Lorsque le batteur de PJ Harvey et l’ingénieur/producteur de Metronomy rencontrent une belle Québecquoise, c’est pour lui offrir un joli bouquet de « Roses ».
Raccourci facile, certes, mais c’est le terreau fertile du troisième opus studio de Cœur de Pirate, Béatrice Martin, de son état civil.
Préférant se focaliser sur des projets parallèles (NDR : reprise de « Mistral gagnant », musique d'un jeu vidéo et bande originale de ‘Trauma’, ersatz de la série canadienne ‘Urgence’), ce n’est que quatre années plus tard qu’elle nous revient en publiant ce long playing.
On peut affirmer, sans jeu de mots facile, que cet LP ne manque pas de piquant ! Il marque même un tournant majeur et intéressant dans la carrière de la chanteuse. La naissance de sa fille Romy serait sa nouvelle source d’inspiration !
Plus dynamique dans l’approche artistique, il fait la part belle aux cordes, aux drums, synthés et samplings.
Sans complexe, Béa s’est amusée à mélanger les genres. Ce disque, synonyme de prise de risque, est en effet un panaché d'électro, de rock, mais également de rap (l’excellent « I Don't Wanna Break Your Heart » en featuring avec le rappeur Allan Kingdom). Même si le piano est toujours présent, sa caisse de résonance est nettement plus en retrait.
Si les nouvelles sonorités se révèlent plutôt discrètes, les paroles des chansons (majoritairement chantées en anglais pour le coup) sont bien mises en exergue grâce aux arrangements intelligemment construits.
L’ensemble de l’œuvre est relativement conventionnel, mais vite addictif.
La thématique trahit quand même une forme de redondance ! La bellâtre crie à tue-tête les peines d’amour qu’elle a vécues, notamment à travers le succès radiophonique de « Crier tout bas » (?!?!?), pour ne citer que ce titre.
« Drapeau Blanc » constitue une mise au point entre Béatrice et une mère exigeante et envahissante qui rendait l’artiste malheureuse. Emouvant !
Beaucoup plus mature que ses deux prédécesseurs, la jeune dame réalise ici un travail remarquable qui la destine doucement vers une pop moins sucrée !
Les fans de la première heure s’y retrouveront, même si le concept minimaliste piano/chant a pratiquement disparu ; car la voix chaude, acidulée et éraillée, n’a pas changé d’un iota. Pour les autres, ce disque deviendra probablement une belle découverte musicale !