Ce vétéran est originaire de la Caroline, au sud des Etats-Unis. Son enfance a été bercée par les sonorités du blues et du rock'n'roll ; ce qui explique pourquoi il a baptisé son style de ‘Rhythm'n'Roll’. Très jeune, il a accompagné le légendaire Arthur ‘Big Boy’ Crudup, jusqu’à son décès en 1974. Ce dernier avait notamment composé "That's alright mama", le tout premier hit d'Elvis Presley. Il y a 35 ans, Bill s’était établi en Floride. Il y vivait sur un bateau du côté de Key West. On le perd de vue pendant un quart de siècle jusqu’à ce que Ian Shaw, un producteur anglais, vienne le relancer. Blue refait donc surface en 2013, en publiant l’album "Mojolation". Sept ans plus tard, il nous rappelle à son bon souvenir, en gravant "The King of Crazy Town", un disque pour lequel Ian Shaw se charge encore de la mise en forme. Lors des sessions, il a reçu le concours de toute une flopée de potes, dont Matt Becker, un guitariste originaire de la Nouvelle Orléans mais établi à Londres.
Bien rythmé, "Do what I do don't do what I say" entame l’opus, un morceau dominé par les interventions de Bill à la slide et de Matt à la six cordes. La voix de Bill est poisseuse, mais colle parfaitement à la musique. "You ain't fun anymore" adopte un profil semblable. Sa voix lacère littéralement "Carolina time", une plage à la fois nerveuse et hypnotique. Bobby Devito (NDR : dans le passé, il a bossé pour le bluesman texan Sherman Robertson) brille à la gratte. Mr Blue force ses capacités vocales face à la section de cuivres Funky in the Middle Horns, tout au long du rock’n’roll saignant "I want it all".
Le long playing nous réserve également des pistes plus roots. A l’instar d’"Everybody's leaving town", au cours duquel la voix de Blue semble agoniser sous les coups de boutoir exécutés par la Résonator aux cordes réverbérées et l'harmo de Backer. Puis d’"Enough blues to give you the blues", un morceau qui baigne au sein d’un climat cool bien sudiste. Boogie qui aurait pu figurer au répertoire de John Lee Hooker, "Hunker down" évoque les ouragans qui touchent la Floride en septembre. "Indianola" rend un hommage poignant au défunt roi du blues, BB King. Les cordes sont chargées de reverb alors que les chœurs sont très proches du gospel. Enfin, "Mojolation" synthétise parfaitement ce long playing à la production irréprochable…