Huitième album pour Deerhoof. Vingt chansons, 56 minutes, une plombe d'effusions noisy qui tournoient dans des entrelacs de mélodies sucrées. Originaire de la baie de San Francisco, le trio présente des caractéristiques typiquement indie. Indépendante jusqu’à l’os, cette musique viscérale chavire dans un univers tortueux où les belles mélopées sautillent, pieds liés à des riffs solidement sanglés. Derrière le micro, le timbre de l’espiègle Satomi Matsuzaki apostrophe celui de Kazu Makino (Blonde Redhead). Les chevauchées délirantes de Deerhoof évoquent les élucubrations foldingues d’Erase Errata, sans oublier d’inviter l’héritage libertaire de Sonic Youth. Les chansons respirent d’inspirations, se chantent à tue-tête (« Wrong Time Capsule », « Twin Killers »). Goûtant ici (« Midnight Bicycle Mystery ») et là (« Bone-Dry ») aux joies de l’expérimentation, « The Runners Four » n’en demeure pas moins un disque abordable et mélodique. Et ce, même si les tympans dégustent sur « Scream Team ». Pour l’occasion, Deerhoof délivre son album le plus long. Ce ne sera pas le moins bon : en déplaise aux amateurs de courtes distances. Partout, des refrains catchy s’élèvent et galopent à la lisière de la folie électrique qui anime le trio. Dynamique au possible, toujours sur le qui-vive, rarement policé, le rock de Deerhoof suit une trajectoire parallèle, volontairement ignorée des ondes hertziennes.