Peut-on réellement s'attacher à Kelly De Martino ? C'est la question qui nous brûle les lèvres dès les premiers mots prononcés par l'intrigante jeune femme. ‘Please don't call me. Please don't love me, I'm not pretty’, supplie-t-elle de son timbre aérien. Le genre de déclaration à faire fuir des colonies d'homme en mal d'amour et de compassion. Pourtant, la carte de visite de Kelly De Martino a de quoi séduire. A l'écran, elle assure quelques répliques du côté d'Hollywood. Au quotidien, elle se voit styliste dans une petite boutique new-yorkaise. A Paris, elle rencontre Dominique Depret (Holden) et enregistre de jolies mélopées flanquées sur un mélange dépouillé de folk et de jazz. Et à chaque fois, ce sont de grandes réussites. Oui mais une fois seule, Kelly se perd dans ses tréfonds sentimentaux, ses récurrents conflits introspectifs. Sur "Bumblebees", par exemple, la belle déclare ses intentions : partir loin. Loin de son interlocuteur imaginaire, loin de cet angoissant amour. A cet instant précis, personne ne souhaiterait se trouver face à Kelly De Martino. Que cherche-t-elle? Du soutien? Une forme réconfortante d'isolation? D'un bout à l'autre de ce disque, Kelly De Martino semble trouver son inspiration au plus profond de ses peurs, de ses complexes et d'un évident manque de confiance. Radar est un album en forme de catharsis, un appareil de radiorepérage romantique. On peine toujours à croire que Kelly De Martino a le cœur brisé. Car nous, secrètement, on l'aime Kelly de Martino.