‘T=O’
Ou comment placer d’emblée l’auditeur dans un carrousel dont la vitesse gravitationnelle s’amplifie au fil des secondes, atteint son apogée, puis freine sa course jusqu’à l’arrêt.
Sur le tableau noir du Math Rock, l’équation Tall Ships reste d’une évidente limpidité.
Les variables s’entrechoquent, se bousculent, frétillent, éclaboussent. Elles altèrent les mouvements circulaires comme les rampements reptiliens d’un vumètre en léthargie. Bref, ces paramètres tiennent de la recette savamment appliquée. Sauf qu’il y a cette étincelle qui à un certain moment fait jaillir le feu sacré.
Un morceau qui frôle l’extatique jouissance immédiate. Il s’intitule « Gallop » et emporte tout dans son sillage.
La voix se fait grave, caresse, embrasse, étreint, tandis que la montée d’adrénaline consume nos sens étourdis.
Un moment de grâce, une flamme, qui malheureusement s’éteint avant la fin de l’album.
Car ni « Send News » en interlude mal positionné, ni « Books » qui révèle les faiblesses vocales, ni « Murmurations » posté en épingle, lors du final, ne viendront raviver le plaisir de la sixième plage, celle où s’échoue les plus belles ambitions de Tall Ships.
Le carrousel a cessé de tourner, mais nous, nous avons toujours la tête qui tourne.