Impossible d’avoir une connaissance exhaustive de la scène musicale contemporaine. Pourtant, certains ratissent large. Parfois même plus rapidement que d’autres. A ceux-là qui sont constamment sur le qui-vive, je leur demande de poser un geste fort et de me balancer leur mediator à la gueule. C’est tout ce que je mérite.
Eponyme, l’album de « Svin » ne m’a pas immédiatement fait flasher. Faut dire que le contenu de la bio avait tout pour s’opposer à ma propre sensibilité. Et pourtant, j’avais bien lu : il s’agirait de jazz expérimental…
Mais en omettant de donner une suite au genre annoncé : mais pas que…
« Svin » s’avère finalement bien plus intéressant que prévu. Bien sûr, on y décèle du jazz expérimental ; mais au lieu d’une expression sonore nombriliste, qui sied si bien aux ateliers froids et impersonnels, on a droit à une formule grisante et régénératrice, toute indiquée au sein d’un salon moelleux et cosy…
Svin est une formation danoise. Des fendeurs de glace, des baroudeurs, mais surtout des Vikings ! Et vu la manière dont certains titres sont attaqués, on reconnaît immédiatement l’origine scandinave du combo.
Quand on évoque le Danemark, on pense aussi à la beauté des grands espaces, à ses lacs… et manifestement, le groupe s’est inspiré de ces paysages pour concocter cet opus.
Entre scierie et bulle de savon, les enchaînements de l’elpee sont époustouflants. Et si la structure est classique, les détails sont riches et croustillants. Soignés aussi. Donc on en redemande.
Tout au long de cet LP, les émotions défilent : le plaisir, la colère, la tristesse, l’envie, la paresse…
Svin produirait le même effet que la cocaïne, mais sans l’addiction nocive. Ce serait le THC sans brûler ses poumons. Même qu’on pourrait l’écouter confortablement, assis sur un clou.