Au diable les introductions suaves et mélancoliques ! Ce premier effort accompli par Heir entre directement dans le feu de l’action en balançant dans les dents et dès les premières minutes, une salve de blasts incisifs et dévastateurs. Après avoir publié un premier Ep, l’an dernier, dont les trois titres figureront un peu plus tard, sur un split, partagé entre Spectrale et In Cauda Venenum, le combo toulousain dévoile, sur « Au peuple de l’abîme », cinq compositions totalement originales. D’entrée de jeu, « Au siècle des siècles » laisse augurer un Black Metal aussi rapide que chaotique, avant de se poser et devenir plus aérien et contemplatif. Se servant d’un chant articulé et pratiqué dans la langue de Molière, Heir ouvre une porte permettant d’accéder à son univers par la voie des paroles. Une approche pas toujours très habituelle au sein de ce style musical ; mais encore faut-il rappeler que signée chez Les Acteurs de l’Ombre, elle a plutôt l’habitude de s’extirper des sentiers battus. Sortir de l’ornière, il en est également question à propos de la linéarité dont pourrait souffrir le long playing. Alors que les morceaux ont une propension à adopter un ton uniforme, le combo parvient à déjouer cette impression de lassitude par le biais de certaines suspensions dans le temps ou encore grâce à quelques motifs musicaux hypnotiques, permettant dès lors de nous immerger au cœur d’un sombre périple (NDR : en dernière partie de l’« Heure d’Hélios », par exemple). La recette apparaît, certes classique, mais fonctionne ici plutôt bien : vous rouer de coups afin de vous vous laisser ensuite, lentement, prendre conscience de ce qui vous a été asséné. Galopant sous le blason du Post-Black Metal –le titre L’Âme des Foules, collant aux poumons, en est certainement le bel exemple tant il parvient à récupérer les ficelles du Black tout en les nouant à d’autres styles– Heir propose un premier album studio tout à fait convaincant et laisse entrevoir de beaux horizons ténébreux devant eux.