Jeune prodige, Jake Bugg est déjà responsable d’un quatrième elpee, à l’âge de 23 ans. Un disque paru en septembre dernier. Produit par Auerbach, le leader des Black Keys, il a été enregistré à Nashville. En 2012, il avait déjà montré tout son talent, en assurant le supporting act de Michael Kiwanuka. Ce soir, il se produit dans l’Ancienne Belgique en mode flex.
Issue de Nottingham, Georgie assure la première partie. Soul, sucrée, sa voix évoque tour à tour Stevie Nicks, Carole King ou Joni Mitchell. Elle joue de la guitare en picking. Et sa technique est imparable. Clairsemé lors du début de son set, le public va devenir de plus en plus conséquent. Plutôt dissipé il n’accorde que peu de crédit à sa prestation, pourtant parsemée de quelques superbes compos, dont les singles « Hard Times », « This Ain't Heaven » et la cover de Fleetwood Mac, « Landslide ». Pas très sympa ! (Pour les photos, c’est ici)
Le concert de Jake Bugg va se révéler aussi minimaliste. Et pourtant, on peut dire qu’il a pris de l’assurance. Enfin, d’un point de vue instrumental, car son attitude continue d’être gênée aux entournures. Pas de jeux de lumière, de décor, de costume ou de backing group. Il alterne différentes sèches. Quatre Gibson et une Martin’s. Qu’il joue en picking. Toujours assis sur un siège, un coussin moelleux amortissant son séant… Ample, sa voix peut devenir éraillée, notamment lorsqu’il conte ses histoires empreintes de vécu et d’émotions. Délicate elle évoque Gabriel Rios, une voix qu’il entretient parfois à l’aide de ‘gin tonic’.
Il entame son set par le très beau et dylanesque « Hearts That Strain », titre éponyme de son nouvel LP. « How Soon the Dawn » nous transporte à Nashville. Bucolique, « Saffron » démontre que les titres les plus paisibles collent parfaitement à son répertoire. Emouvant, « Strange Creatures » est un blues particulièrement épuré. Dans son style, « Country Song » l’est tout autant. Il y excelle à la gratte. Découpé en 21 plages, sa setlist alterne anciennes et nouvelles compos, dont 6 morceaux du dernier long playing. Tout au long de « Broken », l’auditoire est silencieux, respectueux et attentif. Impressionnant ! On se demande même parfois où l’artiste puise cette profondeur d’interprétation.
Plus dansantes et chaleureuses –assez rare quand même– certaines compos évoquent Ed Sheeran. D’autres s’autorisent quelques jolies envolées de guitares. A plusieurs reprises, il s’adresse à la foule et est manifestement à l’aise dans cet exercice. Le seul hic, c’est qu’il a un accent à couper au couteau, et que le spectateur lambda ne comprend qu’un mot sur deux de ses propos…
Il n’en n’oublie pas son dernier single, « Waiting », (NDR : qu’il interprète sur disque, en duo avec Noah Cyrus), une ballade qu’il chante à la manière d’un crooner. Avant de clore le set par « Lightning Bolt », un morceau hanté par un certain Johnny Cash. Ce soir, avec le minimum, Jake Bugg a fait le maximum. En outre, sa prestation a libéré énormément d’ondes positives. De quoi oublier les préoccupations de la vie quotidienne... (Pour les photos, c’est là)
(Organisation : Ancienne Belgique)