Disparu de la circulation ou de la distribution depuis plus ou moins une décennie, Madness ne s’est jamais vraiment laissé enterrer. Si certains d’entre vous n’ont pas connu la fièvre d’un « One Step Beyond », « Night Boat to Cairo » ou « Baggy Trousers », ils sont à plaindre. Ces morceaux issus de la période bénie du combo anglais, magnifiaient leur musique qui se situait dans la tranche Two-Tone du mouvement ska. A cette période, les boneheads grouillaient à Londres tandis que Graham ‘Suggs’ McPherson et sa bande enfilait le Fred Perry ou la Ben Sherman tout en brandissant le fanion de la fête à outrance et de la tolérance.
Les potaches du ska sont donc de retour, prêt à ranimer la flamme de leur prestigieux passé. Le titre du nouvel opus est évocateur : « The Liberty Of Norton Folgate ». Malheureusement, ce passé semble bien loin ; d’ailleurs Suggs et ses comparses ont beau se démener comme de beaux diables, ils n’arrivent plus vraiment à faire décoller l’ambiance. Pourtant, dès les premiers accords, on reconnait immédiatement la patte du groupe. Cette même atmosphère british à l’heure du thé. Ces effluves de pub. Des symboles indécrottables. La sensation de fierté d’appartenir à la capitale anglaise est flagrante, au point de dédier un album complet à Norton Folgate, quartier de l’ancien Londres qui se consacrait aux arts, et disparu depuis lors. Tout les ingrédients, qui ont fait leurs succès sont présents. Mais trop ronflant et trop commercial, « The Liberty of Norton Folgate » perd au fur et à mesure des plages, de sa superbe. Heureusement, les arrangements sont toujours bien léchés, ce qui évite le ‘gamelage’ puissant, pleine face. Les cuivres, toujours rutilants, croisent les cordes de basses et de piano où vient se poser la voix de McPherson. Ce dernier n’a absolument rien perdu de son timbre, et dès les premières paroles on replonge dans les souvenirs. C’est un petit pincement au cœur, que l’on s’enfile les 15 plages, en espérant inconsciemment, une lueur. Une montée de fièvre ! Malheureusement, l’étincelle est bien faible pour faire démarrer le moteur, et c’est un peu tristounet que l’on range la galette sur l’étagère après une heure d’écoute. Madness a beau incarner le symbole d’une génération, sa musique à pris un sacré coup de vieux…