Assister à un concert de Sébastien Tellier, c’est pénétrer dans un univers singulier. Faut dire que sa sélection à l’Eurovision (où il y représentait la France), ses multiples participations à divers talk shows pour la télévision on française, sa contribution au fil ‘Steak’ de son ami Quentin Dupireux (Mr. Oizo) ainsi que son look de Sébastien Chabal rock n’roll, ont de quoi aiguiser la curiosité. Pourtant, d’un point de vue strictement musical, je ne connais vraiment que son imparable tube « Divine ».
Impossible de vous décrire le concert de Housse de Racket qui se produisait en première partie. J’avoue avoir volontairement boudé le groupe. Un boycott justifié par la qualité de leur album : le pire achat musical effectué depuis des années. Ces jeunes Parisiens constituent, à mon humble avis, la plus grande imposture du XXIème siècle. Leur humour à deux balles et la caution de Bertrand Burgalat pour le duo ne sont pas suffisants pour masquer leur médiocrité.
Vers 21h, Sébastien Tellier monte sur les planches. Sa classe semble naturelle ; mais elle est surtout travaillée : veste de costume pailletée, lunettes de soleil et bouteille de vin blanc (NDR : elle sera vide à la fin du concert). Les premières chansons son convaincantes : « Roche », « Sexual Sportswear » ou « Kilometer ». Issus de son dernier opus, ces titres passent parfaitement bien la rampe de la scène. « Divine » chauffe le public et la cover de Daft Punk permet à l’ambiance de monter encore d’un cran (NDR : cette reprise n’est pas anodine, car son dernier elpee est produit par Guy-Manuel de Homen-Christo, des vétérans de la scène électro française). Le clou du show sera planté en fin de parcours, lors du magnifique « L’amour et la violence », caractérisé par son refrain imparable ! Il achève ce mini hymne en se couchant ‘sensuellement’ sur son piano (le second degré est permanent chez l’artiste hexagonal).
Si la musique est bonne, le principal charme d’un concert de Sébastien Tellier, c’est Tellier lui-même… Le chanteur assure constamment le spectacle et n’hésite jamais à faire le clown. Toujours drôle, il va quand même parfois très loin dans ses délires. Imitations, private jokes, anglais approximatif ou improvisations ridicules, Tellier cultive un certain sens de l’absurdité. Mais ce détachement communique à sa musique d’autant plus de force. Assumant à merveille son côté Gainsbourg, ses interventions enthousiasment le public. Un bien chic type ce Tellier. Et très décontracté. Bien loin de la hype provoquée par son exhibition à l’Eurovision ! Il ne se prend pas au sérieux, c’est une certitude ; et son contact naturel avec les spectateurs apporte une dimension supplémentaire à l’ensemble. Quel artiste pourrait en effet quitter le podium, une cigarette consumée dans le nez, sans avoir l’air totalement grotesque ?
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