L/O/N/G est un projet imaginé par l’électronicien Rupert Huber et le leader des Walkabouts, Chris Eckman. Le tandem a choisi ce patronyme, car la gestation de cet opus a nécessité plusieurs années. Huit en tout. A l’origine, l’Autrichien et le Yankee s’étaient rencontrés dans un chalet, lors de la fête d’un ami. Et ils avaient jammé. De jams en jams, de fichiers échangés en fichiers échangés entre l’Ancien et le Nouveau Continent, l’opus a pris progressivement forme, pour aboutir à cet « American Primitive ». Et, il faut reconnaître que le fruit de cette rencontre entre folk/rock et electronica, est particulièrement réussi.
Très ‘groovy’ et hypnotiques, les deux premières plages, « Shoot your dog » ainsi que le titre maître, sont soulignées par des harmonies vocales glamoureuses, ‘bolanesques’. Encore que le résultat me fait plutôt penser aux expérimentations de Brian Eno, à l’époque de « Before and after science » (NDR : pensez à « Backwater »). Le spectre du légendaire artiste insulaire, plane d’ailleurs tout au long de l’opus. Comme par exemple, sur les titres les plus ambient, même si régulièrement, Chris vient délicatement ciseler les mélodies, à l’aide de sa six cordes acoustiques, en jouant en picking. Ou quand Rupert les balise de ses accords de piano sonore. La face la plus pop du divin chauve illumine également un titre plus pop comme « Shame this darkness », un titre imprimé sur un tempo métronomique. Eckman et Chantal Acda (Sleepindog) partagent un duo vocal sur deux plages atmosphériques, intimistes, « Wrong train comin’ » et « Night fishermen ». « Stockerau » flirte carrément avec la prog presque floydienne, mais dans l’esprit de « Dark side of the moon ». Un instrumental, tout comme « Longitude zéro », qui pulse comme à la belle époque du « How much are they ? » de Holger Czukay, Jaki Liebezeit et Jah Wobble. Et tout ce bel ensemble a été tissé méticuleusement, enrichi d’une multitude de petites touches sonores (organiques ou électroniques), afin d’aboutir à cette œuvre ambitieuse et intemporelle…