Révélée par « My One And Only Thrill », un second ouvrage plein de charme, Melody Gardot a accompli une véritable opération séduction auprès du public belge, ce 4 novembre. La Pennsylvanienne de 24 ans a présenté au Cirque Royal un show réglé comme du papier à musique et d’un professionnalisme bluffant. Le spectacle qui, à priori, aurait pu s’avérer froid et calculé s’est révélé étonnamment envoûtant. Une bien belle prestation. Et ce n’était pas la seule.
En effet, alors qu’aucune première partie n’était annoncée, une jolie surprise attendait le public du Cirque Royal. Flanqué uniquement de sa guitare, Gabriel Rios s’avance sur le devant du podium et entame un petit concert acoustique qui va durer près de quarante minutes. Entre chants hispaniques et pop anglophone, le Gantois d’origine portoricaine déballe le meilleur de ses deux ouvrages studio ainsi que quelques nouvelles compos. Plutôt bien accueilli, le pauvre jeune homme a pourtant l’impression de se produire devant un public qui n’a jamais entendu parler de lui. D’ailleurs, à la fin du set, un ‘What’s Your Name ?’ va fuser du fond de la salle, à son grand étonnement. Après sa prestation, Rios dépose sa guitare et se joint au public pour assister à la suite des événements.
Du haut de ses 24 ans, Melody Gardot a déjà tout d’une grande dame. Après avoir survécu de justesse à un accident de voiture qui a notamment endommagé sa vision six ans auparavant, la demoiselle a entamé un long processus de réhabilitation débouchant aujourd’hui sur une belle carrière musicale. Ce soir, elle défend « My One And Only Thrill », un second recueil qui a atteint les plus hautes sphères des charts, lors de sa sortie en avril dernier. Vêtue d’une jolie robe couleur bordeaux, coiffée d’un voile noir et arborant une longue chevelure blonde (NDR : qui doit certainement exiger trois heures d’entretien), Gardot s’avance dans la pénombre jusqu’au micro devant lequel elle s’agenouille. Elle s’empare ensuite d’une petite tasse dont elle déverse le contenu à terre. Du sable. Ou peut-être les cendres d’une vie antérieure. Une mise en bouche intrigante qu’elle enchaîne d’un chant a cappella, particulièrement bouleversant. Ses trois musiciens viennent ensuite la rejoindre tandis qu’elle se presse au piano et entame l’intro de « The Rain » en triturant les cordes à l’intérieur même de l’instrument. La prestation est d’une intensité inédite et le son est tout simplement d’une perfection rarement atteinte.
Au bout de quelques titres, Melody a déjà mis le public dans sa poche. Mais elle se retire le temps d’un petit bœuf entre les musiciens, au cours duquel Irwin Hall, le préposé au saxo, enflamme la salle en jouant un solo… à deux saxophones. Bien qu’il ne soit pas le premier à avoir exécuté ce type de voltige, être témoin d’une telle performance est pour le moins impressionnant. La prêtresse de la soirée réapparaît ensuite discrètement sous un imperméable et s’empare de la guitare pour dispenser un « Who Will Comfort Me » swinguant. La jeune femme fait souvent sourire le public en lui adressant la parole dans un français approximatif et à la deuxième personne du singulier. Elle clôture la soirée par « Over The Rainbow » une reprise joliment exécutée du grand classique de Judy Garland extrait du « Magicien d’Oz », interprétée en hommage à sa grand-mère.
Après un premier rappel, Gardot réapparaît à nouveau sur le podium, tandis que la salle commence à se vider. Devant les acclamations des moins pressés, la jolie blonde décide d’interpréter un dernier morceau pour la route. Elle tente une reprise de Trenet apprise le matin même. Deux essais plus tard, elle prend conscience qu’elle ne connaît pas encore assez bien le morceau et rend les armes, non sans rappeler ses musiciens pour un « Our Love Is Easy » qui pose la touche finale à un spectacle de deux heures envoutant et parfait en tous points.
(Organisation : Live Nation)