Deux décennies plus tôt, un certain Doc Gynéco, affabulateur des temps modernes, assénait dans une diction nonchalante très caractéristique, les bandes FM de compos osées comme « Viens voir le docteur » ou encore « Vanessa » (NDR : Paradis), titre au cours duquel il aimait raconter, et de manière à peine voilée, que la petite l’inspirait sous les draps. Doux euphémisme !
Sa « Première consultation », véritable torrent médiatique qui s’est déversé au milieu des nineties, a par ailleurs inspiré des dizaines d’artistes qui n’ont jamais vraiment rivalisé. Obsédé… textuel, est-ce là peut-être l’origine de son succès ?
La suite ? Des apparitions sporadiques sur les écrans télévisuels, des chroniques au côté de Marc Olivier Fogiel et une sympathie clairement affichée pour Sarkozy qui lui a valu son lot de critiques acerbes.
Quant au volet musical, l’homme n’a jamais plus rencontré un succès aussi inespéré qu’inattendu. Ses « Liaisons dangereuses » (dont un featuring avec un Tapie vindicatif à propos de l’OM) faisaient pâle figure tandis que son « Peace Maker » ne lui a accordé aucun soubresaut de survie.
Ce « 1000% » est sans doute l’album, si ce n’est celui de la rédemption, au moins de la renaissance. En tout cas, la concrétisation d’un besoin de se réinventer avec tact, intelligence et sobriété.
Enregistré au Sénégal, en Côte d’Ivoire (il n’oublie pas son pays adoptif sur « France »), cet opus nous permet de découvrir un Docteur aimant et joyeux. Et cette attitude lui va plutôt bien !
Il fait table rase des rimes rappées et corrosives de sa jeunesse, hormis l’une ou l’autre influence homéopathique, à l’instar de « Je suis ce que je dis ».
Le résultat est plutôt festif « Ca va aller ». Le temps où la morale facile et pas chère prévalait semble maintenant révolu.
Bruno Beausir est désormais plus apaisé et mature. En phase avec lui-même, « Ma fille » prend le temps de décrire (d’écrire) les événements et les hommes, tout simplement. Même si un brin d’introspection dans l’« Obscurité » est dispensé sur fond de nostalgie « Egoïste ».
Bref, en publiant cet LP, le Doc nous livre une prescription magistrale. Les uns s’en contenteront, les autres changeront de toubib…
Une chose est certaine, il s’y est investi à 1000%…