Thelonious Monster a donc connu trois vies ; soit de 1983 à 1994, de 2004 à 2011 et depuis 2019. Cependant son dernier long playing, « California Clam Chowder » (NDR : un LP sur lequel Josh Klinghoffer, le futur gratteur de Red Hot Chili Peppers –il y restera de 2009 à 2019, avant le retour de John Frusciante– s’était particulièrement illustré) remonte à 2004. Soit 16 longues années sans enregistrer de disque ! Ce qui explique sans doute, pourquoi, « Oh that monster » ne constitue que son 6ème album !
Le line up du sextuor implique toujours trois des membres fondateurs, soit le chanteur Bob Forrest, le drummer Pete Weiss et l’un des trois guitaristes, Dix Denney.
La formation californienne a décidé de sortir cet opus, le jour des élections américaines. Et ce n’est pas un hasard, quand on connaît les opinions socio-politiques de Forrest, des opinions qu’il traduit dans ses lyrics. A l’instar de « Buy another gun », une compo qui soulève le problème de l’insécurité dans les écoles, consécutive à la vente libre des armes aux States. Une plage dont la mélodie évoque Suede, alors qu’une jolie combinaison de grattes rappelle… Thin Lizzy. L’elpee s’ouvre par « Disappear », un punk rock enlevé aux guitares menaçantes, que chante Bob d’une voix glapissante. L’ombre de Dead Kennedys n’est pas loin… Power pop, « Falling behind », aurait pu figurer au répertoire des Cars (ces clappements de mains !), même si les petites touches de claviers sont rognées à la manière de Garth Hudson, le claviériste du Band de Dylan. « Trouble » bénéficie d’arrangements orchestraux ‘beatlenesques’ (« I’m the walrus ?) dans les refrains. Luxuriant « Elijah » se distingue par un brillant entrelacement entre cordes acoustiques et électriques. Des cordes semi-acoustiques élégantes, ensoleillées qui illuminent « Day after day ». « La Divorce » est sculpté dans un funk réminiscent de Bowie. Imprimé sur un drumming échevelé, « Teenage wasteland » véhicule des accents cuivrés, tout en réverbérant des échos mélancoliques (Undertones ?). Des accents qu’on retrouve sur « Sixteen angels », une piste au cours de laquelle le saxophone énigmatique vire au free jazz, dans l’esprit d’un Mel Collins (King Crismon), alors que ténébreuse, la ligne de basse adopte progressivement des accords syncopés. Une plage qui frappe à la porte de la prog ! Et l’album de s’achever par le psycho/country « The faraway », un morceau qui à mi-parcours, nous entraîne dans un monde visionnaire…
Un retour réussi !