Franchement, cette formation irlandaise aurait pu trouver un nom plus facile à prononcer. Et qu’elle ne vient pas se plaindre si son patronyme est massacré. The Guggenheim Grotto (je ne le dirai plus) est un trio drivé par un certain Kevin May, dont on prête un talent de lyriciste aussi riche que celui de Mike Scott (Waterboys). Les textes de ses chansons sont d’ailleurs reproduits à l’intérieur du booklet. 28 pages abondamment commentées et enrichies de photographies ainsi que d’illustrations qui pourraient figurer dans une bande dessinée. Le tout habillé d’un digipack luxueux.
Le trio voue une grande admiration à Leonard Cohen, mais si la plupart des compos de « …waltzing » baignent au sein d’une mélancolie douce, elles ne sombrent pratiquement jamais dans la sinistrose. « Koan » constituant l’exception qui confirme la règle. Et pour cause, un violoncelle lancinant entretient un climat lugubre. A contrario, ce violoncelle ondoie littéralement tout au long de « A lifetime in heat ». Les voix de Kevin May et de Mick Lynch sont remarquablement complémentaires. Beatlenesques (double blanc) sur « Philosophia », le morceau qui ouvre l’opus. Dignes de Simon & Gardfunkel sur « Ozymandias ». Aussi obliques que chez Radiohead sur « Portmarnock beach boy blue ». Minimalistes, intimistes et tellement proches d’un David Crosby sur « Gold truth ». Légèrement soul tout au long de « Vertigo », une plage caractérisée par les accords de piano jazzyfiants. Quoique riche (drums, percus, claviers, glockenspiel, guitares acoustique et électrique, basse, contrebasse, accordéon, wurlitzer, etc.), l’instrumentation est judicieusement et parcimonieusement consommée. La sèche est souvent jouée en picking. On y entend même les doigts qui glissent sur les cordes. Mêlant habilement pop et folk, leurs chansons s’aventurent cependant également dans l’univers du rock. Très prudemment. A l’instar de « Told you so », sorte de clin d’œil adressé à Tom Petty et ses Heartbreakers. Même le timbre vocal est aussi haut-perché que celui du natif de Gainesville. Et pour un seul titre dans celui de la country : « I think I love you ». La slide y fait d’ailleurs son apparition. Et pour que votre information soit complète sachez que c’est Shane Power, le drummer, qui a assuré la production de cet album.