Grâce une affiche gargantuesque mêlant découvertes, valeurs sûres et émergences de nouveaux talents, l’Autumn Falls Festival s’est forgé en quelques éditions une réputation incontournable.
Voguant de salles en arrière-salles au gré de ses affiches, cet événement bruxellois propose tellement de qualité qu’il nous forcerait presque à migrer dans la capitale pour éviter d’incessants allers-retours.
Un troisième album sous le bras, les New Yorkais de Crystal Stilts débarquaient ainsi ce vendredi et s’installaient confortablement entre les murs de la Maison des Musiques.
La première chose qui nous frappe est l’exiguïté des lieux.
Il y fait chaud, et l’ambiance, loin d’y être étouffée, va très vite se muer en communion entre Crystal Stilts et le parterre, alors que lentement, le son s’extirpe de l’étroitesse perpendiculaire des murs et gagne progressivement les étages, à l’image de la musique du quintet de Brooklyn qui prend son temps pour instaurer son propre tempo.
Jusqu’à prendre toute son ampleur aux premières mesures de “Prometheus At Large”, extrait de leur second opus “In Love With Oblivion”, cadencé par sa rythmique martiale.
Du coup, l’assistance s’ébranle de façon syncopée et suit le combo dans ses terres promises à d’éternels soubresauts hypnotiques.
L’ambiance monte d’un cran, jusqu’à se matérialiser en un épais rideau de velours qui enveloppe l’atmosphère, drape l’assistance et étouffe les soupirs sceptiques qui jugent “Nature Noir” moins pertinent que ses deux opus précédents.
C’est que l’approche est certes différente sur ce disque paru dernièrement, sans doute plus réfléchie, mais laisse sans doute aussi toute sa place à l’expression subtile du spectre sixties mâtiné de cold wave chère à ces dignes héritiers du Velvet.
Le mariage des anciennes compositions et des nouvelles ne souffre donc d’aucune incompatibilité d’humeur et la voix nonchalante, presque abandonnée de Brad Hargett constitue le fil conducteur entre les salves de bruit blanc perdues dans un écho lointain.
Pas de heurts, pas d’incidents, la mécanique huilée pétarade sans accrocs d’un bout à l’autre du set et si celui-ci est exempt de surprise, il assure l’assise du groupe sur un public de convaincus.
Le rappel, offrande entendue (et attendue) sur l’autel des fans connaisseurs, propose deux titres dont un “Love is a wave” énergique qui boucle la boucle d’effets.
La soirée s’échappe ainsi dans les volutes de fumée d’un kaléidoscope aux intonations psyché et aux relents hallucinés pour le plus grand plaisir de tous ceux présents ici, n’ayant vraiment pas à regretter les malheureux huit euros dépensés ce soir.
Autumn Falls
(Organisation : Toutpartout + Maison des Musiques + Vk*)