Les obsédés du son de Lagos, pratiqué dans les années 60 et 70, auront peut-être remarqué Orlando Julius sur l’excellente compile « Funky Lagos », éditée il y a quelques années par le label Afro Strut. Les têtes chercheuses de Vampisoul quittent un moment le continent américain pour réunir en deux compact discs quelques titres emblématiques de ce saxophoniste/chanteur. Un pionnier dans le métissage des sons soul et du highlife.
Le premier disque se concentre sur les années 65-68. Orlando fonde les Modern Aces en 1965 et il s’amuse à mélanger les rythmes du highlife aux percussions religieuses du kokoma. Passionné par la soul américaine, il commence à reprendre quelques classiques du genre, comme le « My Girl » de Smokey Robinson. Les titres du premier cd sont rapides et laissent une belle place à l’improvisation des cuivres. Les rythmiques complexes du kokoma percutent les beats en 4/4 de la soul pour créer un mélange fichtrement intéressant. Pour vous convaincre, écoutez les funky en diable « Ise Owo », « Bojubari » ou encore « Ma Fagba Se Ye Ye »…
Le deuxième volume se focalise sur les années 69-72. Les morceaux s’allongent, ralentissent, se teintent de psychédélisme. Orlando va bientôt être éclipsé par les innovations de Fela Kuti. Il rend hommage à son maître sur « James Brown Ride On » et adopte les rythmiques sinueuses de l’afro-beat. L’atmosphère devient menaçante et reflète bien les remous politiques de l’époque. L’ami Orlando finira par quitter le Nigeria pour s’installer aux Etats-Unis où il se frottera à la scène soul et jazz. Mais ici, c’est une autre histoire ; et on vous conseille avant tout de jeter une oreille sur ce très bon « Super Afro Soul ».