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Les échos intergalactiques de Mr. Bison…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
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Eric Ferrante

Eric Ferrante

mercredi, 06 octobre 2010 02:00

Dead band can dance!

Décidément, l’industrie du disque souffre cruellement de la crise. Faute de temps, on préfère  jouer sur la fibre nostalgique du consommateur et ressortir les vieilles casseroles. Miroir aux alouettes qui a grisé plus d’un groupe, au cours de ces derniers mois. Excités par leur égo, ils arpentent les devants de la scène dans l’espoir, à peine dissimulé, de revivre leurs heures de gloire passées. Armés, pour certains, de nouvelles compos (Teenage Fanclub, The Pastels, The Posies, …) ou encore de simples reprises (Supergrass, My Bloody Valentine, …), ils ne sortent cependant pas tous indemnes de l’expérience délicate du come-back. Pourtant, les fans suivent, animés globalement du désir compulsif de revoir enfin leurs idoles d’antan. 

Ce soir, direction Anvers pour découvrir ou plutôt redécouvrir l’une des formations les plus respectées de la scène pop alternative de Seattle des 90’s : The Posies. C’est après cinq ans d’absence –dix sur les terres anversoises– que Ken Stingfellow et Jon Auer sont venus présenter leur dernier opus (« Blood/Candy ») devant une poignée de spectateurs. Trois dates consécutives en Belgique (Anvers, Bruxelles et Liège), fréquence vraisemblablement coupable de cette faible assistance.

L’admiration vouée à ce quatuor s’explique aisément. Elle provient essentiellement du choix artistique sciemment adopté par les deux leaders de la formation. Un choix consistant à nager systématiquement à contre-courant. Alors que la quasi-totalité de l’Etat de Washington s’embourbait dans les profondeurs marécageuses du grunge, Auer et Stingfellow naviguaient paisiblement aux antipodes, à l’abri des vents dominants qui soufflaient sur Seattle dans les nineties. Les deux provocateurs américains revendiquaient fièrement leur pop classique. Une ‘power pop’ et une ‘retro pop’ vintage balançant des mélodies pures et lumineuses diamétralement opposées aux beuglements rageurs et suicidaires poussés par toute une génération d’adolescents. 

Lyrics simples mais certes pas innocentes. Car la qualité des textes chez The Posies constitue également l’autre force majeure du groupe. Une ‘power pop’ qui ressemblerait davantage à un indie rock alphabétisé tant la qualité des paroles est remarquable. « Every Kind of Light » en est d’ailleurs le plus bel exemple. Un sixième ouvrage studio, finement politisé, truffé de métaphores, dénonçant les faiblesses de l’administration Bush et la guerre en Irak. « Blood/Candy », d’apparence plus sage, n’en reste pas moins subtil.

Sur scène, la magie de The Posies procède davantage de l’alchimie opérée entre Auer et Stringfellow que dans les mélodies elles-mêmes. Car malgré les nombreux désaccords qui les ont déchirés, dans le passé, ces deux hommes se connaissent parfaitement et se répondent en écho. Les voix s’épousent naturellement et les guitares s’entrechoquent machinalement. Une vieille complicité qui se manifeste également lors des longs breaks entre les morceaux. Les deux Gretsch s’accordent instantanément. Le silence résonne d’histoires croustillantes contées à deux voix. Le ton est ironique et s’amuse à taquiner le public d’anecdotes sur les Flamands et les conflits communautaires. Les Laurel et Hardy US provoquent et usent de leur expérience scénique pour créer l’interaction et séduire, en fin de compte, l’assistance de leur humour caustique. Moments intimes qui prendraient presque l’ascendant sur la musique. Car, à vrai dire, la performance musicale déçoit par une carence indéniable d’inventivité et nous livre une musique pop classique sans grande originalité. Avec le temps, The Posies ne serait-il pas simplement devenu un dead band ? Un groupe qui serait définitivement entré dans les annales du Nord-Ouest du Pacifique ? Et « Blood/Candy », la dernière page de l'un des catalogues les plus convaincants de la pop moderne ?

Toutefois, les deux routards expérimentés (NDR : accompagnés de leurs deux fidèles musicos : le bassiste Matt Harris et le drummer Darius Minwalla) vont nous offrir quelques surprises pop particulièrement agréables.

Soulignons tout d’abord l’efficace ouverture emmenée par « Plastic Paperbacks ». Un titre traçant des lignes power pop parfaites dont les harmonies vocales s’avancent dangereusement en terre électrique. « Licenses To Hide » nous surprend ensuite d’un mini opera rock aux vibrations queeniennes.

Les riffs énervés, la batterie solide et les voix version « Nada Surf » de « Take Care Of Yourself » fournissent pourtant un supplément d’énergie à la setlist. Instant fragile trahi rapidement par un « The Glitter Prize » nous rappelant que les guitares d’aujourd’hui sont résolument plus sages que celles du temps de leur splendeur.

Dès lors, les morceaux joués au clavier demeurent les éléments les plus convaincants. Ceux qui exposent au mieux le potentiel inépuisable d’écriture des deux songwriters. « Enewetak » et « For The Ashes » atteignent alors de nouvelles cimes dans l'émotion piano-ballade.

Trois rappels qui s’éteindront enfin sur le lourd et volcanique « Definite Door » et qui illustrent les deux atouts majeurs du groupe : son infinie générosité et sa boulimie scénique.  

(Organisation Trix)

mardi, 05 octobre 2010 02:00

The dark side of the mountain

Après avoir publié deux excellents albums qui avaient propulsé Black Mountain sur le devant de la scène musicale étasunienne, le quintette psyché-rock canadien nous propose son troisième opus, une œuvre colorée de nouveaux sons. Habité d’une volonté constante de se réinventer (‘Is safe for the cowards to do what they’ve already done’), Stephen McBean emprunte les voies du métal pour construire les trames de son dernier elpee, sorti le 13 septembre dernier. Changement de direction manifeste observé sur les planches de l’Ancienne Belgique ce mardi 5 octobre. Le rock sombre et brutal profondément ancré dans les 70’s (Black Sabbath, Deep Purple, Pink Floyd, etc) et voilé d’une pop somptueuse a laissé place à des sonorités plus lourdes, plus excitées aussi. D’ailleurs, le chanteur Stephen McBean décrit ce dernier ouvrage comme le ‘most metal and most folk oriented record so far’. Si la volonté de changement est respectable, le résultat n’est pas toujours à la hauteur des ambitions. Le choix du hippie band de Vancouver s’explique probablement par le désir de s’affranchir des combos canadiens stéréotypés aux allures de groupe pour étudiants altermondialistes, des formations qui envahissent progressivement les médias internationaux, depuis l’explosion d’Arcade Fire, en 2005. Un désir de créer une authentique identité artistique ? Ou, plus simplement, une démarche opportuniste consistant à surfer sur une vague métal en pleine ascension ? Peu importe. Seul le résultat compte. Et le résultat… c’est l’impression que Black Mountain a loupé la marche du troisième album ! 

D’emblée, les cinq de Vancouver affichent les nouvelles couleurs du combo et haussent immédiatement le ton. Les cinq musicos nous balancent trois morceaux expéditifs aux guitares pyrotechniques. Quand « Wilderness Heart » et « Evil Way » nous assomment d’un métal lourd  aux saveurs pseudo-sataniques, « Let Spirit Rites » sonne un heavy métal seventies bas de gamme aux solos de guitares dignes du pire hair metal des années quatre-vingt. Instants terriblement éprouvants pour les non-amateurs de chevauchées métalliques.

Paisiblement, Black Montain retourne progressivement sur les territoires trippy de « Black Montain » et « In The Future ». Deux albums qui avaient reçu les faveurs du public et de la critique, en 2005 et 2008. Une accalmie qui réveille les mélancolies limpides, les mélodies extensibles et hétéroclites, les crissements extatiques des guitares, les séquences psyché hypnotiques, la mixité harmonieuse des voix de Stephen McBean et d’Amber Webber... Manifestement, le quintette excelle dans les séquences atmosphériques. Trips sonores titubant entre rock lourd et pop éthérée où le son dessine des reliefs d’ombre et de lumière, de brouillard et d’éclaircie. 

Mais la setlist proposée ce soir se veut résolument métal et éclipse rapidement les morceaux les plus additifs. « Old Fangs » repart alors à l’assaut d’un hard rock graisseux aux guitares ultra lourdes et aux synthés racoleurs. « Don’t Run Our Hearts Around » vient finalement sauver les meubles. Ses sublimes cascades de riffs stoner, son rythme pesant et sa construction schizophrène alternant des climats lourds et des escapades mélodiques clôturent le set de bien belle manière.

Parfois grandiloquents et excessivement nostalgiques, parfois subtils et dramatiques, les cinq artistes canadiens bousculent systématiquement le public par un décalage temporel et stylistique s’inspirant obligatoirement des années septante. Une carence de caractère qui mélange essentiellement les influences des orgues de Deep Purple, des riffs de Black Sabbath et du psychédélisme de Pink Floyd.  

Bref, un Black Mountain moins inspiré, se reposant sans doute sur ses lauriers, qui nous sert des mets nouveaux dont la qualité laisse à désirer et s’éloigne terriblement de celle d’« In The Future ». Reste à espérer que le groupe canadien ne soit pas arrivé au bout de sa formule et retrouve la force de se régénérer.    

(Organisation AB)

vendredi, 01 octobre 2010 02:00

Tout vient à point à qui sait attendre…

Il a fallu près d’une décennie avant que le premier long playing de Junip ne soit enfin publié. Victime du succès planétaire rencontré par José Gonzales, leader incontournable du groupe, le trio suédois végétait dans un demi-sommeil rêveur. Comme à la poursuite d’un songe d’adolescent, les trois amis d’enfance guettaient inlassablement l’instant. L’instant du premier Opus. Cet instant symbiotique convoité depuis 1998. Cet instant incessamment différé par la célébrité grandissante de l’enfant prodigue. Laissés dans l’expectative, Elias Araya (drums) et Tobias Winterkorn (claviériste) ont observé sans ciller l’ascension fulgurante du trinôme. Dès 2003, le songwriter suédois sort  « Veneer ». Premier album qui sera ultérieurement distribué en Europe et aux Etats-Unis par Peacefrog et Mute. C’est pourtant en 2005 que la plaquette rencontre un vif succès populaire et critique. L’utilisation de « Heartbeats » dans un spot publicitaire de Sony Bravia explose radicalement les ventes –plus d’un million de copies– et le couronne disque de platine au Royaume-Uni. Malgré le succès également rencontré par le deuxième album (« In Our Nature ») et les tournées interminables en solo, José Gonzales décide subitement d’abandonner sa guitare aux cordes d’acier noueuses pour rejoindre fidèlement ses deux autres tiers. Enfin, il reprend son souffle et peut se consacrer sereinement à son projet initial : Junip. Jouer en équipe l’inspire et le résultat est stupéfiant : ‘Nous ne sommes ni les meilleurs ingénieurs son, ni les meilleurs musiciens, mais nous savons enfin ce que nous aimons’. Dix ans de patience et de frustrations récompensés par « The Fields » : une curiosité folk-pop-électro qui frôle l’addiction.     

L’architecture minutieuse du premier album achevée, Junip peut maintenant user de ses mélodies pour fouler sereinement toutes les scènes internationales. Celles présentées ce vendredi soir au Grand Mix ont surpris d’une setlist hétéroclite oscillant du calme au rugissement, de la simplicité au désordre. Un patchwork capitonné d’une voix de chaman millénaire, de paroles férocement poétiques et de sons intentionnellement rugueux (rough) habillant les lieux d’un environnement flou, mélodique et hypnotique. Un mélange séduisant et capiteux qui nous plongerait dans les univers peu conventionnels du folk-jazz de John Martin ou de la soul psychédélique de Richie Havens ; le tout parfumé de sonorités krautrock. Bref, une capsule d’oxygène gonflée de folk, de krautrock et de pop offrant un nouveau souffle à un registre pop-folk fort poussiéreux.

Les trois pièces göteborgoises surprennent d’un concert rigoureusement équilibré et cohérent doté d’une mécanique mélodique de précision. Un set composé de chansons riches d’influences, sans texture ostentatoire, sans lenteur, sans variation dynamique inutile, sans accord superflu…

Ça et là, la chaleur des claviers de Winterkorn, les rythmes subtilement insistants d’Araya, la voix paisible et le lyrisme énigmatique de Gonzales tissent d’heureuses, de délicieuses mélancolies.  Paroles et mélodies oscillent entre chaos et renaissance, entre vie et mort (« Tide »). Quant à « To The Grain » et « In Every Direction », ils dessinent de majestueux voyages pop-folk voilés de paysages gris et automnaux.   

Ailleurs, derrière les beats et les guitares, Tobias Winterkorn élève des murs musicaux construits de sons analogiques, de Moog, de Rhodes puis laisse place à des moments plus vaporeux sur « Without You » et « Off Point ».

Plus loin encore, le jazz et les répétitions rythmiques éthiopiennes (NDR : technique héritée des origines africaines d’Elias Ayala) s’accordent subtilement aux airs latins (NDR : héritage musical issu des origines argentines de José Gonzales) et esquissent des champs exotiques exquis.

Junip sonne comme un vrai groupe. Un trio solide aux éléments complémentaires qui ne devrait pas faire regretter à José Gonzales son retour sur la ‘Junipsphere’. Une nouvelle expérience qui renforce incontestablement son répertoire et résonne comme une renaissance artistique, un heureux aboutissement de ses efforts passés. Un choix audacieux qui souligne la qualité de programmation du Grand Mix et vous réserve d’ores et déjà de belles surprises pour les semaines à venir (http://www.legrandmix.com)

Organisation Le Grand Mix

 

mardi, 28 septembre 2010 02:00

So British… so kitschy !

The Divine Comedy, c’est avant tout Neil Hannon, un auteur, compositeur et interprète qui reconnaît pour influences majeures Burt Bacharach, Kurt Weill, David Bowie et même Jacques Brel. Lors de sa dernière tournée, il était soutenu par une belle brochette de musiciens. Et son dernier opus, « Bang Goes The Knighthood », paru en mai dernier, ne trahissait certainement pas une volonté de se la jouer perso. En homme-orchestre si vous préférez. C’est pourtant, en solo qu’il se produisait ce mardi 28 septembre, à l’Orangerie du Botanique. Sous le patronyme The Divine Comedy…

21h10’ : le rideau rouge s’ouvre brusquement sur le cabaret musical de Neil Hannon ! Sous une formule intimiste et dépouillée de ses musiciens, le leader charismatique de The Divine Comedy entrouvre les portes confidentielles de son univers précieux et facétieux. Seul. Sobre. Vêtu d’un complet noir. Coiffé d’un chapeau melon noir. Instrumenté d’un piano Yamaha noir. L’artiste sort méticuleusement les précieuses partitions qui architecturent les symphonies sophistiquées de « Bang Goes The Knighthood » de sa serviette noire. A l’image d’un automate aux mécanismes parfaitement huilés, Neil Hannon se dandine au clavier, fabriquant, de ses doigts d’horloger, des atmosphères piano-bar sublimées d’une décadente nostalgie pop. Image d’un personnage semblant sortir des « Noces Funèbres » de Tim Burton qui aurait emprunté la voix de Sweeney Todd pour nous fredonner de charmantes capsules de comédies musicales désuètes (« Down In The Street Below »).

Toutefois, les ingénieuses orchestrations –point fort du dernier opus– brillent par leur absence et condamnent la première partie du set au calme et à la vacuité. Une impression d’inachevé résonne. Mais, ici, le chanteur irlandais se livre à un tout autre exercice : sa propre mise en scène. Son talent scénique, son humour british parviennent cependant à faire oublier l’absence de musiciens. Aidé de ses fidèles aficionados venus en nombre (concert sold out !), il parviendra finalement à tisser un lien de complicité avec les spectateurs. Interactivité croissante qui a eu le mérite de nous faire passer un chaleureux moment d’une heure trente-cinq. Les applaudissements suivant le premier rappel de plus de quinze minutes en témoignent d’ailleurs largement.

En outre, l’auteur-compositeur-interprète britannique passe sans complexe du piano à la guitare, livrant une musique baroque. Un retour aux sources qui rappelle son éternelle passion pour Scott Walker et ne laisse assurément pas indifférents les fans de la première heure.     

Peu importe la guitare, peu importe le piano ! Car, finalement, Neil Hannon, c’est avant tout une voix. Un timbre qui souffle et le chaud et le froid, invite le rire et les larmes. Up & down qui navigue, lunatique, entre drôlerie et tristesse. Un clown triste qui improvise et use d’inflexions vocales sur « At The Indie Disco » pour amuser le spectateur de beat box. Single qui sera suivi d’une délicieuse reprise parodique de « Human League ». Puis, la pénombre. L’artiste décide alors de jouer avec les cordes sensibles de l’auditeur et vous balance une drama-song mélancolique. Mais, attention, non sans une pointe d’ironie qui vous griffe au tournant. En bref, un artiste qui use habilement de sa voix et de la langue de Shakespeare.

L’ensemble du concert reste cependant fidèle au disque. Il nous livre une grande musique pop-baroque et un storytelling capricieux. Ici, pourtant, l’attention se porte davantage vers ce personnage imprévisible, capable de passer tout naturellement du drama au piano-bar popeux excentrique avec une grande cohérence.

Assurément, le passage de « The Divine Comedy » sur scène demeure toujours un événement inédit et incontournable.   

Organisation Botanique

(Voir aussi notre section photos)

dimanche, 08 août 2010 02:00

Esperanzah! 2010 : dimanche 8 août

Nul besoin de prodiguer les louanges du festival Esperanzah ! Car rien ne confère si sûrement la réputation que le mérite. Et cette renommée, les organisateurs l’ont habilement acquise lors de ces neuf dernières années.

Planté au cœur de l’Abbaye de Floreffe, le plus grand des petits festivals émerveille sans cesse le visiteur par son organisation irréprochable. Un événement qui enchante tant par sa qualité de programmation que par son site astucieusement pensé : un cadre prestigieux réinventé d’arbres décorés de vieux lampadaires, des façades ornées de tentes de camping qui se métamorphosent, la nuit tombée, en lampions géants, des barrières tapissées de dessins et de peintures, une grange revisitée en espace visuel accueillant des projections de films et des animations pour enfants… Chaque lieu abrite un petit secret, une idée subtile ! Une organisation impeccable manœuvrée par de réels mélomanes passionnés de musique du monde pour un public averti et chaleureux. Sans oublier évidemment le nombre incalculable de produits originaux et de mets exotiques (NDR : n’hésitez pas à goûter, sans états d’âme, au McDo local. Mac Donalgue vous propose, en effet, de malicieuses et délicieuses préparations à base d’algues marines !)

Par ailleurs, le festival parvient parfaitement à préserver son âme et sa philosophie originelle : tolérance, respect, égalité et découverte. Cette ‘volonté de privilégier des partenaires qui respectent des critères éthiques : Silly pour la bière, Oxfam pour les cocktails et le café, Sherpa pour le ticketting, Credal pour la finance…’ et la présence de nombreuses ONG en témoignent d’ailleurs amplement. Bref, Esperanzah! demeure une jolie invitation à la fête, au rêve, au voyage et au rapprochement des peuples dans un esprit d'ouverture et de métissage.

Cependant, ce festival ne se présente certainement pas comme un paradis terrestre réservé exclusivement aux fanatiques de world music et aux esprits militants. Il s’ouvre prioritairement aux amateurs de festival profilé à taille et à visage humain. Un lieu où il fait bon vivre et danser, limité à dix mille visiteurs par jour, privilégiant le confort du festivalier, fût-ce au détriment des enjeux financiers. Dès lors, sur les 28.000 têtes annoncées, on comptera 1.700 enfants de moins de dix ans venus sereinement fouler le pavé de l’abbaye.   

Trois jours, trois scènes et vingt-quatre artistes venus colorer une affiche 2010 plus cosmopolite que jamais : Ethiopie/Hollande (Getachew Mekuria), Espagne (Ojos de Brujo), Côte d’Ivoire (Dobet Gnahoré), Colombie (La-33), Serbie (Goran Bregovic), Le Peuple de l’Herbe (France), Russie (OgneOpasnOrkestr), Sénégal (Daara J Family), Chili (Chico Trujillo)… Une édition 2010 qui mue et se colore de sonorités toujours plus insolites. Toute âme gardée, Esperanzah ! fusionne de plus en plus les genres et sa farde étonnement de sons inhabituels. Le rock et l’électro (Ojos de Brujo, Bauchklang, Le Peuple De L’Herbe…) investissent crescendo le line up et semblent toucher un public plus éclectique que par le passé. Epiphénomène positif ou négatif ? Le festival ne déroge pas pour autant à ses principes d’ouverture et de découverte.  

Focus sur le 8 août ! Un doux dimanche d’août dont les faibles battements de pluie n’auront que très légèrement ébouriffé les dix mille têtes présentes sur le site pour assister à la l’événement incontournable de la soirée : The Great Goran Bregović.

Pourtant, ‘côté jardin’, les spectateurs se régaleront véritablement d’une double tête d’affiche : l’autoproclamé ‘orchestre de mariage’ serbe de Bregović et los fenómenos colombianos de La-33.

Authentiques phénomènes salsa-jazz dans leur pays, les douze de La-33 useront adroitement de leur expérience acquise lors de nombreuses prestations sur les scènes new-yorkaises et internationales pour faire vibrer l’abbaye d’ondes latines. Rapidement, s’exhale le parfum d’une savante mixture de salsa, de boogaloo et de musique folklorique colombienne. L’air frais et humide s’imprègne alors d’une chaleur tropicale. Le parterre trépide comme le plancher d’un train. Le public s’électrise de vapeurs latinos. Crescendo, voix, cuivres, percussions s’élèvent et lancent d’irrésistibles invitations à la danse. Aucune âme n’est épargnée. Les corps suent et le public exulte irrépressiblement. 1h30’ de fusion latine saupoudrée de jazz, de rock, de reggae, de ska. Un vacarme ingénieusement orchestré qui ébranle l’auditoire et ne laisse aucun cœur indifférent. Un répertoire riche incluant quelques heureuses surprises dont les deux célèbres covers du combo colombien : le thème de « La Panthère Rose » composé par Henry Mancini et « Roxanne » du groupe Police. L’expérience ‘Calle 33’ : un remède absolu au Xanax.

A peine le temps de s’essuyer l’esprit d’une averse colombienne qu’une tempête serbe nous assène une gifle orageuse. Tempête qui se laissera gentiment désirer. Les cris fusent, le sol tremble. Dix interminables minutes de retard se meubleront d’un chahut collectif. Manifestement, le public était venu en masse pour découvrir le plus grand chevalier de la musique balkanique. Brouhaha instantanément interrompu par la présence d’une fanfare sillonnant le parterre et annonçant le début des hostilités. Puis, sereinement, auréolé d’une lumière blanche, The Great Goran Bregović foule les planches seul pour une intro à l’accordéon qui donnera délicatement le ton. Immaculé de blanc, son orchestre des mariages et enterrements le rejoint aussitôt pour déclencher la foudre. Une foudre crépitant d’explosions sonores extrêmement diverses. Un feu d’artifice coloré de musique traditionnelle des Balkans mais aussi de rock, de pop, de flamenco, de tango, de musique classique… Un mega combo composé de voix, de cuivres, de cordes, de percus, de vents qui transcende le spectateur et le plonge dans une expérience quasi chamanique. D’emblée, les corps frissonnent de puissantes mélodies hispano-arabo-tziganes (« Balkaneros vamos ») qui étoilent la nuit et subliment le décor des façades habillées de lampions géants. Une musique  tissant un visuel imaginaire stupéfiant qui ranime nos esprits d’images tirées des scènes de mariage d’‘Underground’. L’âme sonore d’Emir Kusturica s’expose et s’impose. Ici s’exprime tout le talent du compositeur de génie. Préambule parfait pour introduire une séquence musiques de films nées de sa longue collaboration avec le cinéaste Emir Kusturica : le mystique « Ederlezi » du Temps des gitans,  l’exceptionnel "In the death car" d’Arizona dream… Puis, brusquement, hurlant ‘México!’, le combo serbe nous balance un tube léger qui ferait pâlir de jalousie tous les morceaux kitschy du monde. Instant où le kitsch devient art !

Le temps des rappels s’annonce malheureusement trop tôt. Mais, lorsque Bregović, dans un français parfait, décide de prolonger la fête en compagnie du public et l’invite à participer au débat, celui-ci exulte et s’époumone d’un ‘Chargeeez!’ sur « Kalashnikov ». La générosité de The Great Goran Bregović refuse alors de laisser le spectateur sur sa faim et décide d’affoler tous les sismographes de la région pour lui livrer toute l’essence brute et compulsive du rock balkanique. Les murs de l’abbaye de Floreffe en tremblent encore de bonheur !           

Avant de rejoindre nos chaumières, un petit détour ‘côté cour’ s’imposait tout naturellement afin de découvrir le collectif autrichien de Bauchklang (NDR : Bauchklang signifie en allemand ‘son qui vient du ventre’) qui avait la lourde tâche de clôturer cette édition 2010. Quintette atypique dont l’originalité réside principalement dans la structure de la formation où seuls la voix et les micros importent. Nul instrument à l’horizon. Cinq micros crachant un beat box survitaminé construit de voix à vous couper le souffle. Une performance volcanique qui ne calmera pas les ardeurs des festivaliers résolument décidés à prolonger les festivités. Les gradins de la cour vibrent ; le public s’anime violemment et semble conquis par le set surprenant livré par les cinq Alpins.  

Bauchklang, une formation qui illustre à nouveau cette volonté d’ouverture affichée par les organisateurs. Une heureuse curiosité qui invite le spectateur à participer à l’édition 2011 d’Esperanzah. Que de découvertes et de voyages musicaux inédits en perspective !

 

Le légendaire songwriter américain, Bruce Springsteen, a confirmé la réalisation d'un nouveau documentaire inspiré de « Darkness At The Edge Of Town ».

Publiant « Born To Run » en 1975, le Boss devient très rapidement une icône du rock US. Son saisissant mélange d’influences rock classiques, combiné à des lyrics frappées de sagesse parlant à Monsieur tout-le-monde, frappera instantanément les charts et les critiques de ses foudres.

Confronté à de tenaces conflits juridiques, le chanteur étasunien restera cependant absent des scènes internationales pour une longue période. Un statut qui l’empêchera de rendre public tout nouveau matériel.

Après maintes péripéties juridiques, Springsteen s’enfermera dans ses studios pour accoucher de « Darkness On The Edge Of Town » en 1978. Cet album beaucoup plus sombre et plus mature consacrera Bruce Springsteen comme l'un des auteurs-compositeurs les plus importants du rock mondial.

La réédition somptueuse de « Darkness On The Edge Of The Town », dont la parution est prévue pour Noël, comportera un  ‘making of exclusif’ présentant les étapes essentielles de la réalisation de cet album. Documentaire qui sera d’ailleurs présenté en première du Festival du film de Toronto au mois de septembre. Celui-ci comportera notamment des images inédites du travail en studio du « E Street Band ».

Un incontournable pour les fans du Boss.

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