46 ans plus tard, Neil Young exhume un album qu’il avait décidé de ne pas sortir, suite à sa rupture avec feue l’actrice Carrie Sondgress, la mère de son fils Zeke. Enregistré entre juin 1974 et janvier 1975, soit entre « On the beach » et « Tonight’s the night », il est considéré, par l’artiste lui-même, comme le chaînon manquant entre « Harvest » (1972) et « Comes a time » (1978). Donc il privilégie la forme acoustique. Enfin, pas seulement, puisque si, en général, les compos mettent en exergue ce type d’instrumentation (sèche, banjo, piano, contrebasse, harmo, etc.), sans oublier la voix de Neil et les backing vocaux (NDR : assurés sur deux pistes, par Emmylou Harris), elles concèdent circonstanciellement une part d’électricité. De la pedal steel (Ben Keith), ce qui semble logique, mais également de la basse (Tim Drummond), des drums (Levon Helm) et de la guitare électrique. Dispensée parcimonieusement, sauf sur « Vacancy », dont l’intensité caustique et les harmonies vocales spécifiques rappellent les meilleurs moments du Crazy Horse, et dans une moindre mesure le blues déglingué « We don’t smoke it no more », dont le groove est tramé sur un piano boogie. Et puis il y a « Florida », un morceau bizarre, au cours duquel on entend un monologue un peu barré divaguer sur des larsens de guitare.
Sept plages sur les douze qui figurent sur cet LP n’étaient jamais officiellement sorties. Mais elles avaient déjà soit été interprétées en ‘live’, soit figuré sur l’un ou l’autre opus, sous des versions différentes. On épinglera quand même « White line », une chanson que Neil avait enregistrée en Angleterre, en compagnie de Robbie Robertson, le guitariste de The Band.
Toutes les compos ont été remasterisées et tiennent parfaitement la route, même si certaines peuvent parfois paraître un peu datées.