Il y a quelques mois, Antony Hegarty, le leader d’Antony and the Johnsons, décidait de changer de sexe. Non seulement l’Anglais(e) transgenre et américain(e) d’adoption opérait une mue physique, optant alors pour le patronyme d’Anohni, mais aussi musicale. Une métamorphose scellée par l’album « Hopelessness », un disque qui lui avait permis d’aborder des sujets bien plus engagés, nonobstant les ténébreuses productions électro d’Hudson Mohawke et d’Oneotrix Point Never. Le tout cadrant parfaitement avec une bande-son du monde post-Trump…
« Paradise », son nouvel Ep, s’inscrit dans la lignée directe de ce dernier LP. On y retrouve ses critiques acerbes, qu’il focalise ici sur les gouvernements occidentaux et les grandes entreprises capitalistes. Le tout sous une forme assez brute, il faut le reconnaître… Anohni pointe la femme comme la seule capable de sauver le monde (NDR : ce qui explique les illustrations de la pochette) et, selon son avis, cloue au pilori la force masculine qu’il considère comme diabolique (« You Are My Enemy »)… L’écoute de ce « Paradise » n’est pas forcément plaisante ; ce n’est d’ailleurs probablement pas le but. Les plages sont très sombres, hantées par une âme soul (« Ricochet »), mais également et surtout collent bigrement à leur époque (« Jesus Will Kill You ») et bien loin du paradis auquel l’être humain aspire…