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Didier Deroissart

Didier Deroissart

dimanche, 08 novembre 2015 18:07

Ne pas briser son cœur… de Pirate…

Née en 1989 à Montréal, Béatrice Martin, aka Cœur de Pirate, est devenue une artiste québécoise incontournable. Eponyme, son premier opus, est paru en 2008 au Canada, puis en 2009 en France. Et il faut reconnaître qu’il a fait un tabac. Saluée par la critique pour son écriture à nu, sa poignante sincérité et sa lumineuse douceur, elle écrit des chansons à la première personne du singulier, des chansons qui trouvent un écho différent chez chacun. Cependant, c’est au fil des tournées que la jeune artiste s'est affirmée… Elle se produisait donc ce dimanche 8 novembre à l’AB de Bruxelles. Compte-rendu.

Béatrice a choisi Charles Arkadin (NDR : il a tiré son pseudonyme d'un long métrage réalisé par Orson Welles qui relate les voyages accomplis, en Asie et en Amérique, par Gregory Arkadin, richissime marchand d'armes devenu soi-disant amnésique). Né en France, ce féru de cinéma et d'expérimentation pratique une forme d’électro/pop pointue, fortement influencée par le r’n’b yankee, qu’il chante dans la langue de Voltaire. C’est également le vainqueur du dernier crochet 'On a les moyens de vous faire chanter’, diffusé sur France Inter, qui s'est déroulé d'octobre 2013 à juin 2014. A son actif deux Eps 4 titres : « Valhalla », paru en 2014 et « Six nuances », en juin dernier.

Arkadin s’installe au milieu du podium. Il est soutenu par deux collaborateurs. Les deux musicos se servent des machines et des boîtes à rythmes. L’un d’entre eux se consacre également aux claviers et à la guitare.

Arkadin entame son set par « Valhalla », une ballade électro entraînante aux lyrics teintés d'érotisme. La voix est chaude, langoureuse, sensuelle même. Il filtre sa voix via le vocodeur sur « Danse-Moi », un morceau balisé par des accords de piano limpides. « Judith » est un titre plus paisible.

Il adapte le « Can't Feel My Face » de The Weeknd (NDR : c’est un Dj canadien), une cover qu’il se réapproprie superbement. Et le set de s’achever par « La pluie la nuit », une chanson imprimée sur des beats électros. Une belle surprise !

En 2015, Coeur de Pirate grave un quatrième opus (NDR : si non ne tient pas compte de la B.O. de « Child of light »). Intitulé « Roses », il est précédé par le single « Carry On / Oublie-moi », un titre remixé pour les ‘dancefloors’ par Martin Kierszenbaum, patron du label Cherytree (NDR : qui héberge notamment Sting et Feist), sur lequel elle signe d’ailleurs ses deux derniers elpees. Ce qui explique sans doute pourquoi, sur « Roses », elle opère un virage électro et chante en anglais.

Le retour de Coeur de Pirate était très attendu par les aficionados, tant de la première heure, que ceux qui l’ont découverte plus récemment. L’AB est d’ailleurs sold out.

Sauvageonne, copieusement tatouée et gentiment rebelle, Béatrice grimpe sur l’estrade. C’est sa seule date belge de sa tournée. Visiblement plus mûre, plus glamoureuse, plus belle et plus femme, elle va siéger régulièrement derrière un piano à queue de couleur noire, planté au centre de l’estrade. Ce qui ne veut pas dire qu’elle restera statique tout au long de son show. Au contraire, régulièrement, elle esquisse quelques pas de danse, suivant une chorégraphie particulièrement soignée (NDR : le spectre de Michael Jackson planerait-il encore ?). A sa gauche, s’est installée une préposée au synthé. Destiné à mettre davantage en relief, les titres les plus électro. Un drummer s’est posté en retrait, à l’extrême droite. Et puis, il y a aussi un bassiste et un guitariste.

Elle attaque son set par « Oceans Brawl », aux ivoires. Un spot de couleur bleue se focalise sur l’artiste. Tiens, des cuivres ! Ben non, ce sont des sonorités dispensées par le synthétiseur. La chanson terminée, Béatrice se présente (‘Je suis Coeur de Pirate’… on ne la connaît pas). Elle signale être de retour dans une salle mythique, qu’elle aime énormément. Au bord de l’estrade, elle évoque son nouvel opus, micro à la main, pour introduire « Undone ». Un titre plus électro, soutenu par la solide section rythmique. Béatrice remue les bras, se contorsionne et exhibe ses tatouages.

Plus pop et sucré, « Golden Baby » (« Blonde ») opère un retour à un plus ancien répertoire. Ses accords au piano lorgnent vers Supertramp. Ses textes ont de quoi interpeller ‘Je t'ai vu d'un oeil solitaire. Le pied dans l'arène pour te plaire. Et briller aux regards que j'ignorais’. Ses lyrics traitent souvent de la vie de couple. Ses hauts et ses bas. Des épreuves rencontrées au cours de l’existence. Un titre magnifié par les superbes harmonies vocales. Lors de « Drapeau blanc », elle exécute une danse endiablée. En outre, elle semble habitée par son chant. Un peu comme Björk. Sans doute fatiguée, elle revient derrière son piano pour aborder « The Climb », un intermède au cours duquel les autres musicos se sont éclipsés. Mais ils sont déjà de retour pour « I Don't Want To Break Your Heart ». Et manifestement, elle ne veut pas briser son cœur… de Pirate…

Elle nous parle de sa fille qui visite les Châteaux de La Loire, de ses parents qui l'accompagnent. Elle parle également de sa ville et du fleuve qui la traverse. « Saint-Laurent  » (« Blonde ») est un morceau plus tendre. Propice au slow même. Tout comme le crapuleux « Francis ».

Elle ose une cover du « Dead Flowers » des Stones, après nous avoir signalé que la chanson parle de drogue. Ce n’est pas la première réflexion cocasse qu’elle s’autorise, pour détendre l’atmosphère. Et l’adaptation est classieuse. « Cast Away » se révèle à nouveau intimiste, alors que « The Way Back Home » adopte le format électro, une compo qui relance notre Béatrice au cœur (NDR : de Pirate ?) de la danse. Au bout de 75 minutes, le set s’achève par « Crier Tout Bas ».

Avant d’attaquer « Comme Des Enfants », titre de son opus éponyme, lors du premier rappel, elle demande si le public connaît cette chanson. Eclats de rires dans l’auditoire. Qui reprend le refrain en chœur. Après six ans de scène, manifestement, Béatrice a acquis une fameuse expérience. Pour clore le spectacle mémorable, elle nous réserve le single « Oublie-Moi », puis la reprise du « Hold On, We're Going Home » de Drake.

(Organisation : Live Nation + Astérios)

Une soirée très particulière se déroule ce lundi 9 novembre 2015. Et pour cause, elle est entièrement consacrée aux Fab Four. En supporting act, le talentueux sixcordiste Antoine Goudeseune, et en tête d’affiche le cover band italien des Beatles, The Beatbox. Il est venu présenter son spectacle 'Revolution The Show - The Best Beatles Experience'. Un quatuor considéré comme le meilleur groupe de reprises des quatre de Liverpool au monde ; et dont le show s’étale sur plus de 150 minutes ! Il doit y avoir plus ou moins 500 personnes dans le Cirque Royal. Un auditoire, dont la majorité est à la fleur de l’âge. On y croise des barbus bedonnants (NDR : comme votre serviteur) et des mammys aux sourires éclatants. Mais également des plus jeunes. Et finalement, on peut affirmer que 4 générations vont assister à ces représentations. Parfait ! 

La première partie est donc assurée par un Binchois, Antoine Goudeseune. Un guitariste qui a adapté l'album « Abbey Road », en fingerpicking (NDR : voir chronique cd ici

Antoine monte seul sur l’estrade armé d’une gratte électro-acoustique. Tout au long du set, il va se servir d’une loop machine, d’une pédale de réverb et d’un accordeur, placés à ses pieds. Il ouvre son set par « Abbey Road » (NDR : il y a des parasites dans l’entourage de votre serviteur, qui décide de déménager). Et embraie par une adaptation sympa de « Lady Madonna ». Il revisite « I Want You » dans une version plus courte. Et explique que sur l’originale, en fin de parcours, il y a tellement d’instruments qui enrichissent les arrangements, qu’elle s’achève dans un chaos indescriptible. Aussi qu’il va essayer de recréer cette finale à l’aide de sa loop machine. Pari réussi ! Il enchaîne ensuite « Golden Slumbers », « Carry That Weight » et « The End », sous la forme d’un medley et achève son set, unplugged, par « Across The Universe », au bord du podium. Bel exercice de style, mais de l’endroit où se trouve votre serviteur, on n’entend rien…

Dans le cadre du quarantième anniversaire de la tournée américaine du plus grand groupe de rock de tous les temps, The Beatbox a créé le magnifique spectacle ‘Revolution’, rehaussé par un light show remarquable, retraçant l’histoire des Fab Four, depuis leurs premiers concerts accordés dans la ‘Cavern’ de Liverpool, jusque leur séparation. La setlist épingle les 40 chansons les plus notoires (“Twist And Shout”, “She Loves You”, “A Hard Days Night”, “Yesterday”, “Help !”, “Michelle”, “Sgt.Peppers LonelyHearts Club Band”, “Lucy in the Sky with Diamonds”, “Let It Be”, “Get Back”, “Revolution”, “Something” et Hey Jude, notamment).

Chargé d’histoire, le show évoque bien évidemment les 8 années d’existence des Beatles, mais également celle du rock. Des films d'époque sont projetés sur deux immenses téléviseurs vintage, placés aux deux extrémités de la scène. Alfio Vitanza, Mauro Sposito, Guido Cinelli et Riccardo Bagnolli ont souhaité que chaque détail soit minutieusement reproduit. Tant musicalement que visuellement. Taillés sur mesure, les vêtements sont à chaque fois adaptés pour l’époque. Depuis les costumes noirs classiques des débuts au look ‘baba cool’ d’« Abbey Road », en passant par les vestes brunes ‘Cosplay’ (NDR : comme celles portées lors du fameux concert accordé au fameux ‘Shea Stadium’, à New York city, en 1965) et les uniformes multicolores circa « Sgt Pepper’s ». Ils ont été confectionnés par la même maison de couture que ceux de la bande de Liverpool. Enfin, les musicos se servent d’instruments identiques et des mêmes amplis Vox. Le spectacle est divisé en deux parties, comme au cinéma ; mais la chronologie de la seconde sera quand même bousculée…

Et il s’ouvre par la diffusion d’images immortalisées dans la ‘Cavern’. Le mimétisme est parfait. L’imperfection du son reproduite. On remarque même les tics de Paul, alors encore très timide. (Setlist : « I Saw Her Standing Here » / « Please Please Me » / « Love Me Do » / « Please Mr. Postman » / « Roll Over Beethoven » / « She Loves You »)

Les artistes s’éclipsent pour enfiler leurs vestes 'Cosplay’. De nouvelles images défilent. Elles se concentrent justement sur celles des concerts filmés aux States, lors de ce périple accompli aux States, en 1965. De retour sur l’estrade, le quatuor transalpin aligne « I Want to Hold Your Hand » (NDR : c’est ce single qui a déclenché ce que les Yankees ont appelé la ‘British Invasion’, dans leurs hit-parades ; une chanson qui est la première des Beatles à avoir figuré au sein du Billboard), « All My Loving », « Can't Buy Me Love  », « This Boy  » et « Yesterday ».

Pas de changement de fringues pour achever la première partie au cours de laquelle se succèdent « A Hard Day's Night  », « Ticket To Ride », « I Feel Fine », « Help », « Day Tripper » et « Twist and Shout ». De 1963 à 1966, c’est la ‘Beatlemania’. Entre deux tournées triomphales, les Beatles tournent deux films ; mais découvrent également les substances hallucinogènes. C’est un tournant dans leur carrière.

De nouvelles vidéos et un changement de décor plus tard, le quartet revient, vêtu d’accoutrements psychédéliques. Tout s’est allongé : les vestes, les cheveux, les barbes et même parfois les moustaches. Un piano a été installé pour le clone de John Lennon (NDR : c’est l’époque à laquelle, ce dernier devient prolifique). Les Fab Four avaient publié « Yellow Submarine  », un dixième elpee. On aura droit notamment au titre éponyme de cet LP, mais également à « All You Need Is Love  », « Magical Mystery Tour » (NDR : la version du film) et d'autres morceaux. « Abbey Road », c’est le onzième et avant-dernier album du groupe. Il s’est vendu à 20 millions d’exemplaires. Et pourtant, c’est l’époque au cours de laquelle, les tensions entre les musiciens se multiplient. Néanmoins, George s’implique davantage dans la composition. Finalement, les sessions accoucheront d’un medley de 8 plages. Du tracklisting, seront extraits « Because », « Get Back », « Let it be », « Come Together» et « The End ».

Après un bref entracte de 10 minutes, on change à nouveau de panorama. Il est coloré et en toile de fond, juste derrière le double de Ringo, juché sur une estrade surélevée, est projetée l’image de la pochette de l’incontournable « Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ». Le drummer bénéficie de davantage de visibilité. (NDR : Ringo est parvenu à vaincre sa timidité et s’exprime plus souvent). Ce volet se consacre à la période 1967 - 1970 ; ce que les médias ont décrit comme ‘les années studios’. Un claviériste se place à l’extrême droite (NDR : coiffé d’une casquette, il réincarne Billy Preston). La musique est devenue davantage expérimentale. Les musicos lancent des bandes préenregistrées au sol et les recollent au hasard ; ils passent ce même type de support à l’envers (NDR : à l’instar de « Rain »), en accélèrent la vitesse ou encore ont recours à de multiples instruments, dont des violons ou des instrus folkloriques, et en particulier hindous. Défilent alors « With A Little Help From My Friends », « Lucy In The Sky With Diamonds », « Hello Goodbye  », « Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (reprise) » et « A Day In The Life », piste qui termine l’interprétation de ce concept album essentiel.

Le quatuor italien a accordé un rappel. Après un film aussi vivant, je quitte le spectacle, les yeux plein d'étoiles. Mais il se fait très tard, et ce matin, mon réveil va me rappeler à l’ordre dès 6 heures. The Beatbox se produira au Palais des Beaux-Arts de Charleroi le 17 novembre et au Théâtre Le Forum de Liège le 21 du même mois.

(Organisation: Dan Events Booking et I Live Genova)

Pour la deuxième fois cette semaine, votre serviteur opère un retour au sein de l’antre du rock alternatif bruxellois, le Magasin 4. Il y a déjà 21 ans que l'institution privilégie une programmation undergound. Ce soir, on y fête –sans doute–  Halloween avec 5 jours de retard. Banane Metalik est une formation rennaise responsable d’un style qu’elle a créé début des nineties, et qu’elle pratique depuis plus d’un quart de siècle : le gore'n'roll. Soit un punk/rock dont la forme théâtrale est mise au service de l’épouvante.

La soirée est presque sold out. Parmi l’auditoire on y croise des vieux punks, toujours aussi tatoués et les cheveux en crête. Ils peuvent impressionner, mais ne craignez rien, ils ne mordent pas. Mais aussi des métalleux aussi bedonnants qu’inoffensifs. Sans oublier les curieux de tout poil, qui recherchent des spectacles susceptibles de leur communiquer de bonnes sensations. Votre serviteur n’a cependant pas croisé de fantômes, ni de zombies. Faut dire que la crémation devient de plus en plus souvent la norme, dans le monde contemporain…

Le supporting act est assuré par Pipes and Pints. Un quintet issu de Prague réputé pour ses prestations ‘live’ bordéliques, sculptées dans un punk/rock/metal celtique. Pas de kilt, cependant, mais des cornemuses et des grattes explosives. Des tatouages aussi, mais ce n’est pas vraiment un scoop… 

Il est 19h30 pétantes, lorsqu’un musicien, le crâne rasé, surmonté d’une plume d'Iroquois, vêtu d’un jeans déchiré et d’une parure d’indien, monte sur le podium, armé d’une cornemuse.  Il est suivi d’un bassiste (NDR : gaucher comme Macca !), un guitariste (NDR : la casquette retournée, il a un look de rappeur) et enfin d’un vocaliste… tatoué. Il dispose de deux petites estrades qui, éclairées par un gros spot led, le rendent mystérieux. Car lorsqu’il n’y est pas juché, il se multiplie aux quatre coins de la scène. Festive, la musique de Pipes and Pints se célèbre le plus souvent dans les pubs où la bière coule à flots. Aussi, tout au long du set, les ‘round circles’ et les ‘circles pits’ vont se succéder. Et on est rapidement contaminé par cette ambiance entretenue par 20 morceaux aussi courts qu’intenses. Ils ne dépassent d’ailleurs jamais les 2 minutes. Une bonne mise en jambes ! 

Setlist : « Intro, Let' Go » / « City By The Sea » / « Calling Me » / « Stereo » / «Live And Thoughts  » / « One Connection » / « Fear Is First A Feeling » / « She'S The One » / « Different Way » / « Right Or Wrong » / « Run Away » / « Found And Lost » / « Bad Times » / « Never Let You Done » / « We Are Pipes And Pints » / « Brave Hearth » / « Heaven And Hell » / « USA » / « Warpath 82 »

Changement de matos. Les roadies apportent des cercueils (NDR : au dessus desquels des cierges seront allumés) qui dès leur ouverture vont laisser apparaître des amplis ‘Marshall’. Les micros sont affublés de membres humains qui pendouillent. Des crânes humains sanguinolents jonchent le plancher. Une imposante contrebasse est déposée devant la batterie. Deux grosses boîtes sont posées sur les énormes baffles disposés à chaque extrémité de la scène. Sur la première est mentionné le mot 'Gore' en rouge, et la seconde, 'Roll' en bleu.

Banane Metalik est une formation bretonne. Depuis septembre elle est en tournée pour 35 dates. Un périple qui transitait donc par le Magasin 4. Et chaque concert est rapidement décrété sold out. Ce soir, elle va certainement nous présenter des extraits de son nouvel Ep, « The Gorefather ».

Le line up implique le chanteur Ced666, les guitaristes Boris XxX et Yann Ripper, le contrebassiste Rico et le drummer PunkyBones. Hormis le vocaliste, tout de noir vêtu et dont les bretelles permettent de retenir son futal (NDR : soutien indispensable, sans quoi il terminerait à hauteur des chaussettes), les musicos portent des costumes rayés digne de l’époque 'prohibition' et sont coiffés de borsalinos.

La messe des morts-vivants peut commencer. Et elle va durer plus de 75 minutes. Venue d’outre-tombe, l’intro vous glace le sang, alors que « Les Enfants Des Ténèbres » vous remue les tripes. Ced666 demande de monter le son et de fermer la tenture destinée à masquer la porte d'entrée. A l’instar de Vincent, chez Aqme, la voix de Ced est hurlée, mais plutôt mélodieuse. Il chante également dans la langue de Voltaire. Il est partout à la fois : devant, derrière, sur les côtés, dans la foule. Les sonorités de grattes sont graisseuses et incisives. La section rythmique (contrebasse/ batterie) est solide. Mais surtout, le band donne tout ce qu’il a dans le ventre. Et le public réagit au quart de tout. Dans la fosse, la folie devient communicative. Les spectateurs sautent, jumpent, pogotent ou forment des ‘circle pits’… Ced666 remercie les responsables du Magasin 4 de leur avoir permis de caler une date au sein de cet endroit magique. Il signale également avoir récupéré le patrimoine français, à savoir Serge Gainsbourg et France Gall. Et notamment en leur consacrant une chanson à la danse. Ajoutant que les filles ne sont pas des putains de potiches. Avant d’attaquer une version au second degré du célèbre « Poupée de cire, poupée de son ». Les filles sont invitées à monter sur le podium, dans un chaos invraisemblable. Et personne n’est capable de les empêcher de grimper sur l’estrade. « Pussycat » est un morceau de punkabilly énervé, vitaminé et énergique. « Ride In Peace » est interprété dans la langue de Cervantès.

Un nouveau titre : « Funeral March ». De quoi réveiller les défunts. « Viva Gorr'N'Roll » est un véritable brûlot, susceptible de nous incinérer. C'est probablement leur hymne à la joie. Les punks, les skins et les métalleux devraient se reconnaître à travers cette chanson. Le setlist prévoit un rappel mais, le band enchaîne sur « The GoreFather » et ponctue finalement sa prestation par « Zombie ».

Lors d’un spectacle de Banane Metalik, le public n’est pas que spectateur ; il en fait également partie intégrante. Une forme de célébration, au cours de laquelle il devient un acteur privilégié. Et finalement, au sein de cet univers macabre, il se sent vivre ou revivre…

(Organisation : Magasin 4)

mercredi, 04 novembre 2015 00:00

Sans grand relief…

Après avoir accordé un premier concert, en mars dernier, à la Rotonde du Botanique, Jozef Salvat est programmé à l’Orangerie. Progression logique pour cet Australien dont le succès est croissant. Et pourtant, au départ, il devait se produire au Bar à Chicons. Mais vu l’engouement pour ce spectacle, une salle mieux adaptée était vraiment nécessaire, même s’il ne manquait que quelques spectateurs pour qu’elle soit sold out. Il est venu défendre son premier elpee, « Night Swim », paru ce 23 octobre 2015.

Le supporting act est assuré par Two Kids On Holiday, un trio issu de la Cité Ardente. Enfin, sur les planches ; car en studio, le line up est réduit à un duo. C’est-à-dire le drummer/chanteur Gil Chevigné et le chanteur/claviériste Julian Arlia. Le troisième larron n’est autre que Romain Cruppa, également impliqué dans un autre groupe issu de la Cité Ardente, Leaf House. Les artistes hébergés au sein du collectif Jaune/Orange n’hésitent pas à s’entraider ou apporter leur collaboration, c’est connu. Pas beaucoup de place pour le matos des 3 Liégeois. Ils s’installent donc en triangle, à l’instar de BRNS. Ce qui permet de resserrer les liens entre les différents musicos. Il s’agit du dernier concert accordé sous la forme d’un trio (NDR : Gil l’a annoncé sur son Facebook). Mister Alex est derrière les manettes. Donc le son sera nickel !

Depuis que les White Stripes et The Black Box Revelation ont pérennisé la formule guitare/batterie, de nombreux duos ont adopté un même principe. Mais des duos qui optent pour la combinaison batterie/synthé, c’est plus rare. Hormis Cats On Trees, je n’en connais guère d’autres.

« Aloha » sert de mot de bienvenue. Un mot hawaïen qui se traduit par affection, amour, compassion, pitié, au revoir ou bonjour. On comprend mieux pourquoi de petits palmiers (NDR : en plastique) entourent le drummer. Les harmonies vocales conjuguées par les trois musicos sont remarquables. Une compo pop à la mélodie sucrée caractérisée par des accords de gratte lo fi, des interventions subtiles de claviers et des bruits de clochettes. « Future Is Bright » est un morceau destiné à séduire le public féminin. Faut dire que la voix de Romain est très susceptible de faire chavirer le cœur des filles. « The Leaves Are Falling » vous incite à esquisser quelques pas de danse ; mais il y a peut-être un peu trop de monde pour pouvoir s'extérioriser. « Pirate » est dynamisé par des beats électro. Et si « Sunset » rencontre l’assentiment général de l’auditoire, c’est surtout « The Waves » qui se révélera le titre le plus ravageur du set.

A 21 heures pétantes, Jozef Salvat grimpe sur l’estrade. Son regard est perçant. Son nez effilé. Il rejoint son backing group déjà en place. Et la troupe entame les hostilités par « Night Swim », le titre éponyme du premier elpee. Les accords de gratte son limpides. Jozef ferme les yeux, comme s’il voulait s’évader dans un monde de rêves…

« Paradise » (Le Paradis Nous Trouvera) est davantage électro. Si les déplacements sur les planches de Jozef sont parfaitement exécutés, sa chorégraphie semble très inspirée de Michael Jackson. Son chant est clair. Son timbre chaud. Ses intonations sont irréprochables. Une voix empreinte d’émotion, qui émeut surtout la sensibilité féminine. Jozef remercie le public. Il est content d’être là aujourd’hui et le signale. Nonobstant son refrain entraînant, « Constant Runners  » ne parvient pas à accrocher. Il attaque « Secret » et « In The Audience », au piano. C’est mieux, mais pas encore transcendant. Sa reprise du « Diamonds » (NDR : elle figure sur l’Ep « In My Time ») de Rihanna est magistrale. Bien mieux que la version originale. Un bon point ! Les trois musicos qui accompagnent Salvat sont excellents. Mais définitivement, je ne parviens pas à me plonger dans le climat du set. Sans grand relief, il faut le reconnaître. En fait, le problème procède de la construction des compositions. Elles adoptent presque toutes un même schéma. Ce qui rend le concert monotone. D’autant plus que les chansons manquent cruellement de punch. Il y aura bien un rappel de trois morceaux, pour un show qui aura duré en tout 70 minutes ; mais franchement, ce soir, hormis lors de la prestation accordée par TKOH, votre serviteur s’est fermement ennuyé. 

(Organisation: Botanique)

lundi, 02 novembre 2015 00:00

L’esprit d’équipe…

Il y a bien un an que votre serviteur n’a plus mis les pieds au Magasin 4. C’était lors d’une soirée organisée dans le cadre de ses 20 années d’existence. Ce soir, Hugo Race se produit en compagnie de son groupe, The True Spirit. Personnage sympathique, cet Australien a sévi brièvement au sein des Bad Seeds, le backing group de Nick Cave. C’était en 1984. C’est d’ailleurs lui qui se consacrait à la guitare, lors des sessions d’enregistrement de l’album « From Her To Eternity ». Mais il souhaitait développer ses propres projets. Et tout particulièrement en montant The True Spirit. Ensemble, ils ont publié 15 elpees de 1987 à 2015. Belle preuve de fidélité ! Ce qui ne l’a pas empêché de participer à quelques autres aventures, aux quatre coins de la planète. Et notamment Sepiatone en Italie, Dirtmusic en Slovénie, Transfargo en Suisse, The Merola Matrix en Sicile et The Wreckery en Australie. Sans oublier son dernier, Long Distance Operators, au sein duquel milite la jolie violoniste, Catherine Graindorge.

Joe Speedboat sert de supporting act. Il est censé nous dispenser un garage rock teinté de grunge. Malheureusement, le gratteur/vocaliste aligne des riffs de guitare sans conviction ni motivation. En outre, il chante faux. La drummeuse semble s’ennuyer ferme. Seul le bassiste semble prendre un certain plaisir sur l’estrade. Pas de quoi rameuter la foule devant le podium, cependant. Qui est même plus que clairsemée, pendant cet hors d’œuvre sans grande saveur. Réaction, ma foi, logique…

Il y a pourtant du monde dans la salle. Mais elle s’est déplacée pour la tête d’affiche. Et en attendant, préfère squatter le bar. Hugo vient rendre visite à la Belgique, tous les ans, depuis pas mal de temps. Son backing group implique Brett Poliness (drums, backing vocaux) Bryan Colechin (basse), Nico Mansy (claviers/guitare) et Michelangelo Russo. Préposé aux moogs, à l’harmonica et à la trompette, ce denier (NDR : encore un barbu !) est également responsable des variations et bidouillages du son, y compris celui de sa voix ou de son harmo, qu’il filtre à travers un micro américain. Hugo se plante au centre de l’estrade. Devant son microphone, of course. Il se consacre également à la six cordes. La troupe est venue défendre son dernier opus baptisé tout simplement « The Spirit ». Mais aussi son futur Ep, « False Idols », dont la sortie est prévue ce 6 novembre. C’est d’ailleurs par ce titre que s’ouvre le set. Singulièrement électriques, les interventions de grattes sont incisives, alors que Michelangelo triture délicatement les sonorités, à l’aide de ses machines.

La voix de Hugo se fait tendre pour le lancinant et bouleversant « Elevate My Love », un extrait du dernier opus ; une compo qui s’aventure dans l’indus et au cours de laquelle Michelangelo souffle dans son harmonica, qu’il amplifie à l’aide de son microphone yankee. Une technique qu’il va reproduire régulièrement tout au long du spectacle. Et ce dernier est encore à la musique à bouche pour « Man Check Your Woman ». Il passe à la trompette pour « The Information », un titre balisé par les ivoires. La section rythmique est solide et permet aux longues parties instrumentales de se développer. Faut dire qu’on sent les musicos particulièrement soudés. Blues lent, « Sleepwalker » macère dans les marécages du Delta. Dans un même registre, « Dollar Quarter » s’avère plus classique. Un morceau visionnaire ? « Poor man ». A cet instant, votre esprit vagabonde au cœur du désert australien...

Caverneuse, envoûtante, la voix de Hugo me rappelle celle de Johnny Cash sur le plus country « Bring Me Wine ». Et le concert de s’achever par l’excellent « Higher Power », encore une plage issue du dernier opus. Un rappel de deux titres, mais pas renseigné sur la setlist, clôt ce set qui, manifestement, a ravi les aficionados de Hugo Race et de ses True Spirits

(Organisation : Magasin 4)

Le nouveau single de Charlie Winston, « Say Something » (NDR : c’est une nouvelle version) vient de sortir ce 30 octobre. Il bénéficie également d’une superbe vidéo. Une compo issu de son troisième opus, « Curio City ».

Charlie Winston est un Hobo au grand coeur. Il l'a déjà prouvé maintes fois. Cette vidéo a pour thème la crise migratoire en Europe. Les images ont été en partie tournées auprès des migrants bloqués à Calais. Notamment lors d'un concert qu’il a accordé ce 19 septembre et au cours de la marche organisée en solidarité avec eux.

Elle montre des images de ces être humains qui traversent le Vieux Continent, depuis les rives de la Méditerranée jusqu'à la 'jungle' de Calais, un camp toléré par l'Etat français, installé aux abords du centre d'accueil Jules-Ferry.

Charlie signale qu'il avait emporté sa guitare, en compagnie d’une équipe de tournage. Il raconte avoir joué avec les réfugiés dans les camps berlinois, à la frontière grecque et dans la jungle de Calais, où il a bien sûr manifesté et chanté. Les montants récoltés par cette compo seront intégralement reversés à la Croix-Rouge, qui a reçu le soutien de sa Fédération Internationale, de l’ONU et d’AVAAZ.org

De nombreux artistes ont collaboré à la confection de cette vidéo : Peter Gabriel, Sting, Michelle Rodriguez, Adriana Karenbeu, Matthieu Chedid et bien d'autres. Charlie est un tout grand bonhomme. Il partage sa musique généreusement avec son public et il n'est pas insensible aux actions caritatives. Un nouveau Messie nommé Charlie est peut-être né…

https://youtu.be/a6clIPEOcSc

 

 

jeudi, 29 octobre 2015 00:00

Une (n)ovation bien méritée…

Auteur/compositrice/interprète, Heather Allison Frith est née aux Bermudes, en juillet 1967. Ses influences majeures oscillent des Beatles à Jimmy Cliff, en passant par Neil Young, le Zim, Joan Baez ainsi que Simon & Garfunkel. C'est en 2002 que « Someone New », enregistré en compagnie du groupe Eskobar, décroche un hit. Ce qui va permettre à Heather de lancer sa carrière internationale. 600 concerts et 2 millions d'albums vendus plus tard, elle nous propose son 9ème elpee studio. Intitulé « The Way It Feels », il baigne au sein d’un climat folk/americana, mais ténébreux. Elle se produisait donc ce jeudi 29 octobre à l’Ancienne Belgique. Et pour accueillir cette artiste, la fosse est bien remplie.

Mishka n’est autre que le frère d'Heather Nova. Il assure le supporting act. Il est seul, armé de sa gratte acoustique amplifiée, ainsi que d’un tambourin, qu’il agite de son pied gauche. Il a une belle voix et ne manque pas de créativité. Il va même oser une incursion dans le reggae. Parfois, il me fait penser à Garland Jeffreys. Un hic, la foule couvre son set d’un brouhaha irrespectueux. Quand on a envie de tailler une bavette, surtout à l’AB, deux bars s’y prêtent à merveille. Les mélomanes ont aussi le droit de pouvoir librement apprécier –ou pas– l’une ou l’autre découverte. Tout en manifestant du respect à un artiste, surtout quand il a du talent. C’est dit ! 

A 20h45, les lumières s'éteignent. Heather Nova monte sur l’estrade flanquée de deux musicos. En général, la jolie blonde chante en s’accompagnant à la semi-acoustique. Mais suivant les circonstances, elle se consacre également aux claviers, au piano, au banjo, au ukulélé ou encore au mélodica.  

Le drummer/percussionniste est assis sur un cajon. Il est barbu et chevelu ! Il se sert d’un tom basse, d’une caisse claire, de cymbales et d’une grosse caisse. Arnold, le troisième larron est préposé au violoncelle, à la guitare électrique et à la contrebasse. En outre, il participe aux backing vocaux.  

« Threehouse » ouvre le show. C'est un extrait de son dernier opus, « The Way It Feels. Pour « Girl On The Mountain », Arnold troque son violoncelle contre un clavier. Miss Nova en profite pour changer de gratte. Et empoigne celle de son frère Mishka, restée sur l’estrade. La voix d’Heather est claire, cristalline, mais également puissante. Le sens mélodique de ses chansons est unique en son genre. Authentiques, chargées de feeling, elles sont tour à tour empreintes de mélancolie ou évoquent les grandes plaines du Far West. A l’instar de « Lie Down In the Bed You'Ve Made », morceau au cours duquel Arnold utilise sa gratte électrique à la manière d'une pedal steel. Plus nerveux, « London Rain (Nothing Heals Me Like You Do) » est cependant davantage sculpté dans le rock. Heather aborde seule « The Archaeologist », une ballade folk consacrée à Pompéi, en mode guitare/voix. Arnold siège derrière les ivoires pour « Fool For You » et « Winterblue » (« Wonderlust »), tout en participant aux vocaux. Le set s’achève par « Sea Change »…

En rappel, elle interprète « Still Got Love » en compagnie de son frangin Mishka, également préposé à la gratte semi-acoustique. « Sugar » et « Heart and Shoulder » couronnant ce spectacle ma foi fort sympathique… et ponctué d’une (n)ovation bien méritée…

(Organisation : Live Nation)

mercredi, 28 octobre 2015 00:00

Après 45’, la Metz était dite !

C’est la deuxième fois que votre serviteur se rend chez les chtis, cette semaine. Depuis l’aménagement (?!?!?) du piétonnier à Bruxelles, il est plus facile de se rendre à Lille, quand on veut assister à un concert. Pourtant, à l’instar de l’Ancienne Belgique, l'Aéronef soutient 'Liveeurope', la première initiative paneuropéenne destinée à promouvoir les artistes émergents. 'Liveurope' est un label de qualité européen attribué aux salles de concerts dont les critères d’excellence et de diversité déterminent la politique artistique. Coordonné par l'AB, ce projet est destiné à stimuler les jeunes talents issus du Vieux Continent, tout en leur permettant de se produire devant un nouveau public. La soirée a été baptisée 'Chez Ti, Chez Mi' (NDR : je vous le disais qu’on était chez les chtis !) La salle est bien remplie pour accueillir Crows et Metz.

Des groupes répondant au nom de Crows, il doit y en avoir une brouette. Celui-ci est londonien. Et reconnaît pour influences majeures Queens Of The Stone Age et The Brian Jonestown Massacre. Ce quatuor réunit Steve Goddard, Jith Amara, Lawrence Rushworth et le chanteur James Coxde. Ce dernier se sert de deux microphones aux tonalités différentes. On dirait qu’il est en perpétuelle recherche d’équilibre. Il s’appuie sur ses pieds de micros comme s’il s’agissait de béquilles. Il est chaussé de godasses élimées. Elles sentent (?!?!) le vécu…

Dès le début, on en prend plein des oreilles. Les riffs de grattes sont lourds, distordus, hargneux, puissants. Excellent showman, James déborde de dynamisme. Il entre facilement en communication avec l’auditoire. Féroce, sa voix semble habitée. Les drums sont percutants. Le batteur fait même littéralement exploser ses cymbales. Et la basse vous remue les tripes. Elle est même le fil rouge du single « Crawling ». Les haut-parleurs crachent leurs décibels. Ils vous transpercent le corps avec un bonheur certain. Quoique forgée dans le métal, l’expression sonore demeure cependant mélodieuse. Une belle découverte !

Metz ne nous vient pas de Lorraine, mais du Canada. De Toronto, très exactement. Le line up implique le guitariste Alex Edkins, le batteur Hayden Menzies et le bassiste Chris Slorach. Le combo est hébergé chez Sub Pop. Pour rappel, c’est le premier label de Nirvana. Le trio compte deux albums à son actif : « I » et « II ». Ce dernier est paru en mai 2015. Ces deux elpees ne comptent qu’une trentaine de minutes. Et les sets ‘live’ dépassent rarement les trois-quarts d’heure.

Metz pratique un punk/rock burné, malsain, furieux, animal, tourmenté, instinctif dont les sonorités évoluent à la limite de la saturation. Et pourtant, même si des bouchons sont indispensables pour vous protéger les tympans, le volume ne dépassera jamais les 95db. Mais la musique libère une telle intensité, suscite une telle excitation, qu’on ne peut que vibrer. Et puis, l’ingé son semble maîtriser parfaitement son sujet, ne laissant jamais le concert sombrer dans la cacophonie, privilégiant un confort d'écoute idéal.

Le set s’ouvre par « Headache », l'intro du premier album. Hystérique, le chanteur/guitariste est déjà en nage dès le premier morceau. Sa voix est âpre et gutturale. Le drummer défonce frénétiquement les peaux de ses fûts, à la manière d'un Dave Grohl ; la basse de Chris (NDR : on dirait qu’il est monté sur ressorts) vrombit comme celle de Krist Novoselic. On se croirait revenu au début des 90’s. Le spectre de Nirvana plane même parfois. L’ampli ‘Orange’ d’Alex crache des riffs de gratte poisseux, dévastateurs. Les titres –de véritables brûlots– dépassent rarement les 3 minutes. Il n’y a aucun temps mort entre les morceaux. Bruts de décoffrage, bruitistes, il sont également susceptibles de tremper dans le garage ou la noise.

« Eraser » communique une véritable décharge de punk viscéral. « Acetate » nettoie vos neurones, à l’aide d’acide sulfurique. Brutal, spasmodique, mais minimaliste, « I.O.U » lorgne davantage vers Steve Albini. « Wasted » vous retourne les tripes. Et les cordes, tant de la basse que de la guitare sont volontairement désaccordées pour achever le concert (NDR : le spectateur ?) Ce « We blanket » ponctue ainsi ce carnage jouissif… Car si cette musique te vide la cervelle, elle te donne la banane. Pas de rappel. Littéralement sur le cul, la foule accuse le coup et semble médusée. Après 45’, la Metz était dite !  

Les Sex Pistols, Clash et consorts on baigné ma tendre jeunesse. Ma seconde jeunesse, je l’ai vécue à l’écoute de Pearl Jam, Nirvana, Alice In Chains et d’autres combos qui émargeaient au mouvement grunge. Lorsque trois ans plus tôt, j’ai découvert Metz, j’ai eu l’impression d’être à l’aube d’une troisième jeunesse. C’est d’ailleurs la cinquième fois que votre serviteur assiste à un de leurs shows. Et puis, il faut croire que le Canada sera la nouvelle terre promise des amoureux du larsen jubilatoire. Après le spectacle, deux chtis me confessaient avoir les tympans en compote, mais avoir passé un très bon moment. Ben, faut savoir que pour les rapports sexuels, il est indispensable de se protéger. Mais qu’il existe aussi des protections pour les tympans… Qu’on se le dise !

(Organisation : Aéronef)

vendredi, 30 octobre 2015 19:11

La Croisée Des Chemins

Mazarin, c’est le célèbre cardinal qui a mis l'Hexagone à ses pieds, et son sort entre ses mains. Mais c’est également le patronyme choisi par Le Feuvre. Il est issu de Laval, en Mayenne. Echappé du groupe La Casa, (qu'il avait formé en compagnie de Jean-François Péculier), il a décidé d’embrasser une carrière solo, en 2012.

Le premier opus de La Casa, « Les trucs Abîmés », avait rencontré un certain succès. Ce compositeur/auteur/interprète et scénariste avait également écrit deux titres majeurs pour Hubert-Félix Thiéfaine : « La Ruelle des Morts  » et « Stratégie de l’Inespoir ». Deux perles qui ont permis au Jurassien de décrocher autant de disques. Les deux artistes partagent une même alchimie des mots, qu’ils traduisent en poésie. Pas étonnant que Lucas, le fils d’H-F, s’est chargé de la mise en forme de cet LP. Un ingénieur du son particulièrement doué, malgré ses 22 printemps. C’est déjà lui qui avait mixé « Stratégie de l’Inespoir  », le dernier long playing de son paternel, en 2014.

Le troisième collaborateur qui s’est investi pour ce projet s’appelle Frédéric Scamps. Fils de luthier roubaisien, il a fréquenté le Conservatoire, et à milité au sein du backing group de Johnny Hallyday. Il a également participé au deuxième chapitre de l’histoire de Stocks, comme claviériste.

Caractérisée par le recours à un marimba, « La Tête Dans Les Nuages » ouvre la plaque (‘C'est juste de la pluie, qui emporte tout, un nuage gris, qui assombrit tout, juste quelques larmes, qui tombent au compte-gouttes’). Bercée par une mélancolie douce, cette chanson nous parle de la Sambre. Une mélancolie qui baigne l’ensemble de l’œuvre. A l’instar de « Ce N'est Rien Du Tout » ou « La Mer », une plage enrichie de cordes de violon et de violoncelle. Susceptible de déchirer l’âme, « En Manque » lorgne vers Noir Désir. Et « Ma Ramure » pourrait figurer au répertoire de Thiéfaine.

« Le Temps Court » est le premier single extrait du long playing. La voix de Pierre glisse sur des beats électro. Des sonorités électroniques qui envahissent également « Allez Allez ». Plus pop, « La Croisée Des Chemins » lorgne vers les Innocents. De la pop, mais bien sucrée, dynamisée par des machines, qui alimente la comptine « A l'Ombre ». Et l’album s’achève par « Notre Place Au Soleil » ; de quoi réchauffer les cœurs, en cet automne un peu frisquet.

Un disque totalement de notre temps, qui ne boude pas pour autant les guitares, malgré ses expérimentations dans l’univers de l’électronique… 

Le Cardinal au coeur sentimental part en tournée en compagnie de Hubert-Félix Thiéfaine à travers tout l'Hexagone. Et pourquoi pas un petit crochet par la Belgique ?

On ne peut pas dire que votre serviteur ait pris son pied, la dernière fois qu’il s’est rendu à Forest National. C’était la semaine dernière pour le concert de Fall Out Boy, gâché par un volume sonore trop puissant. Ce soir, la salle est presque sold out. Il doit rester une centaine de places de libres, dans les gradins. Belle ascension pour Imagine Dragon, qui en 3 ans est passé du Witloof Bar à la Rotonde (NDR : vu l’engouement) ; puis s’est offert l’AB et le Cirque Royal, avant d’investir Forest National…

Le supporting act est assuré par Sunset Soons, un quatuor réunissant un guitariste, un bassiste, un drummer et un claviériste/chanteur. Quoique établis à Hossegor, en France, les musicos sont issus de pays différents (NDR : Royaume-Uni et Australie). Le combo s’est formé en 2010. Il jouit d’une solide réputation en ‘live’. D’ailleurs le Times lui a attribué un quatre étoiles, lors de sa prestation accordée au ‘Hoxton Bar and Kitchen’ de Londres. Et il figure également dans la prestigieuse shortlist du ‘BBC Sound of 2015’. Son nouvel elpee, « The Fall Line », est paru en mars 2015. Imagine Dragon a choisi ce groupe pour assurer le supporting act de sa tournée européenne et insulaire.

Sur les planches, le combo remue plutôt bien. Appréciable ! La voix du chanteur est limpide. L’instrumentation recherchée et efficace. Les refrains sont accrocheurs. Parfois, son indie rock me fait penser à U2. Mais le son est pitoyable. En outre, en observant les vumètres, je constate qu’il atteint parfois 110 db. Est-ce vraiment nécessaire ?

Imagine Dragons a vu le jour en 2008, à Las Vegas ; et a été bombardé ‘Winner Of The Week’ par le magazine Rolling Stone, lors de la sortie de son premier elpee, « Night Visions », disque qui a longtemps trôné au faite du hit-parade américain sur ITunes. Aux States, le band s’est forgé son expérience en assurant notamment les premières parties de Garbage, Hot Chip, Weezer, Interpol et The Killers. Et il a été battu de justesse par Coldplay, dans la catégorie ‘Best Rock Video’, aux MTV Music Awards 2012. Son deuxième opus a encore bénéficié, comme le précédent, de l’excellente mise en forme du producteur et compositeur Alex Da Kid (Eminem, Dr. Dre, Rihanna et Nicki Minaj).

Responsable d’un pop rock indie chargé de groove, mais aussi contaminé par le dubstep et le hip-hop, ce quatuor implique le chanteur charismatique Dan Reynolds, le guitariste (NDR : un chevelu !) D. Wayne Sermon, le drummer  Daniel ‘Z’ Platzman et le bassiste Ben McKee. Pour la tournée, le line up a recruté un multi-instrumentiste, préposé aux claviers, à la gratte et aux chœurs.

Huit écrans réfléchissants sont installés tout en longueur, en arrière-scène. Une avancée a été aménagée au centre du podium, afin de permettre au leader de se rendre, le plus près possible, de son auditoire. Devant les drums, on remarque la présence d’un énorme tambour. Des lumières blanches entourées de couleur bleue illuminent la scène pour accueillir le quintet. Et ce light show à l’américaine va nous en mettre plein les mirettes.

Puissant, « Shots » (NDR : c’est un extrait du nouvel opus) ouvre les hostilités. Les premiers rangs sont essentiellement occupés par de très jeunes filles. La compo s’achève sous un tonnerre d’applaudissements.

Les ivoires envahissent « Trouble », une chanson empreinte de douceur. Dan R. salue le public et crie 'Brussels' en levant les bras. C’est la folie dans la salle. Dan Wayne a changé de gratte, et dispense ses premiers riffs à l’aide d’une semi-acoutique. Et ils sont incisifs ! Plus sauvages, les accords de piano balisent cependant l’ensemble. Dans les gradins, les spectateurs sont debout. La reprise du « Forever Young » d'Alphaville est chantée presque a capella. Magique ! Dan Wayne a empoigné sa mandoline pour attaquer « It's Time ». La pression monte. La foule reprend le refrain en chœur et entre en communion avec le band. Le maître de la six cordes passe sa sèche au-dessus de l’électrique ; ce qui ne l’empêche pas de déambuler sur les planches.

Le batteur tire son épingle du jeu tout au long de « Polaroïd », une compo soulignée par des sonorités de clochettes, qui suscite le délire dans la foule, alors que les ‘Ho-Ho’ fusent aux quatre coins de la fosse. Qu’une multitude de smartphones illumine (NDR : le temps des briquets semble révolu !) 

Dan nous parle brièvement des réfugiés. Il semble quand même préoccupé par leur destin.

Au cours du set, le combo va nous proposer deux pots-pourris épinglant quelques-uns de ses tubes. D’abord, « Bleeding Out / Warriors / Demons ». Puis « Amsterdam / Tiptoe / Nothing Left to Say / Smoke and Mirrors », qui met alors en exergue la superbe voix de Dan. 

Pour « Gold », l’imposant tambour a été déplacé à la droite de Dan. Et des tom basses sont installés, près de chaque musicien. Mais pas du drummer. De quoi permettre à la compo de se frotter au dubstep et à la drum’n’bass. Daniel ‘Z’ Platzman nous réserve un solo de batterie hypervitaminé. Et en apothéose, « Radioactive » achève le concert ; un hit qui a fait connaître le groupe. Un morceau au cours duquel le tambour et les toms basse constituent de nouveau la source principale du groove…

« The Fall » sert de bref mais intense rappel. Une chanson contagieuse qui trotte encore dans ma tête au moment d’écrire ces quelques lignes. Ce soir Imagine Dragons a joué du tambour, mais surtout décroché la timbale…

(Organisation : Live Nation)

 

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