En juillet dernier, Dan Bejar s’était produit sur la Plaine de la Machine à Feu. Après Dour, il est donc de retour, mais au Botanique, pour défendre une nouvelle fois son dernier opus, publié il y a quelques mois, « Kaputt ». Personnage illustre de la scène indie-pop, Bejart est certainement un des musiciens canadiens les plus inspirés de cette dernière décennie. Outre son projet personnel Destroyer, pour lequel il a déjà gravé une dizaine d’albums, le natif de Vancouver est également impliqué dans d’autres aventures ; et en particulier chez The New Pornographers et Swan Lake.
Pas de supporting act, ce soir. Tant mieux. D’une part, le dimanche, je n’aime pas trop rentrer chez moi aux petites heures. Et si mon souhait est exaucé en évitant de devoir me farcir une première partie –trop souvent médiocre– c’est tant mieux. La Rotonde n’est pas comble (NDR : il faut dire qu’à l’AB, se produit The Beach House…)
Le concert débute donc à 20h00 pile. Béjar et sept musicos montent sur l’estrade. Un batteur, deux guitaristes, un trompettiste, un bassiste, un claviériste, un saxophoniste (entre autres) et, bien entendu, au beau milieu du podium Dan, qui se réserve le micro. La soirée s’annonce riche en instrumentation. Le set s’ouvre par les meilleures compos issues de ses précédents opus ; et en particulier « Your Blood », « Rubies » ou encore « European Oils ». Parfait ! Si Bejart signe le répertoire de Destroyer, il est loin d’être un despote. Il lui arrive de s’effacer afin de laisser son backing band s’exprimer. Des moments au cours desquels il s’agenouille et en profite pour se désaltérer...
Après avoir dispensé ces titres ‘énergiques’, on se demandait quand même comment le collectif allait se débrouiller pour reproduire le climat sensuel de « Kaputt », sur les planches. Mais également, comment la forme 80’s de cet opus allait être restituée. Et bien on est immédiatement rassuré. La formation impressionne par sa facilité à maîtriser son sujet. En outre, le saxophoniste tire parfaitement son épingle du jeu. Dan est un poète. Son aura irradie son entourage ; et on ne peut que tomber sous le charme. Il récite ses textes, des textes torturés, empreints de passion. Les plages de son plus récent long playing s’enchaînent : « Chinatown », « Kaputt », « Blue Eyes », « Savage Night at the Opera », … Après une heure de prestation, la troupe se retire quelques minutes, avant de revenir sur l’estrade (NDR : comme si on ne s’en doutait pas !)
Destroyer clôture son spectacle par « Bay of Pigs (detail) », une chanson qui va rencontrer un petit problème technique, démontrant au passage, que cette prestation était bien ‘live’. Et puis que cette technique est parfois imprévisible.
Poète des temps modernes, humble et talentueux, Dan Bejar et son team nous ont accordé un excellent concert. Et si de nombreux spectateurs sont demeurés assis tout au long de la soirée, l’atmosphère s’y est révélée chaleureuse, presque voluptueuse, grisante même…
(Organisation Botanique)