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Une petite souris dans le Corridor…

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Sebastien Leclercq

Sebastien Leclercq

dimanche, 05 juin 2016 19:28

Reset (b)

C’est en 1999 que votre serviteur a découvert Atari Teenage Riot, dans le cadre du festival de Dour, et sous une chaleur étouffante. Et il reconnaît avoir pris une claque monstrueuse… 

Peu après, la seconde choriste, Hanin Elias, avait tiré sa révérence. Mais c’est surtout le décès de Carl Crack, dans des conditions obscures, qui avait remis l’aventure du band en question. Cependant, malgré un long hiatus traversé jusqu’en 2010, il a continué sa route, de manière intermittente. Et tout particulièrement sur les planches, ne publiant qu’un seul elpee studio, en 2001, « Is this hyperreal ? ». 

Le duo charismatique Alec Empire et Nic Endo a donc gravé un nouvel opus, en 2015, « Reset », tout en continuant à enflammer les scènes. Une œuvre découpée en 10 pistes qui entretient la flamme du digital hardcore.

D’entrée « J1M1 » démontre que non, non rien n’a changé, mais tout a évolué. Les beats numériques cognent toujours aussi dur. Dans l’esprit de leurs cousins germains Scooter ou encore des Insulaires The Prodigy. Surtout en ce qui concerne le rythme breakbeat. Les guitares sont perpétuellement tranchantes et c’est le backing vocal de Nic qui vient booster l’ensemble.

Le titre maître du long playing rappelle que l’engagement sociopolitique du combo est intact (‘Nous vivons dans une décennie au cours de laquelle la violence engendre davantage de violence. Les forces destructives sont au travail ! Il est temps de se poser les bonnes questions. Prenez votre destin en main’).

Certains morceaux semblent avoir été enregistrés en public ou carrément au milieu d’un centre urbain (« Modern liars »). 

L’énergie est palpable tout au long de cet album, et il a fort à parier que ces compos devraient prendre davantage d’ampleur en ‘live’. Atari Teenage Riot se produira d’ailleurs dans le cadre de l’Ieper Fest, ce 13 août 2016.

 

samedi, 30 avril 2016 03:00

Une voix très british, Sir !

Rien de mieux, pour oublier une semaine pourrie par une météo quasi hivernale, que de se réfugier dans une salle de concert, ce samedi soir. Pénétrer dans l’antre du Botanique et traverser son long couloir vitré constitue d’ailleurs toujours une forme de réconfort.
Rover n’est pas seulement le nom d’une ancienne marque de voiture automobile britannique ; c’est aussi celui du projet drivé par le chanteur français, Timothée Régnier.

Paru en 2012, son premier elpee, avait été unanimement salué par la critique. Ce qui lui avait valu une nomination aux Victoires de la musique l’année suivante, comme groupe ou artiste révélation du public de l'année. Il a fallu attendre trois années pour voir paraître le deuxième opus, « Let it glow ». Confirmation ô combien délicate ! S’il a de nouveau été nominé aux Victoires de la musique, en 2016, dans la catégorie ‘Meilleur album rock’, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée début de cette année, aucun prix ne lui a toujours pas été décerné, le public français votant cette fois massivement pour la variété des Innocents, plutôt qu’un groupe en devenir.

Qu’importe, ce soir, même si le public est clairsemé, et l’Orangerie réduite à une configuration minimale, Rover ne va pas décevoir. Dès le titre d’ouverture, « Along », le décor psychédélique est planté. Un peu dans l’esprit de Blaudzun voire de Lumerians. Et la charge émotionnelle est bien palpable. Ce que confirme le leader à l’issue de la deuxième chanson : ‘C’était très important pour nous d’être ce soir à Bruxelles, on a dû reporter ce concert à plusieurs reprises à cause des événements tragiques, en Belgique et un peu partout en Europe’. Avant d’entamer son tube « Call my name ». Suivi de peu par un autre single, « Aqualast ».

Guère avare de commentaires entre les morceaux, Timothée nous raconte une anecdote relative à Bruxelles (NDR : un achat de ticket à la gare du Midi) ou improvise encore un cours de Breton pour introduire « Trugar ».

Mais Rover c’est avant une voix. Très british, Sir ! Sorte d’hybride entre celle d’un Roger Waters juvénile et de Neil Hannon (The Divine Comedy). Encore que parfois on y recèle des inflexions empruntées à Antony Hegarty, auquel il ressemble étrangement, mais également à Mark Kozelek (Red House Painters, Sun Kil Moon) ; mais ce dernier est américain. Une voix qui colle parfaitement aux ballades, réminiscentes des seventies.

Après 1h30 de show sans le moindre temps mort, le spectacle s’achève. Mais visiblement comblé, le public réclame un rappel. Rover va lui en accorder deux, aux cours desquels, il va interpréter « Let it glow », « Innerhum » et « Glowing shades ».

(Organisation : Botanique)

 

lundi, 14 mars 2016 11:25

Rats in the Burlap

Il y a bien 20 ans que Real McKenzies nous propose une musique, fruit d’un savant mélange entre folk celtique et punk enlevé. Troubadours des temps modernes, les musicos tournent énormément. En Belgique, ils avaient ainsi marqué de leur présence le festival de Dour, en 2006, et le Power de La Louvière, en 2011. Pourtant, à l’instar des Mahones, le combo ne nous vient pas d’Irlande ou d’Ecosse, mais du Canada.

« Rats in the Burlap » constitue son 10ème opus. Pas de surprise. La recette est identique. Titre d’ouverture, « Wha saw the 42nd » démarre sur un ballet de cornemuses, pour forger un hymne entraînant. « Who’d a tought » et « Catch me » balancent des accords simplistes et répétitifs qui auraient pu naître d’une rencontre hypothétique entre les Ramones et Motörhead. Plus country, « Spinning wheels » est enrichi par des accords de banjo. Quant à la voix éraillée de Paul, elle continue d’apporter cette touche punk à l’ensemble.

A l’instar des opus de Dropkick Murphys ou des Belges de Black Tartan Clan, cet LP a le don de mettre de bonne humeur. On a une irrémédiable envie de taper du pied et dégustant une bonne Guinness, au pub, en compagnie de ses voisins de comptoir…  

samedi, 04 juillet 2015 01:00

Open’er Festival 2015 : samedi 4 juillet

Accusant quelques jours de retard sur la Belgique, la canicule s’abat sur le Nord de la Pologne. On y dépasse allégrement les 30 degrés et le soleil cogne sec. Du coup, la plupart des spectateurs, y compris votre serviteur, débarquent plus tard en soirée. D’autant plus que cette année, les têtes d’affiches sont programmées en nocturne (2 heures du matin pour le ‘main act’ sur la scène principale).

Cette soirée commence tout en douceur par Hozier. Le jeune Irlandais est soutenu par deux jolies choristes et une contrebassiste, qui donnent une touche soul à son set. Et tout particulièrement sur la cover d’Ariana Grande, « Problems », « Work song » et son méga tube « Take me to church ».

De loin on entend les hurlements de Polonaises adolescentes. Sous une Tent stage bondée et plongée dans un véritable four, elles semblent aduler Years & Years. Et elles sont nombreuses à s’époumoner. Epaulé par un batteur et deux claviéristes, le chanteur possède une voix remarquable voix et affiche un physique juvénile. Bref, le public est conquis d’avance. De la set list, on épinglera les singles « Shines » (joué en milieu de set) et « King » (en clôture). Curieux, on avait quand même l’impression que ce concert était interdit aux plus de 18 ans.

D’autres chiffres : 48:13 s’illuminent en fond d’écran sur le podium principal. Et l’auditoire semble plus large. Pas de doute c’est bien Kasabian qui s’apprête à entrer en piste. Mais à force de les voir très (trop ?) fréquemment à l’affiche des grands festivals, ne risque-t-on pas de se lasser de leur présence ? L’entame porte à le croire, car le band apparaît fatigué, les traits tirés, sans doute par l’accumulation des dates de tournée. Et pourtant après un départ laborieux, les musicos retrouvent progressivement leurs marques. « Eez-eh » puis « Club foot » font bondir la foule sur un bon millier de mètres carrés. ‘You’re fuckin’ amazing’ lâche Tom Meighan. Boosté par ce public, Sergio Pizzorno commence à prendre réellement du plaisir sur scène et le concert finit vraiment par décoller. La machine à tubes est mise en marche. « Fire », puis en rappel « Vlad the impaler », « Lost souls forever » ou une surprenante cover du « Praise you » de Fatboy slim, sont autant de coups qui font mouche. Kasabian reste définitivement une valeur sûre pour ce type d’événement.

L’année dernière, St Vincent nous avait déjà bluffés lors du Primavera festival. Son dernier opus, sobrement intitulé « St Vincent », avait également recueilli les faveurs de la presse spécialisée. C’est donc enthousiaste que je rejoins la Tent stage, même si la fatigue commence à gagner en cette fin de séjour. Première surprise, la chanteuse, Annie Clark, a changé de look. Ses cheveux surtout. Elle n’est plus la blonde à la tignasse digne des Jackson Five, mais a opté pour une coupe plus proche de celle de Sinead O’connor. En outre, ses sourcils sont mal épilés ou (volontairement ?) grossièrement soulignés. Sa voix est en revanche toujours intacte, d’une limpidité qui lui a valu et qui lui vaut encore d’être comparée à Kate Bush. Et ce n’est pas usurpé. Quant au jeu de scène, il évoque davantage celui de PJ Harvey. Elle est perchée une structure cubique, dans l’obscurité et en retrait de l’estrade (NDR : une calamité pour les photographes !) Après avoir interprété un excellent « Digital Witnness » en milieu de parcours, le ton va radicalement changer. Annie s’avance sur le devant du podium et se lance dans de nouvelles chorégraphies en compagnie de sa claviériste Toko. Le concert devient beaucoup plus électrique, et la belle s’autorise plusieurs bains de foule. Elle va même rejoindre un des cameramen. Un show unique en son genre qui vient clôturer un festival tout en couleur et diversité.

L’heure du bilan a sonné. On cite le chiffre de 90 000 festivaliers pour les 4 jours. Une centaine d’artistes ou groupes se sont produits sur trois scènes différentes. Reste à analyser les points forts et les points faible de cette édition 2015 de l’Open’er :

Points forts :

-          Un temps toujours sec et pas trop chaud (sauf le dernier jour)

-          Une distribution de bouteilles d’eau aux premiers rangs

-          Une sécurité (un peu) moins drastique que dans le passé

-          Un public relativement bien discipliné (NDR : les quelques rares à uriner partout sont les Anglais)

-          Le prix des bières qui n’a pas augmenté (NDR : 2 € le demi-litre !)

Points faibles :

-          Une (toujours) trop grande distance entre les différents podiums

-          La suppression de la 4ème scène (alternative)

-          Son remplacement par une ‘beat stage’ bruyante et sans intérêt (sauf pour les clubbers)

-          La programmation des têtes d’affiche à des heures de + en + tardives (2 heures du mat’ pour le ‘main act’ sur la scène principale)

(Organisation : Open’er)

 

vendredi, 03 juillet 2015 01:00

Open’er Festival 2015 : vendredi 3 juillet

Autant l’affiche du mercredi était plutôt légère, autant celle d’aujourd’hui propose pas mal de poids lourds. Et comme d’habitude dans une telle situation, les choix cornéliens vont devoir être opérés dans la programmation par votre serviteur. D’autant que la distance entre les scènes (NDR : comptez un bon quart d’heure de marche minimum) ne permet pas toujours de passer d’un spectacle à un autre, rapidement...

Le premier choix se pose entre Of Monsters and Men et Thurston Moore. Finalement j’opte d’abord pour l’ex-leader de Sonic Youth. Ce qui semble logique, vu l’excellent elpee du band yankee commis en 2014, et puis son show très convaincant accordé dans le cadre du Primavera, il y a quelques semaines. Il n’y a qu’une centaine de spectateurs sous l’Alter stage tent pour accueillir la formation américaine. Ce qui confère une ambiance intimiste au concert, comme lors d’un showcase. Le public réunit essentiellement des quadras. Mais pas seulement. Certains ados ont enfilé des t-shirts à l’effigie de l’album « Goo », pourtant paru à une époque où ils n’étaient mêmes pas encore nés. Le quatuor déboule de manière plutôt désinvolte sur l’estrade, et entame un longue intro de riffs. Quelques minutes plus tard le drummer entame son drumming, laissant alors deviner le titre du morceau, « Forever more ». Joué en version maxi 45trs, puisqu’il sera tiré en longueur sur une bonne vingtaine de minutes. La set list embraie par « Speak to the wild ». Thurston semble devoir s’appuyer sur un pense-bête placé su un pupitre, pour lire les paroles des ses chansons. Sa mémoire deviendrait-elle défaillante, au fil de l’âge ? En tout cas, il est soutenu par trois excellents musiciens, aussi discrets qu’efficaces. La bassiste tourne ainsi constamment le dos au public. Et le batteur reste bien en retrait.

Il reste un peu de temps pour assister quand même au set de Of Monsters and Men. Un collectif de 9 musiciens qui se produit sur la scène principale. Et ils sont très jeunes. ‘It was our first time in Poland’ déclare l’un d’entre eux. Pas étonnant, puisque le combo islandais n’a enregistré à ce jour qu’un seul LP. En 2012 : « My head is an animal ». En fin de set, il attaque son single planétaire « Little talks » suivi de « Six weeks », pour conclure. Souriante, Nanna, la chanteuse, semble ravie de l’accueil de l’auditoire.

Et puisque nous sommes dans le revival folk, autant camper devant ce même podium en attendant Mumford and Sons. Après avoir gravé deux albums « Sigh no more » et « Babel », qui ont récolté un succès certain, leur troisième, « Wilder man », est paru cette année ; et il a pris un virage plus électrique. Pour aborder « Just smoke », le band est d’ailleurs soutenu par les Vaccines qui ont foulé les mêmes planches, quelques heures plus tôt. Cependant, il faut reconnaître qu’il ne prend guère de risques, proposant un show sans grande surprise ni éclat. En débutant par « Snake eyes », puis proposant leur single « I will wait » ainsi que le titre maître de « Babel », on a même parfois l’impression de fréquenter un saloon au beau milieu de Far West. Nombreuse, la foule semble apprécier. Perso, je vais voir si l’herbe est plus verte ailleurs… 

Encore que pour Swans, le climat est plutôt ténébreux et même tribal. Chevelure longue, grisonnante et hirsute, Michael Gira paraît en pleine forme. A ses côtés, on retrouve son fidèle guitariste Norman Westberg. Toujours aussi posé, mais terriblement efficace. Et également le dévoué claviériste Christoph Hahn. Trois vétérans ! Car le line up est complété par Thor Harris, aux allures de Viking, qui se déchaîne derrière ses percus. Pendant plus de deux heures, le groupe culte (NDR : il a notamment influencé The Young Gods) va nous balancer un son industriel, brut et sans concession. En accordant une large place à son dernier opus (« To be kind », paru en 2014), dont il va notamment extraire « A little god in my hands », « Just a little man » et « Bring the sun ». Malgré la durée du set (NDR : le plus long du festival) et des adieux au public, l’auditoire sollicite un rappel. Et on y croit vraiment, lorsque Gira revient sur le côté du podium. Les techniciens attendent également un signe du boss. Mais celui-ci leur signifie que le concert est définitivement terminé. Fait marquant, le groupe démonte ensuite encore son matos et échange quelques mots avec les fans restés derrière les barrières. Et pour que votre info soit complète, sachez que Swans publiera son quatorzième long playing cet automne… 

Autre scène et autre style pour D’Angelo (NDR : prononcez Di Angelo) and the Vanguard. Il vient à peine d’entrer dans la quarantaine, mais sa soul est digne d’un James Brown au sommet de son art. Ce chanteur/compositeur (et producteur) est particulièrement à l’aise sur le podium principal. Le public, venu en masse, est très réactif, même si j’imagine que bon nombre de spectateurs s’agglutinent contre les barrières afin de se réserver une place de choix pour le groupe suivant.

En l’occurrence The Prodigy, une des têtes d’affiche. Leur show fait toujours recette lors des grands festivals. Le band insulaire a, en outre, publié un nouvel LP, « The day is my enemy », en mars dernier. Et il tient la route. Le concert a pris un bon quart d’heure de retard. Un fait rarissime dans ce type d’organisation très (trop ?) réglée comme du papier à musique. Dès les premiers accords de « Breathe », les plus excités se mettent à bondir. L’agitation gagne tout au long de « Nasty » (NDR : un extrait du dernier opus), et se poursuit sur « Omen » ainsi que « Firestarter » qui embraient. Malheureusement on ne voit plus grand-chose. A cause du light show et des fumigènes. Même les écrans vidéo sont enfumés. Les cameramen ont beau switcher vers le noir et blanc, rien n’y fait. En outre, le set ne va durer qu’1h15. De quoi frustrer les aficionados. Il est vrai qu’alors, il est quand même déjà 3 h 30 du matin, lorsque le spectacle s’achève…

(Organisation Open’er)

 

jeudi, 02 juillet 2015 01:00

Open’er Festival 2015 : jeudi 2 juillet

Quand on séjourne en Pologne, on risque souvent de goûter les produits locaux. Et en particulier les boissons alcoolisées, dont la Zubrowska ou le Soplica (NDR : la CSA recommande de citer une troisième marque, donc la Zoladkowa, ce n’est pas mal non plus). Mais quand on en abuse, les lendemains sont difficiles. Ce qui explique pourquoi le compte-rendu de la deuxième journée de l’Open’er sera plus succinct…

Cependant, rien de tel qu’un set d’Eagles of Death Metal pour retrouver ses esprits. A peine les lumières sont-elles éteintes que le logo vintage ‘EODM’ s’affiche sur les écrans vidéo. Et déjà, la foule s’enthousiaste. « Bad dream mama » ouvre les hostilités. Le spectacle est autant dans les yeux que les oreilles. Dave Catching, le guitariste, affiche un look à la ZZ Top, alors que Jesse Jughes, le chanteur, me fait penser aux frères Cohen (NDR : voire à Gary Oldman). A cause de son faciès, mais également de son déhanchement adopté sur les planches. « Don’t speak », « Cherry Cola », « I only want you » rythment un set qui s’achève par « Got a woman (slight return) ». Des compos dont le style oscille entre rockabilly, surf/rock californien et même trash. En rappel, Jesse, qui dialogue souvent avec son public, scande fièrement ‘We have only time for one more song, but we will play two more songs for you’. Et les techniciens de commencer à regarder constamment leur montre, car ces deux derniers titres (« I want you so hard » et « Speaking in tongues ») vont s’éterniser. En fin de parcours, chaque musicien s’autorise ainsi son solo pour se présenter, avant de recueillir les applaudissements nourris du public. Le tout poncturé par une longue outro tout en riffs et ovations, comme si personne ne souhaitait que le show prenne fin. Les fans belges auront l’opportunité de revoir Eagles of Death Metal, ce 15 novembre, au Cirque Royal de Bruxelles.

The Libertines avait accordé un concert de piètre facture, à Forest National, en octobre dernier. Le team est-il décidé à renverser la vapeur aujourd’hui ? Oui et non ! Carl Barât est plutôt posé et s’applique au centre de l’estrade. A contrario, son compagnon d’infortune, Pete Doherty, prend plus facilement la pose plutôt que de se consacrer aux chœurs. Les liners viennent même lui servir des cocktails qu’on suppose fortement alcoolisés, entre différents morceaux. Mais ne boudons pas trop notre plaisir. Car on a aussi la chance de revoir ces deux artistes ensemble, qui se partagent les vocaux, notamment pour « Music When The Lights Go Out ». Même s’il faut attendre la fin de set pour retrouver un peu d’éclat à leur prestation. Pete s’avance quelque peu vers le bord de l’estrade lors de « You're My Waterloo », moment choisi par les fans pour lui balancer quelques projectiles. « Don't Look Back Into the Sun », « Up the Bracket », « What a Waster » et « I Get Along » vont alors clôturer un long rappel.

En assistant à la prestation de Refused, j’espère secrètement qu’elle sera bien plus percutante de celle des Londoniens. Ce groupe punk suédois avait signé sur le célèbre label Epitath, au cours des années 90. Les compos passe bien la rampe. Le jeu de scène est excellent et évoque même leurs compatriotes The Hives, au sommet de leur art. Malheureusement la voix de Dennis Lyxzén, le leader, gâche toutes ces bonnes dispositions. Ses cris et ses hurlements m’exaspèrent rapidement. Proche du screamo, cultivé à une certaine époque par des formations de métal peu inspirées, ces vocalises m’incitent à changer d’air…

Le compte à rebours est lancé sur la grande scène. Le public est alors constitué de clubbers. Normal, vu l’heure tardive. Et l’ambiance commence à chauffer. Aussi dès que Major Lazer déboule sur le podium, le show peut s’enflammer. Un spectacle bien plus visuel que sonore. DJ Diplo est installé sur un podium cubique. Surélevé, bien sûr. Sur lequel viennent, tour à tour, se produire deux chanteurs. Quatre danseuses plutôt sexy multiplient les déhanchements au bord de l’estrade. Des fumigènes et serpentins planent au-dessus de l’auditoire. Bref, on a alors l’impression de vivre au sein d’un dancehall version géante. Et le public réagit en bondissant, motivé par les ‘Are you ready ?’ et ‘Everybody moves your hands up’ scandés à tout-va. Perso, c’est surtout l’aspect visuel qui me botte. Il est à la fois original et bien rôdé. Mais la musique me laisse sur ma faim, même s’il faut reconnaître que par rapport à sa prestation accordée au Bota, Major Lazer est en net progrès. En espérant que celle qu’il accordera au Palais 12, le 12 octobre prochain soit encore de meilleure facture…  

(Organisation : Open’er)        

 

mercredi, 01 juillet 2015 01:00

Open’er Festival 2015 : mercredi 1er juillet

Malgré une longue journée de voyage passée dans le bus, le train, l’avion puis encore le train et le bus, mon enthousiasme n’a jamais faibli à l’idée de pousser les portes de ce festival. Et même si l’affiche de ce jour est (trop) largement chargée de hip-hop (Asap Rocky, Drake), à mon goût. Car au bout de ce chemin de croix se dessine un large site vert, en bordure de mer baltique et d’un aérodrome. Idéal pour apprécier les concerts en toute quiétude.

La soirée de votre serviteur commence par Modest Mouse. Après des débuts prolifiques, le rythme de croisière du combo s’est fortement ralenti. L’avant-dernier elpee « We Were Dead Before the Ship Even Sank », avait ainsi été repoussé à 2007. Il avait cependant permis la collaboration de Johnny Marr, mais également de Heath Ledger, peu de temps avant sa mort, pour réaliser un clip vidéo. Après l’annulation d’une tournée européenne (NDR : la formation se produit rarement sur le Vieux Continent, privilégiant les States), il a fallu attendre sept longues années avant que le combo ne grave un nouvel LP. Il s’intitule « Strangers to Ourselves », et est paru il y a quelques mois. De quoi être curieux de voir ce qu’Isaac Brock et sa bande sont encore capables de produire sur les planches. Un backing group réunissant huit musicos. Lorsque les 3 grattes s’impliquent, le ton est alors naturellement et résolument électrique. Mais l’expression sonore est également susceptible de se ressourcer aux cuivres, au banjo ou au violon. La voix très caractéristique d’Isaac me rappelle tour à tour David Byrne, Alec Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah) ou encore Tim Beeler Darcy (Ought). Malheureusement, elle est quelque peu étouffée par le son médiocre dont souffre la grande scène. Et c’est bien dommage. En fin de parcours, « Float on » s’étend sur la plaine. Un tube parfois volontairement ignoré dans la set list par Modest Mouse. Car Isaac Brock a un sacré tempérament. Pas toujours très facile. Mais ce soir il est de bon poil et communique avec les premiers rangs (NDR : même s’il avoue ne pas bien les entendre). Et en rappel, le très dansant « The view » et le remuant « A different city » clôturent une prestation qui a tenu la route. En espérant un retour au premier plan pour ce combo yankee…
Set List : Bury Me With It / Tiny Cities Made of Ashes / Lampshades On Fire / Dashboard / Doin' the Cockroach / The Tortoise and the Tourist / This Devil's Workday / King Rat / The Ground Walks, With Time in a Box / Dramamine / Float On / Sugar Boats / The World at Large / Rappel : Coyotes / The View / A Different City

Un coucher de soleil d’un côté et la pleine lune de l’autre attendent le spectacle de Chet Faker. Sous la Tent stage, le son est excellent. Véritable showman, l’Australien va facilement parvenir à conquérir les yeux, les oreilles et surtout les cœurs des jolies Polonaises. Elles se sont agglutinées sous ce chapiteau. Par conséquent, il affiche complet, et c’est à l’extérieur et à une bonne centaine de mètres de l’estrade, qu’il faut suivre le set. Souvent seul au clavier, Chet Faker cumule les ballades et multiplie les pauses de dandy. Le drummer et le gratteur ne l’accompagnent qu’épisodiquement. Un peu trop fade à mon goût. Il est donc préférable d’aller voir ailleurs…

Il y a nettement moins de monde devant l’Alter stage pour accueillir Two Gallants. Un public plus mature qui agite la tête tout au long de « Reflections of the Marionette », dont le crescendo est toujours aussi décapant. Adam Stephensen à la guitare et Tyson Vogel (NDR : toujours aussi chevelu) sortent tout ce qu’ils ont dans le ventre. Manifestement, le duo a encore la pêche. Et va notamment le démontrer sur « Steady rollin’ » et « Halcyon days ».

Au loin, on entend quelques notes ‘soul’. Il est temps d’aller à la rencontre d’Alabama Shakes. Comme son patronyme le trahit, le band est originaire d’Athens, dans l'Etat du sud-est des Etats-Unis. Il s’était illustré par la confection de B.O. pour plusieurs longs-métrages dont ‘Dallas Buyers Club’ et ‘12 Years a Slave’. « Boys and Girls » était paru en 2012. Et son nouvel opus, « Sound and Color », en avril dernier. Britanny Howard a du coffre. Au propre comme au figuré. Sa voix impressionne et balise une musique qui oscille du jazz au folk, en passant par le rock et le blues, une expression sonore qui me fait parfois penser aux Black Keys. On a envie de taper du pied. Mais la fatigue accumulée commence à gagner votre serviteur qui n’a plus qu’une seule envie, regagner ses pénates…

(Organisation Open’er)

Depuis 4 ans, le célèbre festival barcelonais Primavera s’est doté d’une succursale à Porto. Et même si l’affiche est un peu moins riche que chez son rival historique, l’édition lusitanienne a plus d’un charme. A commencer par un accès facile à la ville, de nombreux vols charters, des transports en commun à profusion, et toujours une personne âgée prête à vous renseigner poliment.
Autre point fort : la configuration du site, au milieu d’un parc verdoyant, en bordure de mer. Et les terrains sont en pente. Ce qui permet de voir les concerts à distance.
En ce dernier jour du festival, le soleil radieux est (enfin) de la partie. Ce qui me pousse à me rendre à la plage, pour y entendre, d’un côté le bruit des vagues, et de l’autre, mais de loin, le soundcheck de Baxter Dury…

Au bout de quelques heures de farniente, je décide quand même d’assister à la fin du set de Baxter Dury. En fait, je l’avais déjà vu dans le cadre des PiaS Nites, pour un concert fort semblable. Et puis, mon retour sur le site est dicté par la présence de Thurston Moore qui joue dans le même timing, sur une plus petite scène (ATP). A une certaine époque, l’ex-leader de Sonic Youth affichait une attitude de shoegazer (NDR : pour les néophytes, il s’agit de musicos qui ont constamment les yeux rivés sur leurs chaussures ou leurs pédales de distorsion ; et par conséquent ils négligent de communiquer avec le public). A sein de son nouveau combo, il déborde d’énergie et de rage sur les planches. Ce qui fait plaisir à voir et à entendre. D’autant plus que son dernier opus, « The best day », figurait au sein de la plupart des tops 20 des collaborateurs de Musiczine, pour l’année 2014. Le set commence par le titre d’ouverture de l’elpee, « Speak to the Wild », un morceau tout simplement épatant (NDR : pour reprendre un terme cher à Marc Ysaye). Et les riffs de gratte illuminent « Detonation », alors que le soleil brille de mille feux. La foule commence enfin à s’emballer. En finale, « Ono soul » est une compo qu’on pourrait qualifier tout simplement de chef d’œuvre (NDR : Marc Ysaye, sors de mon corps !)

Au cours des dernières années, les grands festivals programment des vétérans à leur affiche. De manière à attirer des quadras voire des quinquagénaires. Einstürzende Neubauten a ainsi été invité. Et votre serviteur ne va pas s’en plaindre, lui qui se presse à l’Ancienne Belgique, tous les 5 ans, pour fêter leur anniversaire. Et bonne nouvelle, ce soir ils proposent une forme de ‘best of’ plutôt que de se focaliser sur « Lament », un concert que Musiczine avait d’ailleurs relaté (voir ici). Le band entame les hostilités par « The garden », un titre paru il y a près de 20 ans et qui figure sur l’LP « Ende Neu ». En ‘live’, il s’achève par des cris proférés par Blixa Bargeld. Un Blixa qui semble calme et serein (c’est déjà un bon signe). Le décor est planté. Tout au long de « Haus der Lüge » le multi-percussionniste N.U. Unruh se lance dans ses expérimentations industrielles. Et « Sabrina » de clore le spectacle tout en douceur ; moment choisi pour foncer vers le podium principal, Palco NOS.

Où se produit Damien Rice. L’Irlandais impressionne. Et pourtant, il est seul armé uniquement de sa guitare. Il domine parfaitement son sujet. Tant l’espace scénique que la plaine ! Le public est captivé par les longues ballades, qui servent régulièrement de bande originale pour films ou documentaires, comme « 9 crimes ». Et visionnaire, son titre de clôture, « The Blower’s daughter », est beau à pleurer, nous entraînant au cœur de contrées imaginaires. Le concert le plus émouvant de ce festival.

Ride, ce sont encore des ‘vieux de la vieille’. Après My Bloody Valentine et Slowdive, c’est au groupe d’Oxford qui a marqué le début des 90’s d’opérer son come-back en grande pompe. La prestation démarre en force par son hit « Leave Them All Behind », mais au fil du temps elle va perdre en intensité. Pour adopter un style épousé davantage au cours de la seconde moitiés des nineties. Le rôle d’Andy Bell (NDR : oui, oui, celui qui a milité au sein du dernier line up d’Oasis) y est alors prépondérant. En prenant le pouls de quelques inconditionnels, on apprend que le set accordé au Paradiso d’Amsterdam, quelques jours plus tôt, était bien plus percutant… 

Après la ‘déconnade’ de Mac Demarco, place à celle de Dan Deacon (NDR : pas difficile, vu son nom !), le natif de Baltimore. Il maîtrise à la perfection une electro bordélique, déjantée, bidouillée et balayée de cafouillages vocaux. « Sheathed Wings » en est l’illustration parfaite.

Toutefois je ne m’attarde pas trop longtemps dans cette atmosphère délirante, car il serait dommage de manquer le show d’une autre découverte de ce festival, Ought. Fin 2014, le quatuor s’était illustré à l’Ancienne Belgique de Bruxelles, lors d’un double concert partagé avec Vietcong (NDR : band qui se produisait d’ailleurs ici la veille). Sur la petite scène ATP, dont la programmation a définitivement surclassé toutes les autres ce samedi, le combo américain établi à Montréal va démontrer toute l’étendue de son talent. Une étoile filante au milieu de la nuit signée paradoxalement chez Constellation Record (NDR : label de référence fondé par Godspeed You! Black Emperor). Le titre de son elpee, « Ought : More Than Any Other Day », est tout à fait judicieux. Le ton et l’attitude résolument post-punk. Suffit de regarder le physique et d’écouter la voix du leader Tim Beeler, sorte de Mark E. Smith rajeuni, bien sûr. Mais tant le rythme que les grattes sont plus tranchantes, lorgnant davantage vers Fugazi voire Haymarket Riot. Tout en saupoudrant le tout d’une touche de pop contemporaine, à l’instar de Cage the Elephant. Un groupe à revoir le plus tôt possible et surtout à suivre de très près. Il est 3 heures du mat’, et l’heure du bilan de ce festival a sonné.

Et premier constat, la programmation était intéressante. 49 groupes ou artistes ont attiré 77 000 spectateurs sur trois jours. Ce qui demeure raisonnable par rapport aux autres grands festivals.

Et comme la comparaison avec le Primavera de Porto est inévitable, quels sont les plus et les moins par rapport au grand frère ?

Les plus : un prix plus démocratique, un site vert et en pente, une plus courte distance entre les scènes, des stands de nourriture variés.

Les moins : l’affiche moins dense (surtout le premier soir) et un public plutôt réservé ; ce qui a cependant permis d’écouter les concerts dans de bonnes conditions...

 

Depuis 4 ans, le célèbre festival barcelonais Primavera s’est doté d’une succursale à Porto. Et même si l’affiche est un peu moins riche que chez son rival historique, l’édition lusitanienne a plus d’un charme. A commencer par un accès facile à la ville, de nombreux vols charters, des transports en commun à profusion, et toujours une personne âgée prête à vous renseigner poliment.
Autre point fort : la configuration du site, au milieu d’un parc verdoyant, en bordure de mer. Et les terrains sont en pente. Ce qui permet de voir les concerts à distance.
Pour ce deuxième jour du festival, les 4 scènes sont ouvertes, et le nombre d’artistes à s’y produire est bien plus conséquent. Dès lors, les choix cornéliens se multiplient.

Et le premier intervient entre la poétesse Patti Smith –qui a décidé de se concentrer sur son elpee « Horses », après avoir exécuté un ‘spoken word’ la veille– et les jeunes loups de Viet Cong. Et c’est finalement pour ces derniers que j’opte. Auteur d’un premier album éponyme flamboyant, le band canadien (NDR : non, non, ce combo n’est pas originaire d’Asie du Sud) avait déjà opéré un passage remarqué au Botanique et à l’AB Club. Et cet après-midi, il va confirmer tout le bien qu’on pensait de lui. Entre post-punk exaltant et noisy décapante, son expression sonore aurait pu naître d’une rencontre hypothétique entre Fugazi et IlikeTrains. Dommage que la foule soit si peu réceptive ; mais on doit s’y faire, le mélomane portugais n’a pas le même tempérament que l’espagnol. Ce qui permet néanmoins de profiter des spectacles dans d’excellentes conditions, et tout particulièrement d’écouter la musique sans qu’elle soit parasitée par des excités bruyants.

Quoique approchant les 60 balais (NDR : la naissance de la formation remonte au début des 70’s), les Replacements ont conservé un fameux potentiel énergétique. Comparable à celui de Viet Cong. Et le début de set confirme ces aptitudes, le combo balançant un punk yankee réminiscent des Ramones voire de Misfits. Comme s’il cherchait à nous en mettre plein la vue et les oreilles. Mais en milieu de parcours, l’enthousiasme retombe, un essoufflement qui se traduit par l’interprétation de ballades davantage folk, mais sans grand intérêt…

De quoi aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, et tout particulièrement chez Sun Kil Moon, responsable d’un superbe elpee, l’an dernier (NDR : intitulé « Benji », il figurait dans le Top 20 de votre serviteur). Et si sur disque, certains morceaux peuvent s’avérer déprimants voire soporifiques, sur les planches, la musique gagne en intensité et prend une autre dimension. Soutenu par deux drummers, installés en arrière-plan, Mark Kozelek démontre tout son talent. Excellent chanteur/compositeur, l’ex-Red House Painters est vraiment à l’aise au bord de l’estrade. Il se prend même parfois pour un crooner qui veut épater la galerie. Et il parvient à atteindre son but, car la foule applaudit chaleureusement le show. Aussi quand la formation termine son set par « This Is My First Day and I'm Indian and I Work at a Gas Station », quelques minutes plus tard la tente Pitchfork réverbère encore les sonorités de ce superbe titre…   

Nonobstant sa ligne de conduite indie, dont il ne s’est jamais écarté, Belle & Sebastian se produit devant un nombreux public. Sa pop sucrée/salée est subtilement teintée de folk. Les aficionados balancent les bras de gauche à droite ou claquent des doigts. Titres maîtres de leurs albums respectifs, les deux derniers morceaux, « The Boy with the Arab Strap » et « Sleep the Clock Around », caractérisé par son crescendo, incitent les jeunes filles à danser, au milieu de la foule.

Pour l’avoir croisé dans la journée lors d’une conférence de presse, je peux témoigner qu’Antony Hegarty, le frontmen des Johnsons, possède vraiment une voix et un physique particuliers. Il y a même un sacré paradoxe entre son gabarit impressionnant et son timbre frêle, androgyne. Un peu comme si les cordes vocales de Lou Reed, Bjork et Nina Simone étaient entrées au cœur d’une improbable fusion. Soutenu par un orchestre de haut vol, les compos oscillent entre la soul, le jazz et même parfois l’opéra, s’autorisant même l’un ou l’autre accès dans le psychédélisme. Il règne un calme religieux sur la plaine. Une partie du public s’allonge même sur la pelouse. La prestation est théâtrale (même si le leader –vêtu d’une robe– reste immobile devant son micro). De quoi achever la soirée en douceur, la tête dans les étoiles…

jeudi, 11 juin 2015 01:00

Ice-T in the Holland house …

Comme Body Count n’avait prévu aucune salle belge pour sa nouvelle tournée, les aficionados du plat pays ont dû traverser la frontière Nord (Eindhoven, Pays-Bas) ce jeudi, ou Sud, le vendredi (à Esch-sur-Alzette, au Grand-duché de Luxembourg), pour assister à son spectacle.
Finalement votre serviteur opte pour Eindhoven, mieux connu pour le stade de football du PSV, mais également pour son immense complexe Philips, véritable rempart de la cité. Après une petite visite touristique et la dégustation d’un plat au fromage sous le soleil, direction la salle Eiffenaar. Pas difficile à trouver ; suffit de suivre la marrée humaine, chevelue, tatouée ou/et motorisée qui partage la même destination… 
Un endroit à la configuration plutôt surprenante. En fait l’espace réservé aux concerts n’est qu’une partie de ce grand bâtiment, situé à deux pas de la gare. Différentes structures y coexistent, dont une discothèque. Il faut donc emprunter des escaliers plutôt raides, dans le style de l’Aéronef de Lille, avant de débarquer dans une pièce peuplée de gros bras, rendant les déplacements, notamment pour se rendre aux différents bars, assez difficiles. Faut dire que vu l’engouement suscité par ce spectacle, les 1 500 tickets se sont écoulés en quelques jours.

Powerstroke assure le supporting act. Une piètre caricature du band métal/hardcore yankee. Le combo pousse même le vice à s’exprimer dans un anglais américanisé, entre les titres, alors qu’il est belge, issu du Nord du pays même. Etonnant, il a déjà assuré la première partie pour Suicidal Tendencies et même réussi à figurer au line up du Graspop…

Après cette pénible ouverture, et malgré un peu de retard, Body Count s’apprête à monter sur le podium. Et le public de se réveiller d’un bloc. Les premiers musiciens débarquent masqués (ou la tête enserrée par un bandana), suivis par deux choristes. Les accords de « Body Count’s in the house » viennent à peine de retentir qu’Ice-T déboule le bras tendu, sur l’estrade. Ce qui déclenche déjà les premiers pogos. « Masters of Revenge », « Bowels of the Devil » et « Manslaughter » (NDR : le tire maître d’un elpee paru en 2014) s’enchaînent, tambour battant. Guère avare de communication entre les titres, Ice-T demande notamment aux filles de se mélanger un peu plus aux trop nombreux mecs agglutinés aux premiers rangs. Il nous présente aussi l’un des deux choristes, qui n’est autre que son fils. Et qui l’accompagnera au chant sur le très controversé « Cop killer ». Sa famille est également sur place ; notamment Coco Austin son épouse, plantureuse et star de télé-réalité. Elle se trémousse sur le côté de la scène. Ernie C. (NDR : c’est le dernier membre du backing group originel ; les trois autres sont décédés dans des conditions particulières, la plus spectaculaire frappant le bassiste Mooseman, tué lors d’une fusillade à Los Angeles) impressionne tant par son physique qu’à la gratte. Et tout particulièrement tout au long de « Talk shit, get shot ».

Lors du rappel Ice-T se fend d’un discours contre le racisme. Curieusement, l’auditoire accueille tièdement ses propos. Y aurait-t-il d’anciens disciples de Pim Fortuyn dans la salle ? Heureusement, les premiers rangs s’agitent à nouveau sur le tube « Born Dead », puis de la cover de Biohazard, « Institutionalized ». « Momma's Gotta Die Tonight » clôt le set en douceur, et les paroles ‘My mother taught me good things, taught me bad things’ transforment un gros dur en leader au cœur tendre. Si tendre, qu’il prend la peine de serrer des tas de mains, par poignées, avant de saluer longuement la foule. Il est vrai que cette tournée, il ne l’a pas organisée pour se faire du blé ; lui qui empoche de gros cachets en tournant dans la série TV à succès, ‘New-York unité spéciale’. Bref, un retour réussi pour le natif du New Jersey et sa troupe…

(Organisation : Eeffenaar)

 

 

 

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