Chronique sans filet pour votre serviteur qui n’est pas très branché sur le métal. Mais bon, La Muerte, c’est quand même une référence dans le style, et pas seulement en Belgique. Son dernier album studio, « Raw », remonte à 1994. Un bail ! Bien sûr, le groupe n’a repris son parcours, qu’en 2014, publiant alors deux Eps dans la foulée. Soit « Murder Machine », en 2016, et « Headhunter » (avec Front 242), l'année suivante. Sans oublier le double live « Evil », en 2015 ! Eponyme, son nouvel opus marque fatalement le coup. Et il devrait ravir les amateurs du genre.
Bénéficiant de la masterisation d’Alain Doucher (Motörhead, Mastodon) et du mixage du spécialiste du black metal Déhà, le long playing est scindé en 10 morceaux particulièrement saignants. L’électronique est davantage présente, mais elle n’est vraiment distincte que sur le morceau d’entrée, « Crash baby crash », un titre déstructuré, au vocal vindicatif, qui traite aussi bien de sexe que de religion… entre autres. Un morceau idéal pour clôturer un concert, soit dit en passant. Mais plusieurs pistes semblent hantées par les Young Gods. Le dévastateur « LSD for the holy man », par exemple. Enigmatique, lancinant, morbide même, « Suis-je un animal ? » en est un autre exemple. Chanté dans la langue de Molière, il plonge le mélomane dans un univers angoissant et hostile. On pourrait encore citer le climatique « Welcome tomorrow » ainsi que le métronomique, obsessionnel, presque tribal « Darkened dreams », même si ces deux titres adoptent des profils davantage indus. Echevelé, « I was a wreck » est sculpté dans le punk. Tout comme l’excellent titre final « She did it for lust », une plage qui lorgne manifestement vers les Stooges originels, même si en milieu de parcours, on a l’impression que le spectre d’Alice Cooper vient brouiller les pistes. Bien construit, « Gun in my hand » tisse un fil mélodique au sein d’un univers plutôt sauvage et qui sent la poudre. Tout comme « King Kong / Godzilla », au cours duquel des cordes tintinnabulantes voire chatoyantes viennent perturber… les plus violentes. Ou l’inverse ! Enfin les riffs de gratte découpent méthodiquement « Lost » dans le thrash metal, suivant une technique instituée par Metallica…