Un peu moqueur, j'avais nargué la bête blessée.

Faut dire que « History Of Modern » était une insulte définitive (ou semblait-elle définitive du moins) à la carrière de ce groupe aussi mythique que jadis authentique (ou l'inverse, je ne sais plus).

Nous en étions restés là, au bord d'un gouffre. Orchestral Manoeuvres complètement noyé dans le dark.

Bouffi, méconnaissable, la viande encore bien saignante, les plaies purulentes, les tripes à l'air, l'animal gisait presque mort. Un vrai carnage. La bête s’était dévorée elle-même.

Un exemple rare d'auto-cannibalisme avéré.

Pas beau à voir !

Un spectacle grisant d'horreur.

Le rictus facile, la morve exaltée par quelque vieux sentiment nostalgique, j'y étais allé personnellement de bon cœur à ruer de coups, ce corps flasque promis aux vers.

Ainsi, après l'effet d'étonnement suscité par son retour, je m'attendais à une nouvelle salve de vomi gluant et j'avais donc pris soin de m'équiper en conséquence.

Sans m'attendre le moins du monde au dénouement.

Pourtant, j'étais prévenu.

C'est écrit en blanc sur fond noir, sur l’arrière de la pochette : 1. ‘Please Remain Seated’

Pfff ! Faisant fi à cette sommation, j'avance le nez haut, la narine frétillante, cherchant à humer le parfum nauséeux de la barbac refroidie.

Et donc, je suis accueilli par cette fameuse estocade.

Les larmes vibrantes au bord des cils, un filet de bave scintillant à la commissure de mes lèvres ouvertes béatement dans un sourire médusé, je me recroqueville et me laisse emporter.

Les mélodies retrouvées, le sens aventureux, le regard fièrement jeté dans le rétroviseur, l'audace jetée sur les épaules comme un manteau d'humilité et non plus comme une peau de chagrin.

Ma vue est brouillée mais j'en suis certain.

Ces ombres qui se dessinent et ondoient nonchalamment au dessus de mon squelette ratatiné, forment à nouveau le corps de ce groupe auteur par le passé de ces succès dorés, tant de fois fredonnés, maintes fois dansés.

« Enola Gay », souviens-toi ! Oui, je me souviens. J'ai failli t'oublier. Depuis, je t'avais rangé dans les allées poussiéreuses de mes archives sacrées, de celles qu'on ne ressort qu'avec respect, tentant d'oublier le mal qui a été fait.

Bien sûr, j'aurais dû m'en douter !

‘Enola Gay, it shouldn't ever have to end this way’

Et donc, OMD est revenu. Revenu venger sa mémoire. Et rappeler ce qu'ils étaient. Ceux qu'ils étaient.

Inespéré !

Un frisson me parcours l'échine. En montant. En descendant. Une salvatrice dose d'« Electricity » qui surgit de ma mémoire.

Mais le bonheur est bel et bien présent.

Car là où tout foutait le camp sur leur dernier témoignage en date, des sons antidatés, périmés, vérolés, aux compositions branlantes, branleuses, biaisées, « EE » s'offre aujourd'hui une seconde jeunesse, un vrai retour aux sources.

OMD ne semble plus courir après le futur. D'ailleurs « The Future Will Be Silent ».

OMD embrasse à pleines lèvres son passé (« Kissing The Machine »), titre composé par McCluskey et Karl Bartos en nonante trois, après le départ de Kraftwerk et qui figure sur l'album « Esperanto » de ce dernier.

OMD revient et je ne veux plus le quitter (« Stay With Me »)

OMD est redevenu OMD

La belle esthétique enfin au service de la musique, tous deux enfin réconciliés, le graphisme comme support d'une musique retrouvée et non plus présent pour sauver les meubles dans un mouvement tangiblement fossile.

Alors, pendant que je m'épanche en sincères excuses, Andy et Paul me gratifient d'une « Final Song » qui jette une poignée de sel sur cette belle plaie sucrée ouverte sur mon cœur.

‘Vous partez déjà ? Et les gars, c'est quand que vous revenez ?’

En concert, le 20 mai 2013 à l'AB.

 

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