On ne présente plus Isobel Campbell... Ex membre fondatrice de "Belle & Sebastian", la sympathique petite demoiselle nous avait offert, il y a six mois, un album convaincant en duo avec le ténébreux Mark Lanegan (ex Screaming Trees et membre honoraire des Queens of the Stone Age). Mais là où "Ballad of the broken sea" s’aventurait dans les méandres d’une Amérique profonde et inquiétante, "Milkwhite Sheets", son nouvel opus, aurait plutôt tendance à nous emmener faire un tour du côté de la Forêt de Brocéliande… Une forêt certes moins poussiéreuse et suffocante que le désert où Miss Campbell nous avait laissés lors de notre dernière rencontre...
Mais si elle a troqué les bottes et chapeau contre une grande robe blanche et une couronne de gui, Isobel n’en reste pas moins dérangeante. La musique folk minimaliste qu’elle propose tout au long de ce disque est, en effet, claustrophobe et oppressante ; comme si la faune de cette futaie hostile n’attendait que le signal de la belle pour se repaître du pauvre auditeur égaré. Paradoxalement, ce sont les instrumentaux, richement orchestrés ("James", "Milkwhite Sheets", "Over the wheat and the barley"), qui offriront le plus d’espace et d’oxygène au pauvre hère perdu tant la voix de la dame des lieux se révèle envoûtante et vénéneuse... Telle une sirène arachnéenne, Isobel Campbell attirera dans sa toile quiconque se laissera tromper par son air faussement angélique. Et, une fois la proie ferrée, Dieu seul sait ce qui arrivera... L'écoute de titres tels que "O love is teasin’" ou "Loving Hannah" peut s'avérer terriblement dangereuse. On vous aura prévenu !