Yo La Tengo a intitulé son 15ème opus, “There's a Riot Goin' On”, soit le même titre que celui choisi par Sly & The Family Stone, en 1971. La musique est bien sûre bien différente, entre les deux groupes, nés à des époques différentes, mais le message politique est aussi revendicatif. En fait, les lyrics traitent de l’inquiétude existentielle, née de l’insécurité provoquée, notamment, par Donald Trump, dans leur pays. Mais le plus paradoxal, c’est que le nouvel elpee est sans doute le plus contemplatif et probablement le plus expérimental, concocté par le trio de Hoboken (NDR : c’est dans le New Jersey), depuis ses débuts. Il lui a quand même fallu trois longues années pour le réaliser.
Les 15 plages de cet album baignent au sein d’un climat atmosphérique hanté par des harmonies vocales éthérées et alimenté par une expression sonore qui oscille entre psychédélisme et électro, en passant par le folk, la bossa nova, l’ambient, le jazz et même la lounge. Tour à tour, on pense à Damon & Naomi, Syd Barrett, Ducktails, le Floyd circa « Meddle », Robert Wyatt et même Brian Eno. Il y a même un peu de doo-wop sur « Forever », une compo dont la ligne de basse passe en boucle. Sans quoi, si le mélomane lambda épinglera surtout les pistes psyché/folk (« She may, she might », « Dream dream away ») ainsi que les deux compos les plus accessibles (le très sixties « Shades of blue » et le power/pop « For you too »), il faut reconnaître qu’il faut vraiment avoir l’esprit totalement serein pour se laisser emporter par ces longs développements instrumentaux ondulatoires et brumeux, souvent propices à la méditation, à l’instar du particulièrement mélodieux « You are here », un morceau contaminé par le drone flou et hypnotique… mais lorsqu’on y parvient, on a envie d’y rester…
En concert ce 16 février à l’Aéronef de Lille (réservations ici)