Dans le domaine de la musique, il n’est pas facile d’être le fils de Ian Dury. C’est aussi délicat que d’assumer la progéniture d’Eddy Merckx, aussi périlleux que de gagner cinq ‘Tours de France’ et cinq ‘Tours d’Italie’. La descendance de Ian Dury s’incarne sous la bouille de son biquet : Baxter Dury. Pour les mélomanes, le jeune homme ne chatouillera jamais la cheville de son maître de père. Comment pourrait-il écrire un hymne incantatoire du calibre de « Sex and Drugs and Rock and Roll » ? L’étiquette ‘fils de…’ collée sur le faciès, Baxter Dury s’était déjà défendu de toutes comparaisons en 2002 par l’entremise du singulier « Len Parrot’s Gift ». Aujourd’hui, l’artiste délivre un second effort : « Floor Show ». Soit neuf titres submergés de brouillard et de défonce : une nébuleuse effronterie. Baxter Dury ne doit souffrir d’aucune comparaison : il se tient fièrement dans son siècle. Songwriter mélancolique, improbable héritier de la morgue de Lou Reed, Baxter tourne le dos à ses détracteurs. L’écoute anesthésiante de « Cocaine Man » replonge irrémédiablement l’auditeur dans le coma d’ « I'm Waiting For The Man ». Le single « Lisa Said » sort de la masse narcotique et attend sagement son heure radiophonique. Et puis, il y a « Young Gods », chanson autobiographique, ‘overdosée’ de regrets et de souhaits, pétrie de légères notes de piano qui s’enfoncent doucement dans l’air comme la seringue dans la chair. « Francesca’s Party » ouvre le disque. Elle aurait tout aussi bien pu le clôturer. Terminer par une fête, c’est toujours agréable. Mais Baxter préfère la face sordide de l’existence. Il psalmodie « Dirty Water », fin plus sale, incisive et diaboliquement jouissive. Baxter Dury a choisi la perversion, la déchéance et la déliquescence comme thèmes de prédilection. C’est le « Floor Show » : l’enfer y est paradisiaque. Bienvenus à tous.