Mais que se passe-t-il au sein de la plus grosse machine anglaise (après Iron Maiden) d’authentique metal lourd ? Déjà, le nouveau logo sur l’artwork très réussi de « Nostradamus » interpelle et trahit un signe de changement radical. Responsable d’une mode vestimentaire dans l’univers du heavy metal, le combo se livre ici à l’exercice périlleux du concept album, une formule déjà maintes fois explorée. Une double plaque, vingt-trois titres, pour un total de près de 103 minutes de zique.
Mais à l’issue de l’écoute de cet opus aussi attendu qu’un Beaujolais nouveau, on en vient à se demander si le Priest ne cherche pas à saborder son navire. A moins qu’il ne tente de battre le record du monde du Cd le moins vendu de toute l’histoire du hard rock. Car les fans d’Halford et consorts ne se reconnaîtront jamais dans cette nouvelle livraison produite par la paire Tipton/Downing. Une erreur qui pourrait se révéler fatale. Le regard d’un producteur extérieur aurait peut-être permis au groupe d’embrasser de nouvelles perspectives, sans pour autant renier sa fabuleuse marque de fabrique.
Si la voix d’Halford demeure quasiment intacte, les nombreuses interventions de claviers –assurées par le brillant Don Airey– sont à ce point envahissantes qu’elles noient celles des autres musiciens. Pourtant, des titres comme « Prophecy » et le plutôt bien foutu « Revelations » présentent la meilleure facette de « Nostradamus » ; mais la suite proposée sur le premier skeud est loin d’être réjouissante. L’ambiance nécessaire à un tel sujet ne colle absolument pas, et le ‘grand prêtre’ perd sa crédibilité. Plutôt que d’inciter à headbanger furieusement, « War » et « Pestilence and Plague » provoquent bâillements et suscitent l’ennui.
La première rondelle s’achève, mais on est loin d’être au bout de ses surprises. On espère que Judas va enfin balancer la purée, comme à l’époque bénie de « Painkiller » ou de « British Steel ». Mais gare à la claque ! Il faut attendre la fin de la huitième plage, toutes d’une mollesse invraisemblable, pour se prendre en pleine poire deux morceaux indéniablement efficaces. Le choc ! Le titre maître et « Future of Mankind » marquent le retour des guitares acérées et d’un chant agressif, jusqu’à présent, beaucoup imité mais jamais égalé. Un réveil quelque peu mouvementé après ce long passage à vide…
Manifestement, « Nostradamus » aurait pu jouir d’un certain crédit s’il était paru sous la forme d’un projet parallèle. Ou encore, récolter une meilleure évaluation, si le combo s’était limité à sélectionner les meilleurs compos des deux plaques.
Trop ambitieux ou suicidaire ? « Nostradamus » restera pour longtemps, aux yeux des fans purs et durs, une erreur dans la carrière d’un des groupes les plus brillants de toute l’histoire du heavy metal. Néanmoins, nous conseillerons aux plus jeunes de ne rater leur prestation au Graspop Metal Meeting, sous aucun prétexte. Sur scène, Priest demeure une référence absolue !
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