En 2009, Timbre Timbre publiait son premier elpee. Un opus éponyme à l’atmosphère empreinte de sensualité. Dans la foulée, le Canadien (NDR : il est originaire de l’Ontario) opérait une tournée sur le Vieux Continent ; mais manquant encore d’expérience, il ne parvenait pas à communiquer le feeling de ses compos à son auditoire. Quelques mois plus tard, il se produisait en tout anonymat, au cœur du Parc Royal, dans le cadre d’un festival organisé par l’Ancienne Belgique. Lors de sa dernière visite au Botanique, le 19 mars 2012 très exactement, il remplissait la Rotonde et démontrait qu’il avait pris de l’assurance sur les planches. Ce jeudi 3 avril, il revenait au Bota, mais à l’Orangerie, le jour de la publication de son nouvel album, en Belgique. Et la salle est pleine à craquer pour accueillir Taylor Kirk.
La première partie est assurée par le groupe Only Child, une formation canadienne pratiquement inconnue. En outre, à l’extérieur le temps incite au farniente ; aussi les spectateurs profitent de la clémence de ce début de printemps pour prendre un verre en terrasse. Votre serviteur, le premier !
Il est 20h55 lorsque la sirène nous rappelle à l’ordre. Timber Timbre va bientôt monter sur l’estrade. La foule massée à l’extérieur (c’est-à-dire quasiment tout le monde) se presse vers l’Orangerie. Il ne faut pas attendre 10 minutes avant que la température ne monte de quelques degrés. Et que l’humidité ambiante n’envahisse les lieux. Accusant un léger retard, Taylor Kirk, cheveux longs et vêtu d’un costard, monte sur le podium. Il est accompagné d’un batteur et d’un bassiste. Hormis deux ampoules suspendues qui vacillent au-dessus de la tête du trio, l’éclairage est projeté dans leur dos. L’atmosphère est lugubre. Le set s’ouvre par des morceaux issus du dernier long playing, « Hot Dreams ». Des compos plus généralement blues/rock. Mais la setlist va puiser dans l’ensemble de sa discographie. Les notes guitare dispensées par le Canadien résonnent dans la salle. Sa voix est voluptueuse. Elle me fait penser tantôt à Léonard Cohen, tantôt à Nick Cave. Si sur disque, ses chansons empruntent un format folk, en ‘live’, elles privilégient la tension électrique. Une intensité qui va s’accentuer lorsque l’expression sonore va tout doucement glisser vers un rock progressif pas du tout palpable sur ses précédents opus.
Malheureusement, on a l’impression que Taylor Kirk a érigé une barrière entre lui et le public. Jamais, on ne verra son visage. Peu loquace, il n’adressera qu’un seul ‘merci’ à son auditoire, sans autre commentaire. Cette absence de communication va même finir par devenir dérangeante. Et au bout d’une bonne heure de prestation, on a eu l’impression que le set tournait en rond.
S’il faut reconnaître l’aspect strictement musical était irréprochable, en revanche, on a le droit de se demander pourquoi l’attitude de l’artiste vis-à-vis de l’auditoire, était si glaciale ? Pourquoi s’est-il enfermé dans sa coquille ? Un minimum de contact aurait peut-être permis à Timber Timbre de briser cette morosité ambiante qui s’est installée au fil du concert...
(Organisation Botanique)