« Office politics » constitue le douzième elpee de The Divine Comedy, un album concept qui fustige l’absurdité du travail bureaucratique, ses privilèges et surtout, nos dérives technologiques. Une critique de notre société que Neil Hannon dépeint avec un sens de l’humour noir et ‘so british’ qui le caractérise.
Le long playing nous réserve 16 plages, dont certaines trempent carrément dans l’électro. A l’instar du kraftwerkien « Psychological evaluation », au cours duquel on assiste à un dialogue entre l’artiste et la machine. Et encore tout au long du synthétique « The synthesiser service centre super summer sale », un morceau truffé de bidouillages. Probablement la plage la plus faible de l’opus.
Le funk s’est invité sur cet LP. Et tout d’abord sur le titre maître. Presque hip hop, le flow est comparable à celui immortalisé par Beck sur “I'm a Loser Baby (So Why Don't You Kill Me)”, alors que les cuivres lorgnent carrément vers A Certain Ratio. Un funk plus insidieux qui contamine « The life and soul of the party”, un morceau dont le riff de gratte rappelle celui de David Gilmour sur « Another brick in the wall ».
Et puis aussi des chœurs. Pas tout à fait une surprise lorsque Hannon en revient à la pop orchestrale et baroque, comme sur l’incantatoire « Dark days are here again », dont ces chœurs masculins mystiques semblent prophétiser la fin du monde. Également sur le mélancolique « After the lord mayor’s show ». Ou encore le final « When the working day is done », une plage emphatique, cinématique, complexe, abordée dans l’esprit de Burt Bacharach voire John Barry. Plus original, « Philip and Steve’s furniture removal company », semble rendre hommage à Philip Glass et Steve Reich, mais se focalise sur les harmonies vocales en couches, un peu comme chez Animal Collective, avant de s’enrichir, progressivement, de différents instruments et bien sûr de chœurs. Et lors de la ritournelle « Opportunity knox », ces chœurs nourrissent une fin de parcours lancée au galop.
L’opus nous réserve d’autres surprises. Comme ce « You’ll never work in this town again”, dont le swing nous replonge dans le jazz des années 30. Mais aussi « Infernal machine », un morceau entraînant qui agrège glam et garage (cet orgue vintage !) tout en incorporant des bruitages psychédéliques. Et si l’emphatique et tendre « A feather in your cap » est hanté par le spectre de New Musik, le sombre, dramatique et opératique « I’m a stranger here » l’est plutôt par Sergueï Prokofiev, surtout lorsque le hautbois se manifeste, et malgré un épilogue plutôt guinguette, pour ne pas dire cabaret. Et on en oublierait presque le morceau d’ouverture, « Queujumper ». Contagieux, allègre, exotique, il est coloré de tonalités produites par le marimba.