On ne s’est toujours pas remis du coup de boule encaissé à l’écoute de « Talk Like Blood » que débarque « The days and nights of everything anywhere ». Tout a long de cet album, 31 Knots renforce un peu plus encore son statut de défricheur sonore, voire de ‘camoufleur’ de bonheur. Car, une chanson de 31 Knots, c’est toujours un tube en puissance. Mais un tube plombé d’assauts distordus, souvent salvateurs. Ici, la formation de Portland ne change pas ses habitudes, conservant toute sa rapidité, sa fluidité et sa virtuosité. Sur “Man Become Me”, les doigts de Joe Haege sprintent sur le manche de la six cordes telles les pattes d’une araignée engagée sur la finale olympique du 100 mètres. La bête tente d’établir les bases d’un nouveau record du monde. Et forcément, dans le stade, personne ne s’emmerde. Si les mélodies punk-pop de 31 Knots empruntent les chemins escarpés d'un prog-rock mathématique, on n'est pas loin d'un mauvais lancé de boulet à la Mars Volta. La musique de 31 Knots demeure d’une complexité déconcertante. Techniquement risquée, voire insensée, elle parvient pourtant à nous toucher de plein fouet. Radicalement. Comme un éclair, cet album vient nous foudroyer, sans même nous laisser le temps de respirer. 31 Knots est une collectivité d’aventuriers sans peur, des types déterminés à gratter loin, très loin. Quitte à percer l’exosphère pour mieux se perdre dans l’espace.