Après six ans d’absence, l’ami Manu Chao a rassemblé ses potes du Radio Bemba Soundsystem pour mettre en boîte cette nouvelle œuvre. Le trompettiste sicilien Roy Paci est de la partie, mais aussi l’étrange Tonino Carotone, un chanteur espagnol obsédé par le génial Renato Carosone, vocaliste napolitain ayant sévi au cours des années cinquante. Au rayon des invités, on pointera une forte présence malienne, et en particulier Amadou Bagayoko (moitié du duo Amadou & Mariam) et Cheik Tidiane.
Fan de reggae, Manu Chao pique aux Jamaïcains le concept de recyclage musical, qu’il pousse ici dans ses derniers retranchements. Attendez-vous donc à réentendre plusieurs fois la même base musicale plaquée sur des paroles différentes. « La Radiolina » enchaîne les titres sans temps mort, mais on regrettera que l’inspiration ne soit pas souvent au rendez-vous. Elle est carrément absente des ¾ de l’album. On a droit à beaucoup trop de cavalcades punk rock montées sur des tristes boîtes à rythmes sensées émuler des vraies batteries : « 13 dias », « Tristeza Maleza », « Rainin Paradize », « Panik Panik », « El Kitapena » ou encore « The Bleedin Clown ». Une suite de titres caractérisée par ses pauvres qualités musicales et lyriques. A d’autres (rares) moments, Manu Chao redresse heureusement la barre. Le dub mariachi de « Politik Kills » est un des meilleurs moments de l’opus. Parmi les autres réussites on citera aussi le mélancolique « Me Lllaman Calle », le romantico-comique « A Cosa », « Otro Mundo » ou encore « Mala Fama ». Des titres mélodiquement riches où pour une fois Chao ne se contente pas de balancer des banalités navrantes sur l’état du monde et essaye d’écrire des textes qui tiennent la route.