Dans le cadre de l’édition 2015 du festival Francofaune, Kouzy Larsen et sa troupe se produisaient dans la salle mythique du Centre culturel Jacques Franck. Kouzy Larsen (chant, clavier) et sa bande (Pierre Jacqmin, à la basse, Benoist Esté à la guitare et non pas Olivier Tasquin à la batterie, mais Benjamin Tequi, qui avait pris son apparence), finalistes de la Biennale de la Chanson française en 2014, vont nous transporter dans un monde musical teinté d’un mélange de notes orientales et méditerranéennes harmonieuses, tout en faisant passer des messages politiques forts et controversés.
On retiendra de cette aventure musicale, la très belle chanson « Les Kamikazes » ( voir ici), éloge de la bêtise humaine sur les fantassins aveuglés par une idéologie qui les dépasse. La pédale d’effets est utilisée à merveille et le lead guitariste s’en donne à cœur joie. Le concert continue dans la même lignée et le même entrain jusqu’à ce que le chanteur invite le public à accomplir un baroud d’honneur aux politiques anti-migratoires. Le geste est symbolique et vise à balayer les stratégies politiques de Maggie De Block et Theo Francken.
La suite, on le devine presque. A travers ‘Checkpoint », la très belle bande, en communion musicale, dénonce les checkpoints et les morts recensés (ou non) en mer Méditerranée, sujet brûlant et d’actualité.
Après ces combats lyriques contre l’absurdité du monde, la fatigue, la faim et la soif s’installent ; et, il nous faut de l’amour entonne Kouzy Larsen. La magie de l’oud, instrument des pays arabes, résonne dans cet amphithéâtre d’une capacité de trois cents personnes. Le chanteur, tout à son aise dans l’art de manier ce luth électrique aux effluves méditerranéennes –dixit le chanteur– a charmé le public pendant ces quatre-vingt-six secondes. Un moment magique.
Les chansons de la fin du concert reflètent bien l’état d’esprit subversif de la troupe. Elle rêve d’une ville sans embouteillages, s’insurge contre les dénonciations des sans-papiers, l’installation des colons. Le guitariste, Benoist Esté se lance dans un monologue contre le président congolais Sassou-Nguesso. ‘Vous pouvez danser sur la rumba des colons, Sassou-Nguesso dégage !’ et d’ajouter, furieux, ‘Sassou-Nguesso est un colon dans son propre pays…’
Ça danse sur la scène. Les artistes, heureux de cette soirée et de ce public réceptif, ont le sentiment d’avoir fait leur devoir de citoyen éclairé. Perso, j’ai partagé une petite ‘gageleer’, une bière campinoise bio, en compagnie du guitariste Benoist Esté. Preuve que le groupe cherche une certaine proximité avec son public.