Surnommé le ‘Godson of Soul’, Johnny Ray Jones est issu du Sud de la Californie. "Feet back in the door" constitue le premier elpee de ce chanteur. Un disque dont la confection a nécessité pas mal de temps. Et pour cause, les premières sessions remontent à 1995, lorsque ses amis musiciens, Tony Braunagel, Marty Grebb, Joe Sublett et Johnny Lee Schell l’avaient rejoint pour mettre en boîte quatre titres. Et les sessions n’ont repris qu'en 2015 et 16. Il vient donc enfin de sortir ! Et a bénéficié de la coproduction de Johnny Ray, Tony Braunagel et Jimmy Lee Schell, deux requins des studios blues à Los Angeles.
L'opus s’ouvre par le titre maître, une compo soul écrite par Arthur Adams, un bluesman de couleur noire, issu du Tennessee. La voix passe bien la rampe et l’expression sonore, enrichie par le concours des Texicali Horns, en l’occurrence le saxophoniste ténor Joe Sublett et le trompettiste Darrell Leonard, est impeccable. Signé Sam ‘Bluzman’ Taylor, seul rescapé des sessions de 1995, "Hole in your soul" évolue dans un registre proche du Memphis R&B, une piste au cours de laquelle Coco Montoya se montre particulièrement incisif à la guitare. Mike Finnigan s'illustre à l'orgue et au piano tout au long de "Come up and see me sometime", une plage qui baigne dans le même style. "High coast of loving" est un r&b au charme certain. La voix est superbe et Johnny Lee Schell se réserve un envol sémillant sur ses cordes. Il est toujours à la gratte pour "Hard times won", un Chicago blues inspiré par Willie Dixon, que souligne Jimmy Powers (NDR : il a milité au sein du backing group de Buddy Guy) à l’harmo et Lenny Castro aux percus. "Love-Itis" est un titre cosigné par Harvey Scales, Albert Vance et Rudy Jacobs. Il avait été repris par les Sonics, mais surtout a été popularisé par le J Geils Band. Les cuivres et les ivoires tirent parfaitement leur épingle du jeu tout au long de cette version très rythmée, alors que la voix de Johnny Ray emprunte des inflexions à Bryan Ferry. Johnny Lee libère toute sa sensibilité lors de la reprise du "I'm a bluesman" de Z.Z Hill. Et pour celle du "A certain girl" d'Allen Toussaint, Tony Braunagel imprime le tempo alors que Joe Sublett brille au saxophone ; le tout au sein d’une atmosphère néo-orléanaise. Une dernière cover clôt ce long playing. En l’occurrence le "Hearts have turned to stone" de Leon Russell. Explosive, elle se distingue par les interventions offensives au piano de Finnigan.