Issu de Liverpool, The Cubical nous propose son quatrième elpee. Et quand on sait que le band est issu de Liverpool, il faut reconnaître que son style est plutôt surprenant.
En fait, il est fondamentalement garage/blues. La voix du chanteur, Dan Wilson, est particulièrement écorchée, pour ne pas dire ravagée. Le plus souvent, elle est même proche de celle de feu Don Van Vliet, le leader du mythique Captain Beefheart. Cependant, suivant les compos, la formation a le bon goût de s’abreuver à d’autres sources. Découpé en 9 plages, cet opus en est une parfaite illustration.
Faut dire que lors des sessions d’enregistrement, le combo a reçu le concours du trompettiste Martin Smith et du saxophoniste Simon James, des musiciens qui dans le passé, ont apporté leur collaboration, notamment, à Gorky’s Zygotic Mynci, Super Furry Animal et The Coral. Puis de la vocaliste de jazz, Amanda Bronx. Et enfin de la violoncelliste Siofra Ward…
Le long playing s’ouvre par « All ain’t well », un morceau sinistre, presque vaudou, déchiré par le violoncelle, comme chez le mythique et défunt Crime & The City Solution. Et il s’achève par « Shipwrecked 737 », une piste basique qui vous incite inconsciemment à taper du pied. Si la structure rappelle inconsciemment le « Gloria » du Them, les envolées de guitare semblent empruntées aux Stones. Une réaction qui sera aussi instinctive sur les soigneusement cuivrés et entraînants « I want money » et « Conman 512 ». Cette dernière piste, spécifiquement garage/blues, dans la lignée des long playings précédents, nous entraîne au sein d’un univers à la fois sordide et délabré. Probablement celui au sein duquel vivent certains exclus de la vie sociale. Mais le plus étrange, c’est ce riff central qui rappelle le fameux « That’s all I want », une chanson signée par Berry Gordy et Janie Bradford, mais popularisée par les Beatles, en 1962. Vous voyez le rapprochement entre les deux compos ? Bref, quand même, l’honneur de Liverpool est sauf !
Parmi les titres les plus contaminés par le blues, on épinglera « Believe it when I love you », encore une plage cuivrée, mais hantée par le « Who do you love » de Bo Diddley. Puis l’élégant « In the darkest corners », une compo qui aurait pu figurer au répertoire des Doors, même si ici, elle est privée de claviers rognés.
Tout au long du sombre et hanté « Blood moon », la voix de Wilson devient carrément démoniaque… Plus élaboré, « In your eyes » baigne dans la mélancolie douce/amère. La mélodie est fragile et ce sont les bourdonnements rythmiques qui construisent les crescendos, alors que le lyrisme est entretenu par les interventions du violoncelle.
Et enfin, titre le plus long de cet LP (NDR : 7’ quand même), « Whilst Judas sleeps » est à la fois déchiqueté par les cordes de guitares et bercé par le violoncelle, alors que la voix se fait chevrotante, frémissante. Une plage tourmentée et belle à la fois, abordée dans l’esprit du « Bitter Sweet Symphony » de The Verve…
Epatant !