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Akim Serar

Akim Serar

mercredi, 25 novembre 2015 00:00

Entre noir et blanc…

L’amer de toute dualité produit des reflets d’argent.
Contrastes délicats et subtils qui s’étendent entre les lignes, entre chaque grain de sable parcourant l’infinie étendue entre le noir et le blanc.
Noir / Blanc
Amour / Haine
Yin / Yang
Métamorphosé, Josh T Pearson incarne à présent un cow-boy blanc, du haut de son Stetson jusqu’à la pointe des Santiags ; ce qui contraste efficacement avec l’image imprimée au revers de nos mémoires.
Transformé, sauvé, exhumé de la fosse au chagrin, l’homme écorché s’est relevé, s’est révélé.
Il ne reste plus de sa longue barbe de misère qu’une élégante toison brillante et entretenue, et sous son couvre-chef, une coiffure soignée.
Revenu de l’enfer et sans guère d’actualité à défendre, l’ex-Lift To Experience a repris la route, la guitare à la main. Mais accompagné, pour la circonstance.

Dans une amusante mise en scène évangélique, le cow-boy blanc parcourt quelques salles d’Europe triées sur le volet, flanqué de son acolyte, le cow-boy noir, sorte de reflet d’un miroir discerné en léger différé.

Lui, c’est Calvin Lebaron.

Plus qu’une copie de Pearson, il en est l’héritier naturel.

Un registre vocal plus large, certes, mais coincé dans un corps chétif, qui correspond parfaitement à ses chansons.

Un troubadour, seul sur les planches, en ouverture d’une soirée qui s’annonce des plus tristounettes.

Car, craignant sans doute davantage un accès de pathos qu’un déferlement barbare, le public liégeois se montre frileux, et ne se présente pas en nombre (c’est le moins qu’on puisse dire).

Éparpillée par grappes dans un Reflektor qui n’a jamais paru aussi grand, l’assistance se fait discrète par respect, mais aussi peut-être parce qu’elle n’a pas le choix…

Calvin Lebaron égrène alors ses chansons, tel un chapelet, essayant tant bien que mal de ne pas perdre son maigre auditoire, pour qui toute tentative de fuite discrète serait de toute façon vouée à l’échec.

Du haut du balcon, grand Stetson blanc observe son ouaille en toute bienveillance.

Puis le cow-boy noir disparaît dans l’ombre, laissant la place de choix à son mentor.

Difficile de le blâmer tout de même pour ce set confinant à l’ennui.

La vraie déception viendra donc quelque part de Josh lui-même.

Même si au final, il ne sera question que de rédemption.

Car au delà de la transformation physique qui signe un renouveau mais ne masque pas toutes les cicatrices, la vérité, c’est que notre cow-boy n’a plus rien à dire depuis 2011.

La raison ?

« Last Of The Country Gentlemen », un album merveilleux de chagrin, une catharsis lumineuse et plombée de tristesse, est malheureusement appelé à ne pas avoir de lendemain.

Un opus sobre et pourtant étonnamment riche. Où tout est dit. Une somme, une bible.

Donc, depuis, plus rien, si ce n’est un live et quelques bizarreries, tels ces chants de Noël repris pour un CD bonus accompagnant cet elpee dont il est question.

Et c’est justement dans ce registre que Josh décide de planter sa croix.

Calvin Lebaron, qui semble tout aussi attiré par le répertoire pastoral, soutient Pearson, fils de pasteur, pour la petite histoire, et ensemble, ils entament en c(h)oeur un petit cantique désabusé.

Le risque est énorme, mais on pressent que le Texan désire n’en faire qu’à sa tête.

De fait, il annonce le programme de la soirée : old songs en solo et reprises en duo.

Tel sera le menu festif.

Par reprises, on espère alors avoir droit à « Enjoy The Silence » de Depeche Mode ou encore le « Rivers Of Babylon » de Boney M, titre généralement accouplé à l’une ou l’autre de ses chansons.

Las !

Vêtus de fringues évangélistes (des panneaux de carton enfonçant le clou dans la veine de cette blague spirituelle) et sous le patronyme de Two Witnesses, le duo Pearson-Lebaron s’offre les plus grands succès de la Thanksgiving.

Forcément pas passionnant.

La beauté viendra néanmoins, mais il faudra être patient.

Car si notre homme semble aller mieux, l’immersion dans le passé entraîne toujours la même émotion excavée du creux de sa gorge. Et c’est ce que votre serviteur est venu chercher.

Mais puisque le set joue la carte de la dualité lumière/obscurité, il est nécessaire de faire fi de ses appréhensions de païens.

Vient alors le moment du diptyque « Woman, When I’ve raised Hell » / « Sweetheart, I Ain’T Your Christ ». Un exercice périlleux exécuté comme un rituel, dévotement. Et qui requiert toute l’attention.

Quelques instants plus tard, Josh s’arrête au milieu d’une chanson.

Poliment d’abord, il demande à deux spectateurs de cesser leur babillage.

Pour inaudible que soit leur conversation, c’est leur attitude qu’il semble condamner.

Encouragé par les applaudissements du public, toujours prompt à se ranger derrière l’avis de l’artiste, une once d’agacement vient rapidement se glisser dans les rouages de la confiance et le cow-boy blanc de se montrer étonnamment véhément.

La vérité apparaît en filigrane sur le visage à la barbe nette, sous les traits d’une ombre qui s’abat sur les épaules de notre cow-boy.

Pour reprendre le contrôle, il tourne alors le dos à la foule. L’agacement et la nervosité se devinent, mais en s’appliquant, il revient à « Sorry With A Song », ce qui pour le coup, paraît un amusant hasard…

Le fil était à deux doigts de se rompre, il n’en sera rien.

Puis, quelques instants plus tard, vient l’instant de grâce. Celui qui fait la différence. Celui qui imprime sa marque majestueuse et subtile pour longtemps.

Une chanson exceptionnelle de tragédie, extraite, exhumée des fonds de tiroir ; et qui en elle seule, recèle la genèse de « Last of The Country Gentlemen ».

Celle qui raconte tout ou en partie ; celle qui met à nu son auteur, celle-là même, impudique, cruelle, déchirante, dévastatrice qui ne figure nulle part et dont on n’a pas de trace.

Une chanson rarement interprétée, car émotionnellement difficile à appréhender, laissant, de l’avis même de Josh, trop de sanglots dans la voix.

Et si cette fois il ne pleure pas, on sent néanmoins toute la souffrance vécue quand il évoque cet enfant perdu, cette vie dissolue.

La suite ne sera qu’anecdotique.

Encore des chants de culs bénis et des chansons de grand-mères, qui pour divertissantes, démontrent que Josh T Pearson n’écrira sans doute jamais une suite à « Last Of… »

Toute la douleur de son âme déchirée y est confinée, et c’est là que vous y trouverez l’essence de son œuvre.

La soirée s’achèvera au bar, où cow-boy blanc fera une furtive apparition, pour communier avec ceux qui le désirent.

Avant de s’en aller fêter la Thanksgiving sur la route ou dans son Texas natal. 

(Organisation : Les Ardentes)

 

 

 

mercredi, 16 septembre 2015 18:05

S/T

La beauté secrète d’une narration abstraite réside dans le niveau de perception de chacun mais aussi selon l’humeur du moment.

Tenez donc compte de ces paramètres avant de plonger tête première dans cette œuvre.

Assemblant leurs visions en un jeu de miroirs auditifs, Jean DL et Sandrine Verstraete dessinent un labyrinthe majestueux où les trompe l’oreille se détachent sur des surfaces mutantes aux aspects confondus.

Alors que s’impriment et se juxtaposent les premières images paresseuses, translucides comme un rêve, au revers de l’imagination, l’aiguille caresse et rebondit au creux de ce sillon, qui lentement s’insinue au cœur de l’audition.

Attentive aux détails et bercée par ces ambiances fantomatiques, la bande son construit peu à peu le film dans lequel tour à tour, on se débat, se dissout ou continue de naviguer.

Car le travail dont il est question ici ne s’appréhende pas distraitement.

S’il est question de poésie, celle-ci est opaque, rêche, volontairement dérangeante.

Comme du Baudelaire sous acide ou du Poe distillé au travers de multiples parasites.

Les contours sont évanescents, comme autant de flous gaussiens dans un univers urbain hanté.

Le résultat est forcément hors norme et répond aux propres codes du couple, au-delà du duo.

Lui, préposé à la guitare, préoccupé par la capture de fragments d’échos sur un mur ondoyant ; elle, peignant l’imaginaire sur de vielles bandes magnétiques passées, repassées, trépassées, dans des lecteurs d’une autre époque, renvoyant à d’autres mondes.

Soulignons aussi la photographie de l’artiste belge Dirk Braeckman qui, pour illustrer ce très bel objet, fige un instantané de cet univers cinématographique solitaire.

L’écoute de « S/T » doit être exempte de toute contrainte quotidienne.

Affranchie de l’enveloppe du temps, détachée du présent.

Exaltant!

 

vendredi, 14 août 2015 01:00

Et Paon dans ta gueule !

Le ciel bleu avale le vent au-dessus de la coupe des sapins.
L’air est agréable, l’humeur est à la détente.
De parfaites conditions pour apprécier pleinement les prestations quelque peu insolites, mais fichtrement sympathiques de deux groupes observés dans notre rétroviseur depuis quelque temps. Ils doivent s’installer, en cette fin de journée, dans le jardin.
Un jardin vaste qui se prête au jeu avec bienveillance.
Tout heureux d’accueillir dans le plus grand secret deux belles bêtes de notre catalogue national.
Sauf que l’une d’elle manque lâchement à l’appel.
Sans pour autant tirer de Paon sur la comète, on estimait que cette double affiche avait de la gueule.
Le concept original offert par le label 62 TV, fêtant ses vingt ans de bien jolie manière, proposait donc aujourd’hui les concerts de deux de ses petits protégés dans le parc des oliviers
(un seul en vérité, mais le meilleur).

Suite au désistement du premier combo (NDR : nous ne le citerons pas, mais votre attention subtile ne manquera certainement pas de le repérer à travers les lignes précédentes), il revenait donc à Alpha Whale l’honneur d’ouvrir et fermer le bal.

Après avoir traversé tout le pays pour se prêter au jeu –le plus naturellement possible et avec conviction– nos Ostendais entament leur show sous une tonnelle dressée tout spécialement pour l’occasion ; et elle va très vite démontrer son utilité, alors que soudainement le ciel s’assombrit.

Émanant du lointain d’une reverb poussée à l’extrême, les voix nous parviennent, surfant sur les motifs ensoleillés de guitares diluées dans un écho spatial reproduisant ce son caractéristique d’une Pop Psyché teintée d’Allah Las, alors que le phrasé débonnaire et nonchalant rappelle The Growlers dans toute sa superbe.

L’eau commence cependant à s’immiscer de toutes parts en dessous de ce chapiteau improvisé tandis que des trombes s’abattent tout autour, sans perturber outre mesure le groupe, qui relève pourtant la tête à intervalles réguliers pour s’assurer que l’orage ne va pas nous submerger.

Au contraire, puisque c’est bien leur set qui aura le dernier mot et emportera l’enthousiasme d’un public majoritairement étranger à ce type de musique.

Pour clôturer ce petit spectacle, une dernière petite surprise attend les invités, puisque sous l’insistance d’applaudissements nourris, le band se reforme petit à petit autour de The Glücks qui l’accompagnait ce soir.

Une petite ‘Jam’ diablement efficace qui donne envie de suivre à la trace ce duo dans les toutes prochaines semaines, sans perdre de vue bien sûr, Alpha Whale, qui ce soir, nous a prouvé qu’on pouvait compter sur lui (NDR : et nous ne pourrons Paon en dire autant de l’autre formation dont je tairai décidément le nom jusqu’au bout).

(Organisation : 62TV / Givroulle boulettes)

 

samedi, 18 juillet 2015 01:00

Rock Herk : samedi 18 juillet 2015

Deuxième journée, toujours placée sous le signe de la détente, passée au milieu des champs limbourgeois.
Bonne humeur et convivialité se roulant des pelles dans l’herbe brûlée par le soleil, le public prend son temps avant d’envahir les lieux.
Place aux nostalgiques de tout poil pour une nuit calée sur les années 90.

Le public est encore maigre quand Eagulls, premier nom d’envergure à l’affiche, prend possession du podium.

Issus de Leeds, ces musicos vont offrir un set rugueux et âpre, à l’image de leur premier album éponyme.

Un rien linéaire, mais suffisamment intense que pour tenir en éveil notre curiosité.

Si les évidents rapprochement avec le Post Punk de Killing Joke, mâtinés de Cold Wave épi(Cure)ienne se distinguent clairement dès les premières notes, l’ensemble, sans réellement être transcendant, propose tout de même un aperçu du potentiel de ces jeunes, maternés à la discographie de leurs aînés.

Sur les planches, le groupe peine à se créer une identité (ou alors il en manque cruellement), mais la rage poisseuse des compositions exécutées le plus sérieusement du monde compense largement cette carence.

Un moment, certes pas renversant, mais bien agréable, tout de même.

S’il m’est difficile de m’étendre sur Meuris, dont le patronyme évoque en mon for intérieur de brèves mais intenses visions sexuelles (sic !), c’est qu’il s’agit principalement d’une attraction locale.

J’entends par là une formation dont l’impact est très limité puisque le chant est exclusivement décliné en néerlandais.

Glorieux représentant d’un Rock Flamand aux accents anglophones, Stijn Meuris (ex-Noordkaap) affiche fièrement son amour de la langue maternelle et défend valeureusement son identité culturelle.

Provoquant l’engouement d’un public réceptif et connaisseur.

Ce que, bien sûr, je ne suis pas.

Par contre, je pourrais m’étendre longuement sur le cas Slowdive dont la dissolution éthérée remonte à 1995.

Le retour à l’avant-plan du combo de Reading, non pas majeur, mais qui a eu une influence certaine sur le mouvement Shoegaze –dont il est l’essence même– est de nature à me réjouir, mais également les aficionados –anciens et nouveaux– de plus en plus nombreux et même les membres du groupe, heureux de renouer avec leurs chansons phares. 

Slowdive a donc repris du service, il y a un an et demi.

Culte, le band n’a donc plus aucune raison de bouder son plaisir, ni le nôtre.

Actuellement occupé d’enregistrer un nouvel album, il réserve donc exclusivement aux concerts, les moments forts de sa discographie passée.

Loin de réunir des virtuoses, Slowdive est avant tout UN SON.

Mais quel son !

Vaporeux et puissant, il a le don d’emmener dans son sillage les voix pourtant communes de Rachel Goswell et Neil Halstead.

Ainsi, le set de ce samedi démarre dans les vapeurs de leur morceau éponyme, paru sous la forme d’un Ep trois titres, en 1990.

Comme un trait de lumière fendant la brume épaisse et se taillant un chemin au milieu de hautes vagues, images tellement ancrées dans l’imaginaire Shoegaze.

Car si l’on peut se référer à ces visions naturalistes, pour dresser un semblant de portrait de la musique de Slowdive, il est avant tout question de ressenti.

L’attitude scénique conférant souvent dans le genre au mutisme, on se réjouit des quelques échanges gênés et polis que les deux figures de proue adressent à leur public.

Mais au travers de cette façade floue comme une bruine colorée, se devinent les explosions et les chuchotements de « Just For A Day » et « Souvlaki ».

« Pygmalion » ne se prêtant guère au live, ne reste de ce troisième et ultime opus (à ce jour) que « Crazy For You », du reste, le morceau le plus faible du set.

Après un départ raté, « She Calls » entame enfin la dernière ligne droite d’un concert où, depuis les premiers rangs, la communion entre le combo et ses fans devient palpable.

Au moment où, à peine soutenue par quelques notes éparses, la voix de Rachel prend la mesure du « Golden Hair » de Syd Barrett, les souffles se contiennent dans les poitrines et les poils se dressent sur les épidermes.

Quelques minutes plus tard, une dernière vague emporte tout sur son passage.

Laissant flotter ci et là, des sourires béats.

Pas de rappel, festival oblige, mais un rendez-vous pris pour demain avec ce groupe d’hier, mais toujours bien d’actualité.

La suite promet d’être plus musclée, puisque d’autres vétérans (de la même époque) prennent le relais.

Car Helmet n’est pas réputé pour faire dans la dentelle.

Si son leader, Page Hamilton a étudié le Jazz dans sa jeunesse, ses aspirations musicales ont vite pris une tournure moins cérébrale.

Directes et abrasives, les compositions du band new-yorkais se sont rapidement démarquées dans le paysage du début des nineties.

Un peu à l’image de Tool, il suscite alors l’intérêt des amateurs de son lourd et puissant, mais attire également l’attention d’un public plus mélomane.

Le show de ce soir reflète d’ailleurs parfaitement la dualité inhérente à Helmet. Bien que curieux, je prends néanmoins vite quelques distances. Et pour cause, la chape de plomb versée inlassablement par cette machine à riffs a irrémédiablement raison de ma patience.

Profitant nettement mieux des événements depuis l’extérieur du chapiteau, mon attention finit logiquement par s’échapper ; et ne distingue bientôt plus qu’un grondement sourd et lointain.

Car si ce n’est Helmet, c’est donc l’orage !

Organisation : Rock Herk

(Voir aussi notre section photos ici)

 

vendredi, 17 juillet 2015 01:00

Rock Herk 2015 : vendredi 17 juillet

Situé à quelques encablures de Hasselt, dans le Limbourg, la ville de Herk –qui compte 275 habitants au kilomètre carré– accueille les amateurs de musique, au cours de l’été, depuis 1983.
Pour ma part, ma première expérience date de 93, année où s’étaient alors produit Therapy ?, Senseless Things , The Afghan Whigs et encore Pond pour… pas un rond.
Et le tout dans une ambiance détendue et aux proportions idéales pour jouir pleinement de cette fête annuelle.
Ne dérogeant pas à sa règle initiale, Rock Herk nous offre donc en parallèle, du lourd (une scène réservée au Hardcore et aux styles disons musclés) et de l’éclectique (une scène destinée aux autres genres musicaux).
Ainsi, pour un prix absolument modique, il vous est toujours permis de venir faire la fête dans cette charmante entité et surtout de profiter d’une programmation, au demeurant modeste, mais chaque année pertinente.
Si le festival est resté gratuit de nombreuses années, les organisateurs ont dû revoir leur politique il y a peu, sous peine de devoir disparaître.

Si l’affiche de ce vendredi fait figure d’amuse-gueule, quelques artistes intéressants sont à épingler.

BRNS, présent presque partout, figure fort tôt dans la grille de programmation.

Une heure apéritive qui ne change pas d’un iota les ambitions du groupe de secouer le cocotier.

Du moins, je le présume, puisque je suis arrivé après leur set…

Mais habitué à leur excellence, j’imagine mal comment il pourrait en avoir été autrement.

C’est donc par Baths que j’entame cette nouvelle édition.

Plongeant dans le bain (certains jeux de mots faciles sont difficilement contournables), je découvre le duo de Los Angeles pour la première fois en ‘live’.

Si Will Wiesenfeld en est la tête pensante et le géniteur, le projet peut compter sur les interventions de Morgan Greenwood, se consacrant aux divers bidouillages.

Fort de deux excellents albums (« Cerulean » et « Obsidian », parus respectivement en 2010 et 2013, sur le label Anticon), Baths a la délicate tâche de reconstituer le raffinement de ses titres vaporeux dans un esprit dynamique sans trahir le propos.

Et c’est là que le bât va blesser.

Entamant le concert face à un parterre distrait d’une dizaine de personnes, le duo s’emmêle rapidement les pinceaux. Bref, il est brouillon.

Si heureusement, une centaine de curieux se joignent rapidement au maigre auditoire, il finit car complètement louper sa prestation (NDR : Will s’en excuse d’ailleurs, en affichant un sourire gêné).

Trop d’effets, de sonorités maladroitement incontrôlées et d’approximations au bout du compte.

Misant beaucoup sur sa voix au timbre clair distillée dans des échos spatiaux, modulés par un synthétiseur Roland, Will apporte la part vivante du spectacle, mais, trop occupé à jongler entre ses différents instruments, il semble quelque peu débordé.

Si le concert n’est pas aussi catastrophique que ces dernières lignes peuvent le laisser supposer, il n’en reste pas moins que la prestation de Baths a déçu.

Si auparavant, Napoleon avait battu campagne sur le second podium, c’est au tour de Non Turning Back d’agiter le deuxième chapiteau, pendant que les préparatifs s’activent sous le premier.

Une houle menaçante roule comme un rouleau compresseur ; ce qui, sans surprise, m’incite à prendre mes distances.

Blood Red Shoes envahit donc les planches sur le coup de vingt et une heure quarante.

Une invasion qui pourrait sembler mince si l’on considère que le groupe consiste en un joli minois (celui de Laura-Mary Carter préposée à la guitare) et une frêle silhouette (celle de Steven Ansell derrière les fûts).

Un duo qui a tôt fait de faire voler en éclats les hypothétiques préjugés.

Énergique et rageur, la paire de Brighton occupe parfaitement l’espace et maîtrise son sujet.

Si les compositions ne se démarquent pas vraiment dans le paysage musical, les prestations ont le mérite d’assurer leur part de spectacle.

S’ensuivent quelques gentilles bousculades dans un public, avide de comparer son degré de testostérone.

Les accords aux accents grunge du combo s’y prêtent d’ailleurs à merveille.

Une prestation agréable et efficace qui résume finalement le statut de Blood Red Shoes, à savoir, en premier lieu, un groupe de ‘live’.

Car c’est bien là qu’il déploie toute son envergure.

La suite de la programmation adoptant des dispositions plus dansantes, il n’est pas étonnant de voir affluer le plus gros du public à cette heure tardive.

Une  annonce discrète sur un grand écran délavé m’apprend le désistement en dernière minute de Nathan Fake. Ce qui me chagrine. Il est souffrant.

Ce n’est pas l’abominable condensé de mauvais goût communiqué par The Subs qui me consolera.

Indigeste au possible, leur rudimentaire mélange de genres décroche le succès escompté, et c’est sans doute bien là l’essentiel.

Succombant aux plaisirs faciles d’un condensé d’évidentes recettes ‘prêtes à danser’, de nombreux nightclubbers s’agglutinent sous la toile cirée du chapiteau et la transforment en boîte de nuit.

Pendant ce temps, je mets le cap sur le second, abritant les rebondissantes vibrations drum&bass du producteur Allemand et DJ Mathis Mootz alias The Panacea.

Une ambiance toute aussi survoltée, mais correspondant bien mieux à mes aspirations dansantes.

Avant que Gui Boratto n’apporte sa touche à la nuit, sous le ciel étoilé de Herk.

Mettant tout le monde au pas sur le dancefloor.

Perso, quelques kilomètres se promettent de m’avaler avant de retrouver mes pénates.

Je me dirige donc vers la sortie tout au plaisir de revenir au même endroit, demain.

(Organisation : Rock Herk)

(Voir aussi notre section photos ici

 

vendredi, 10 juillet 2015 01:00

Ardentes 2015 : vendredi 10 juillet

Annoncé depuis quelques années déjà, le déménagement du festival liégeois vers un autre emplacement semble inéluctable.
Dixième et donc dernière mouture sur les bords de Meuse, ici, à l’extrémité Nord de la cité Ardente.
Un Parc Astrid qui aura vu du beau monde. Imaginez !
Siouxie, PIL, Iggy Pop, Pavement, Bashung, Massive Attack du côté des légendes, Pharrel Williams (avec NERD), 50 cent ou encore Indochine pour les grosses pointures, sans compter les génies oubliés, les surprises de taille, les cocasses, les ridicules (et ici je vous laisse le soin d’établir votre propre liste qui risque de ne pas être exhaustive)…
Bref, en dix ans, les Ardentes ont grandi ; et si leur politique d’ouverture (quitte à faire le grand écart, tout de même) ne leur a pas valu que des louanges, le constat est flagrant : ce festival s’impose aujourd’hui dans le paysage belge comme l’une des valeurs sûres.
C’est pourquoi, dès l’an prochain, les festivités se dérouleront dans un tout nouveau cadre, certainement sur des hauteurs plus propices au bon sommeil des riverains nichés au cœur de la ville.
En attendant, cap sur la deuxième journée, qui comme lors des précédentes éditions, marque le début d’un rythme de croisière.

Comme chaque année, une troisième scène s’ouvre dès le vendredi.
Les organismes sont donc mis un peu plus à l’épreuve, tandis que les temps morts se languissent dans les coins, à l’ombre.

Point d’ombre cependant pour Hanni El Khatib, en ce début d’après midi, programmé sur la Main Stage.

Chemise à pois, Telecaster en bandoulière, lunettes vissées sur sa paroi nasale, il attaque le soleil de face par « Moonlight », fantastique morceau de son dernier LP.

Sortir de leur torpeur les quelques centaines de curieux venus cuire sous l’astre de feu ne semble pas effrayer notre homme, qui peut, du reste, compter sur quelques fans lui apportant leur soutien.

Énergique en diable et admirablement épaulé par ses comparses scéniques, Hanni assure un set plein de vigueur, similaire à celui accordé au Botanique quelques semaines auparavant.

De quoi l’auréoler dans mon chef des lauriers du premier bon concert de cette dixième édition (NDR : il est vrai que je suis arrivé trop tard pour Paon et Fugu Mango dont le potentiel était très susceptible d’arracher ce titre à quelques minutes d’intervalle).

Ma monture lancée à bride abattue, je fonce dès la dernière note vers le HF6 et son toit de taule, miroitant au soleil comme un lointain mirage.

Dans ses volutes fantomatiques, j’aperçois l’ombre désincarnée de feu Bashung, dont un pan d’âme est resté accroché ici même, une nuit de deux mille huit.

Une présence planant tout au long du concert de Feu ! Chaterton, puisqu’il existe des similarités, qu’on ne peut nier, entre les deux univers.

La prose élégante et le verbe gracile mêlés à la fougue des guitares.

Les envolées poétiques en contrepoint d’un ravageur tempo ou sourdent les échos de lointains naufrages.

La tête de proue, c’est Arthur, chétif petit homme dont se demande s’il franchira ces tempêtes qu’on devine dès les premiers accords de « Fou à lier » et qu’on pressent néanmoins comme le gouvernail de son band.

Et de fait, alors que le crachin cède le relais à la furie d’éléments ô combien contrôlés, il ne fait plus aucun doute que ce petit bonhomme porte sur ses frêles épaules, la puissance de feu qui nourrit l’électricité ambiante.

Sorte de catalyseur apparemment indifférent aux mouvements opérés autour de lui.

Contraste saisissant entre cette mince silhouette, habitée par mille tourments et ce ballet incessant de musiciens sous haute tension.

Si la fièvre de Feu ! Chaterton couve bien mieux dans des endroits plus appropriés (on rappellera si nécessaire que la qualité du son du HF6 n’offre pas les meilleures conditions en ‘live’), il ne fait aucun doute que son leader a le don de prendre le spectateur par la main, afin de l’emmener au sein de son univers baroque.

Placé sur un autre plan astral, cet Aznavour de poche, à la coquette moustache, prend une envergure scénique, qui le transforme en Atlas tout-puissant.

Chaque titre est présenté longuement, avec force détails, expliquant la trame de la chanson, de manière à ce que l’auditoire puisse pénétrer au cœur de celle-ci.

Ici dans la Pinède pour la mort de l’innocence, là sur le Costa Concordia, pour couler dans la détresse.

C’est certes enlevé, un brin théâtral, mais jamais ridicule et toujours imprégné d’une réelle authenticité.

Et donc à revoir dans des conditions optimales.

Reste donc dix petites minutes pour traverser la plaine (heureusement qu’il existe des passages secrets que seuls certains types de bracelets peuvent ouvrir !) et je me retrouve devant Temples qui s’apprête à livrer un set qui au final, restera largement en deçà de que j’attendais. Surtout vu les prestations auxquelles j’avais pu assister précédemment.

La faute à qui ?

À la chaleur ?

Au public assoupi par ces conditions climatiques plus propices à la Bossa Nova ?

Ou à la mollesse du band qui s’exécute sans réel enthousiasme (et peut-être justement à cause de ces deux raisons).

Quoi qu’il en soit, jamais le concert ne décollera et si « Sun Structures » et « Shelter Song » sont indéniablement des morceaux diaboliques, il aurait fallu plus de conviction dans leur interprétation.

Rendez-vous donc devant BRNS, même si je rate l’entame et son pétillant « Mexico ».

Pas grave, me dis-je, peu motivé à l’idée de revoir ce groupe pour la énième fois en quelques années.

Oui, mais voilà.

J’ai bon manquer d’entrain à chaque fois, le constat est manifeste : je suis invariablement estomaqué par le talent de cette formation.

J’ai beau m’attendre à quelque chose de prévisible, BRNS arrive systématiquement à me surprendre.

L’apanage des grands groupes ?

Plus puissant, plus en place que jamais (si c’est un leurre, c’est un magnifique tour de passe-passe), le combo dépasse de loin son envergure actuelle.

Je le quitte donc en me promettant de ne plus faire la même erreur la prochaine fois...

Si les ballades à rallonge de Tom McRae et les saynètes décalées de Baxter Dury ne suscitent pas en mon for intérieur le même enthousiasme, j’apprécie tout de même ces moments de détente en buvant quelques bières et profitant de l’ombre de l’Aquarium, avant de retenter la grande traversée diagonale où m’attendent les vieux brisquards de De La Soul.

Si leur retour au devant de la scène pouvait étonner, voire effrayer, le show de ce soir avait de quoi faire taire les plus sceptiques.

À peine plus ridés que quand je les ai découverts en 89, grâce cette pierre d’achoppement constituée par « 3 feet High And Rising », ces icônes de la Old School démontrent avec vigueur et panache leur rôle prépondérant au sein de la production Hip Hop contemporaine.

Versions revisitées et classiques revêtus de neuf, De La Soul fait encore le poids et remet en place bien des préjugés.

Autour de ses trois membres, toujours aussi verts et dont le plaisir de jouer, semble-t-il, est resté intact, s’articulent un Big Band cinq étoiles.

Un moment particulièrement agréable qui a le bon ton de faire oublier le semblant de fatigue qui semblait me menacer.

Remis d’aplomb et l’alcool dilué dans cette bonne humeur, les conditions optimales sont donc réunies pour retrouver dEUS.

Exit en effet La Roux (la faute à De La Soul !) et place à Tom Barman et ses sbires.

Resté sur une impression assez mitigée l’an dernier sur la grande scène de ces mêmes Ardentes, je vais renouer l’espace d’une heure avec la magie du groupe.

Si je reste persuadé que les plus belles années de dEUS sont derrière lui et l’osmose du band s’est évaporée au fil du temps et de ses nombreux départs (pour rappel, il ne reste plus du line up initial que Klaas Janzoons et Tom Barman), le spectacle de ce soir m’a quand même permis de replonger dans le souvenir…

Nostalgie, certes, mais empreinte d’électricité.

Les éléments qui font cette fois la différence ne m’apparaissent pas clairement.

Car dans le fond, le set proposé en forme de ‘Best Of’ est relativement similaire à celui de la dernière édition.

La bonne volonté du combo n’ayant jamais été remise en question, la distinction se résume sans doute dans certains petits détails.

Qui pour l’heure se refusent à ma mémoire.

Mais l’essentiel est dans le résultat. Soit un concert impeccable qui a ravivé la flamme du fan initial, né un soir, il y a plus de vingt ans déjà, dans un petit café de cette même ville ardente.

Enjoué et galvanisé par cette chaleureuse étreinte, je fais route pour décerner la palme d’or de la déception millésimée Ardentes deux mille quinze ; soit Oscar & The Wolf.

Déjà passablement agacé par la tournure que prennent les événements depuis que Dieu sait qui dans leur entourage s’est mis en tête de saper Max Colombie comme une diva et de saper par la même occasion la magie du groupe, en une heure, je vais me rendre compte de l’étendue des dégâts (déjà largement apparue lors de leur mégalo show du Pukkelpop l’an dernier).

Mettons nous d’accord d’office : j’estime que le potentiel du combo est énorme et la voix de son leader un bijou d’exception à dimension internationale.

Qui plus est, entouré de musiciens hors pair, Max, ainsi grimé en Oscar peut crier au loup tant qu’il lui chante.

Cette seule combinaison de talent devrait amplement suffire à les démarquer dans la masse médiatique, mais aussi le registre de qualité.

Alors, qu’est-il arrivé à Oscar et son loup ?

De qui émane cette idée de surabondance ?

Si l’album « Entity » reste un bon album au demeurant, la fragilité de « Summer Skin » (produit par Robin Propper Sheppard de Sophia pour l’anecdote) semble avoir laissé la place à un glacis qui dessert fortement le propos.

Un constat mis en lumière sur les planches par un show laser inapproprié, un jet de confettis ridicule et un costume de scène trop grand pour Max (au propre comme au figuré).

Si l’incroyable suavité de la voix reste perceptible au travers de ce jeu de grandiloquence qui semble lui avoir été imposée, toute la subtilité a été radicalement effacée pour laisser place à un spectacle disproportionné où la musique ne trouve même plus ses repères.

S’ensuit un concert d’une incroyable fadeur, sans aucun relief, perclus de fautes de goût, même pas imputables au band lui même, qui lui aussi semble perdu dans cette débauche d’effets.

Reste le quidam, à qui toute cette poudre aux yeux laisse miroiter l’effervescence d’un grand show et préfère sans doute ignorer cet incroyable talent qu’on étouffe dans ce jeu de surenchère.

Bon, d’accord, je ne vais pas jeter la pierre à Pierre… Pardon ! Oscar. Mais voir un tel potentiel se cristalliser dans l’insipide a de quoi énerver.

Et en plus, ils étaient en retard !

Du coup, le temps de se farcir le chemin inverse Main Stage vers HF6, The Avener avait fini, bouclé, remballé.

Trop accablé pour refaire marche arrière et peu enclin à enflammer la pelouse du parc de mes superbes déhanchés, je fais donc l’impasse sur Paul Kalkbenner venu spécialement en jet d’Ibiza pour dérouiller mes genoux et m’en vais reposer mes membres en vue d’une nouvelle journée de festivités.

Organisation : Les Ardentes.

(Voir aussi notre section photos ici

 

jeudi, 09 juillet 2015 01:00

Ardentes 2015 : jeudi 9 juillet

C’est par un cri de révolte que j’entame ce compte-rendu.
Un avis contestataire répercutant un sentiment d’injustice qui, sans en avoir été la victime, me pousse à agir, à ouvrir ma gueule, généralement poliment cousue par les points de suture d’un consensus mou.
Si sagesse et bon sens appellent parfois à modérer ses ardeurs et trouver l’une ou l’autre bonne raison à l’extorsion de fonds que sont devenus la plupart des festivals de nos jours (et ce n’est pas une généralité, nous y reviendrons peut-être une autre fois), il est des comportements inadmissibles de la part d’une organisation qu’on ne peut garder sous silence.
Ainsi, feignons l’indifférence face à l’explosion des prix et l’invraisemblable arnaque que constituent les bars sur les sites festivaliers.
Omettons de bonne grâce que le budget de quelques jours de festivités surpasse largement toute économie de bon sens, et puisque nous avons tous décidé de jouer le jeu de la consommation (tout ceux présents en tout cas), admettons en chœur qu’il existe des justifications réelles nécessitant l’inflation permanente des prix.
Néanmoins, quand le grotesque d’une situation prend de l’ampleur, il est temps de tirer la sonnette d’alarme.
De quoi s’agit il ?
Nous savons tous qu’il est strictement prohibé d’amener sur le site d’un festival ses propres consommations.
Logique, certes (on ne va pas au restaurant avec ses tartines), car il faut faire vivre le commerce ; et la viabilité d’événements majeurs passe obligatoirement par certains sacrifices.
Mais voilà. Monsieur X n’aime pas la bière.
Donc monsieur X, qui a quand même un peu envie d’être ‘in the mood’, apporte sa petite bouteille de Péquet (alcool du terroir).
Monsieur X ne nuit à personne, et surtout pas au commerce, puisqu’il achète régulièrement un cola qui se diluera dans le blanc de sa bouteille au format minibar d’hôtel.
Certes, le comportement de monsieur X est quelque peu rebelle (rebelle parmi beaucoup d’autres monsieur X), et quand il se fait pincer par le staff sécuritaire, il consent volontiers avoir été pris en flagrant délit et se sent prêt à faire acte de contrition, abandonnant sa chère bouteille.
Or, après quelques heures passées au premier jour d’un festival qui lui aura quand même coûté bonbon, monsieur X se voit expulser manu militari.
Expulsé pour du bon.
Bracelet coupé.
Voilà, fini pour monsieur X les Ardentes 2015.
Elles s’achèvent ici, dans l’incompréhension totale.


Alors, oui, nous allons y venir à la musique.
Au compte-rendu d’une dixième affiche toujours aussi hétéroclite, mêlant succès de masse et goûts pointus.
Oui, je vais encore souligner l’incroyable énergie déployée par l’équipe des Ardentes pour que cette fête soit au final encore une fois une réussite.
Effectivement, cette année encore aura été le témoin de moments forts, de moments drôles, de moments tendres, de moments uniques.
Mais c’est avec un goût amer au fond de la bouche que je vous en rédige le premier rapport.
l’amertume de la disproportion.

Si l’éclectisme est souvent cultivé ici, peut-être plus qu’ailleurs, cette première journée semble quasi à sens unique, brodée au revers de la visière d’une casquette.

Caravane Hip-Hop de passage, posant ses bagages sur les bords de Meuse.

Véhiculant sa cohorte de clichés mais aussi son panel de genres, des riches ultra basses aux enluminures californiennes, des chaînes en or qui brillent aux subtiles incursions jazzy.

Tout un registre qu’il est difficile d’appréhender quand on est resté un néophyte en la matière.

Du coup, plus facile d’emprunter les oreilles et les yeux des autres.

Histoire de se faire une idée.

Qu’en ressort-il ?

La sensation cérébrale du jour sera assurément attribuée à Stuff.

Le combo gantois mise sur un métissage de styles qui lui ouvre non seulement les portes de toutes sortes d’endroits (on les retrouvera aussi bien au Gent Jazz Festival, aux Lokerse Feesten qu’au Pukkelpop, en passant par une grande partie de l’Europe) mais aussi du succès et de la reconnaissance (du public comme de ses pairs).

La recette ?

Un condensé de genres qui à lui seul en crée un neuf à part entière.

Hybride et intriguant, mené par une certaine virtuosité et l’originalité d’un instrument hors norme (le EWI), Stuff brasse avec savoir et maestria un univers foisonnant où les frontières entre Electro, Hip Hop et Jazz s’effondrent avant de marcher avantageusement dans le sillage de Red Snapper (par exemple).

Sinon, épinglons la fraîcheur juvénile du duo Rae Sremmurd, plébiscité par un public à la curiosité attisée par un single gravé en compagnie de Nicki Minaj (entre-temps, les vues Youtubesques auront encore exponentiellement explosé), et aussi la candeur de Flatbush Zombies, au demeurant sympathique et débonnaire.

Enfants du pays, Starflam va faire bonne figure sur une grande plaine baignée de soleil et justifier son étiquette de parrain de la scène Rap noir-jaune-rouge.

Un set sans doute pas mémorable, mais qui justifie son cachet.

Amusant quand on pense aux discours anti-capitalistes du collectif, qu’on ne blâmera du reste pas d’être entré dans la danse.

Sinon, en dehors de ces résonances ‘hip-hopyzantes’, le choix se résume à deux têtes d’affiches se succédant dans le HF6 (le hangar dédié à la seconde scène).

La première va déboucher sur la première grosse déception de cette édition :

Souffrant d’une qualité de son épouvantable (et de problèmes techniques de surcroît), The DØ s’enlise dans une performance mièvre et guère convaincante.

Dommage, car dès l’entame, soit « On My Shoulders », leur hymne porte-étendard d’une Pop à la fois mélancolique et enlevée, semblait augurer une suite de bonne facture.

Las ! Le duo parisien, bouffi par l’envie d’en faire trop, délivre un set d’un étonnant passéisme et articulé autour d’un jeu de lumières, certes fort joli, mais qui ne parvient pas à masquer l’insipidité du contenu.

Une impression renforcée au sortir de l’estrade par une Olivia Merilahti vraisemblablement pressée d’en finir au plus vite.

Béatrice Martin, quant à elle, fidèle à son image, avait fort à cœur (de pirate) de communier avec son public.

Si son répertoire, partagé ce soir entre ses principaux succès ainsi que plages issues de son nouvel album (et même de nouvelles compositions), ne recèle pas en soi de quoi soulever mon enthousiasme, la prestation de la Canadienne procure quand même son lot de plaisir aux fans venus s’agglutiner contre les barrières du HF6.

Un moment sans réelle envergure mais d’où émane un sentiment de complicité entre Cœur de Pirate et son public.

Sentiment renforcé par une séance de selfies au sortir des planches.

Restait à se faire une opinion sur la réputation de Kendrick Lamar.

Pas usurpée, au vu de la prestation de ce soir.

Entourée de véritables musiciens et soutenue par des projections visuelles à mille lieues des clichés du genre, la nouvelle icône du Hip Hop international va mettre tout le monde d’accord, y compris les béotiens du genre comme votre serviteur.

Puissant, efficace, sans temps mort et affichant une maîtrise épatante, le résident de Compton, en Californie, va gagner mon respect, ainsi que celui des mélomanes les plus réticents.

S’il n’écrit peut-être pas une page de la musique contemporaine comme on l’a raconté (faudrait quand même pas exagérer), le rappeur Américain est sans doute le meilleur ambassadeur de ce courant musical, un digne héritier d’une certaine Old School et un précurseur d’un nouveau style.

Ainsi se termine la première journée d’une dixième édition, qui comme les premières des neuf précédentes, aura démarré en mode mineur.

Organisation : Les Ardentes.

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dimanche, 14 juin 2015 00:33

I Like Rain

Six années de travail ont été nécessaires pour confectionner ce triptyque destiné à remettre en lumière The Jean Paul Sartre Experience (NDR : patronyme originel), groupe injustement mésestimé voire carrément oublié à qui le label Fire Records a voulu rendre justice.

La préparation méticuleuse de ce ‘best of’ a nécessité de nombreuses heures d'interviews et un travail de sape conséquent, afin de rendre palpable l'évolution de cette expérience juvénile empreinte, dès le début, d'une grande sensibilité et d'une précoce maturité.

"I like Rain" dresse donc la cartographie d'une carrière, certes escarpée, mais dont la ligne de conduite ascensionnelle ne pouvait que les conduire, tel Icare, au plus près du soleil.

Des débuts fragiles au milieu des années quatre-vingt aux tumultes ‘noise’ des années 90, cette compile propose en filagramme, l'histoire d'un grand groupe resté petit.

Influence évidente de nombreuses formations qu'il serait exhaustif de citer, la discographie de JPS Experience fait figure de référence, tant leur parcours est exempt de la moindre faute de goût….

Toujours épris de liberté, sans doute initiée par les paysages à perdre de vue de leur Nouvelle-Zélande natale, Dave Yetton, Gary Sullivan et Dave Mulcahy ont donc, dès leurs débuts, enregistré leurs mélodies subtiles sur d'élégantes harmonies porteuses de tous leurs rêves adolescents.

Cette candeur teintée de nostalgie sera présente tout au long de leur carrière, achevée en 1994.

C'est donc non sans une certaine fierté que Fire Records ressort ces trésors cachés à fin de réhabiliter l'aura d'un groupe qui a laissé sa trace comme l'étoile au firmament.

Soigneusement remasterisé, recelant son lot d'inédits, de faces cachées et autres joyeusetés particulièrement excitantes, ce coffret luxueux nous offre donc une occasion magnifique de nous replonger ou simplement de découvrir la magie électrique de chansons parfois simplement parfaites.

Histoire revisitée en diagonale de trois albums majeurs parus initialement sur Flying Nun et qui malgré la longueur, ne lassent pas un seul instant.

Entre évidence Pop et incursions jazzy, noisy ou encore funky, les prémices de styles qui émergeront quelques années après leur disparition se ressentent clairement au travers de ce parcours exaltant au cœur d'une discographie sertie de pépites.

Si les ayants droit de Jean Paul Sartre auront finalement le dernier mot, résumant le patronyme du band en JPS Experience, il lui aura sans doute manqué peu de chose pour entamer sa marche menant vers le succès commercial.

À l'écoute de "I Like Rain", on ne comprend d'ailleurs toujours pas pourquoi...

 

 

 

Que faire pour se réinventer?
C'est sans doute la question lancinante qui doit hanter les nuits de John Dwyer, génie excentrique qui se cache derrière le patronyme de Thee Oh Sees.
Ou peut-être pas?
Car on l’imagine fort bien faire fi de tout avis extérieur et n'en faire qu'à sa tête.
Adoubé chevalier sonique par le public, autant que par ses pairs, le natif de Providence trace, depuis le milieu des années 90, un chemin ascensionnel qui tente de s'écarter de toute évidence, mais en maintenant le cap d'une certaine cohérence (certes propre à lui-même).
Saignant de son nom l'histoire du Rock, paraphant de sa patte un pacte secrètement tenu avec le diable.
Pas étonnant dès lors de le retrouver ce soir dans la cité ardente.
Date unique sur le sol belge oblige, une fort contingent de fans néerlandophones comme francophones avaient décidé de venir découvrir ou redécouvrir l'énergie brute de cet électron libre gravitant autour de la sphère Garage.
Plus que ravi de cette opportunité, je m'apprête à accomplir personnellement l'expérience, et pour la première fois, d'un live de Thee Oh Sees, que beaucoup m'annoncent à l'entame de cette nuit, comme un must absolu.
Déjà, l'électricité, palpable dans l'air, s'attache à mes atomes (crochus) et fouette ma curiosité.
Hosanna, Hosanna, et en route pour la joie!

Les premières grappes de spectateurs s'éparpillent à l'intérieur du Reflektor où un tapis de sol usé jonche le milieu du parterre.

Plongé dans l'obscurité, il va devenir en quelques instants le théâtre d'une projection nerveuse d'accords triturés et de martèlements sauvages sous amphétamines.

Une collision sonore orchestrée par Yonatan Gat et ses deux compères.

Certes, loin d'être évidente, voire même retors à certains moments, la musique du trio évolue constamment entre divers genres au sein d'un même morceau.

Chaque intervention instrumentale est annoncée par une lampe qui s'allume ou s'éteint, donnant le signal aux autres membres.

Cette interaction est le fil de l'improvisation qui donne lieu à une débauche d'énergie au plus près d'un public intrigué.

Dès lors, ce qui de prime abord ressemble un jet incontrôlé de testostérone s'avère en fait un subtil mélange abrasif savamment dirigé.

Entre free jazz et déambulations salsa schizophréniques, entre assauts bruitistes et mélopées acides, Yonatan Gat ne choisit pas.

Secouant frénétiquement un shaker explosif, il virevolte sur lui-même, esquisse un pas de danse, s'avance au milieu des sceptiques, s'amuse avec le public, se couche à même le sol pour se gargariser plus que pour chanter.

Le batteur, lui, incapable de tenir en place, semble condamné à rester en mouvement perpétuel.

S'exécutant sur ses fûts comme si sa vie en dépendait.

À l'image de la pochette de "Director" qui représente une route sinueuse posée de façon bancale au travers d'un paysage boisé, la musique des ces hurluberlus à la tignasse indomptable ne se laisse pas apprivoiser.

C'est elle qui tente de vous apprivoiser.

Au bout d'une petite demie heure, le set s'achève par des remerciements polis à l'adresse d'applaudissements hésitants, bien qu'enthousiastes.

Suivant ce souffle de folie, l'entrée en scène de John Dwyer sert d'intronisation à toutes sortes de spéculations.

Dans une nouvelle formule, bardée de deux batteries mais sans clavier attitré, quel sera le visage de la bête Thee Oh Sees, ce soir?

Avenant et souriant, cinglé d'un marcel marin rouge et blanc et moulé dans son short, l'ami Dwyer donne ses consignes, puis, une fois prêt, intime gentiment au préposé aux lumières que le show peut commencer.

Pied au plancher, évidemment.

Extrait de "Floating Coffin", "I Come From The Mountain" s'engouffre dans la brèche  et allume la première mèche.

Le signal ainsi donné, les pogos peuvent commencer.

Débauche incandescente d'une énergie brute, les premiers titres s'enfilent les uns après les autres sans temps mort, offrant à la foule ce qu'elle est venue chercher.

Dans cette excitation suintante, je m'étonne néanmoins de la maîtrise redondante d'un groupe qu'on m'annonçait tellement excitant mais qui s'avère certes ô combien efficace, mais pas non plus monstrueusement original.

Tel un monolithe (ou un diamant, au choix) taillé au fur et à mesure, le set gagne en intensité dès "Tidal Wave" et surtout l'irrésistible "Whitered Hand" (extrait du dernier opus).

À défaut de justifier la présence de deux drummers jouant en mode simultané, cette succession frénétique de riffs endiablés permet d'apprécier leur parfaite synchronisation.

Quand le leader annonce les quatre derniers morceaux, il semble que le temps s'est arrêté un moment pour reprendre son souffle ; ce dont manifestement le groupe n'a nullement besoin.

Enrayée par un problème technique mineur, la machine doit hélas mettre fin à son déballage de furie un titre prématurément.

Qu'à cela ne tienne, personne ne pensera à lui en tenir rigueur.

Si l'incroyable efficacité de Thee O Sees a été démontrée, je m'attendais à davantage de surprises.

Plus d'excentricité. Plus de folie. Plus d'improvisation.

Il reste néanmoins que ce moment passé en leur compagnie était très galvanisant.

(Organisation : Reflektor)

 

 

 

dimanche, 17 mai 2015 01:00

Mi-dieu, mi-bête…

Côté pile ou côté face, un concert des Swans recèle toujours une part de mystère...
Selon l’humeur de son mentor ou du mélomane, mais également les circonstances qui entourent le déroulement de la soirée, le résultat peut s’avérer une expérience transcendante ou une épreuve physique et douloureuse (surtout pour les tympans délicats).
Mais ce qui est certain, c'est qu'il se passe toujours quelque chose.
Au moment où la pièce de monnaie voltige dans les airs, incertaine de la face qui échouera sur le sol, les premières grappes de spectateurs s'avancent solennellement vers l'autel où Michael Gira et les siens transformeront l'atmosphère en une matière palpable et l'air en un incandescent magma en fusion.

Mais avant le déluge, place à la montée des eaux...

Okkyung Lee, est seule sur l’estrade.

En vérité, non. La jeune artiste est accompagnée de son violoncelle.

Elle et son instrument font totalement corps pour livrer une prestation déconcertante.

Qui en aucun cas ne peut laisser indifférent.

Ses soli dressent une cartographie imaginaire de l'émotion à fleur de peau.

Grinçants pour certains, électriques pour d'autres, ses incessants va-et-vient le long de son manche sont vertigineux et libèrent une intensité indescriptible.

Si une totale immersion en solitaire est nécessaire pour pénétrer l'univers de cette artiste, c’est après avoir atteint le cœur de sa musique organique, que la magie peut exercer ses charmes. Mais pour parvenir à atteindre cet état de conscience, il faut également être hermétique à toute distraction extérieure (ce qui dans le cas de votre serviteur s'avère délicat, ce soir).

Expérimentale, marginale et abstraite, son expression sonore a le pouvoir de convertir celles et ceux disposés à oser une telle plongée en apnée.

Son archet ciselant l'épine dorsale jusqu'à en tirer l'essence du frisson.

À contrario, pour celles et ceux restés au pas de la porte, cette musique évoque tour à tour le chant du bourdon dans une bouteille de verre ou encore la lente agonie d'un brame engoncé dans une gorge rocailleuse.

Elle n’est guère accessible et exige un minimum d'abandon.

Perso, distrait par de nombreux éléments extérieurs, je n'ai pas autorisé la demoiselle à pénétrer mon esprit, déjà tourné vers le noir ramage des oiseaux nocturnes.

Au vingt et unième coup d'horloge, le gong retentit.

Par vagues successives, la vague sonore ondule et envahit l’espace.

Telle la marée montante, qui bientôt nous submergera.

Lentement, mais sûrement.

Après plus de vingt minutes essentielles au conditionnement, le set commence à s'articuler autour de Michael Gira, plus shaman que jamais (et diva me souffleront certains).

"Frankie M" suit donc ce déluge en s’infiltrant lentement, insidieusement, dans nos ouïes, nos esprits et nos âmes.

Une rythmique hypnotique, lourde et puissante assiège sournoisement nos remparts, rejetant toute forme de complicité maligne…

Physique, âpre et rugueuse, la bête envahit tout l’espace.

Haletante, elle nous pousse dans nos derniers retranchements.

Sa puissance est monstrueuse, mais sa sensibilité est à fleur de peau...

Orchestrant tel un rituel, le chaos organisé autour de lui, Gira exige autant du public que de son groupe ou de toute personne impliquée dans le processus.

Son attitude despotique a depuis longtemps forgé son image, voire son mythe, et il semble prendre un certain plaisir à en jouer.

Impassibles et rôdés aux desseins de leur maître, les autres membres s’exécutent autour de cette ossature et dirigent le son exactement où le dieu Gira l'exige, soit vers des cimes ténébreuses et tourmentées où la pleine conscience se brise sur des versants saillants.

Exigeant, voir intransigeant, seul maître à bord d'une embarcation frayant au travers du tumulte, Michael Gira est LA figure de proue de Swans, quitte à laisser les autres comme de simples faire-valoir.

Pourtant, inutile d'êtres devin pour constater que Swans ne serait pas ce qu'il est actuellement, sous une autre configuration.

Derrière cet effacement, qui semble parfois confiner à l'ennui –suffit d’observer Kristof Hahn, délégué au pedal steel, qui mastique un chewing-gum– se cache en fait le secret de Swans ; soit une harmonie parfaite au sein d'une hégémonie indiscutable.

Cinglant l'air de ses bras, exhortant sa troupe, l'homme au stetson (absent de son chef, ce soir) dirige donc l'auditoire vers le gouffre tendu comme une gueule affamée.

L'écume aux lèvres, la créature nous happe.

Rares sont celles et ceux qui s'échappent ou font mine de vouloir y échapper.

Après plus de deux heures de célébration, la messe est dite.

En communion avec leur public, les cygnes tirent leur révérence.

Majestueux.

Les tympans déchirés mais l'esprit libéré, la foule peut alors se retirer.

Dehors, la nuit est douce.

Les premiers avis s'échangent sur le parvis.

Au bout de l'expérience, résonne pour un long moment encore l'écho de Swans.

(Organisation Reflektor)

 

 

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