Yuksek revisite Laurent Voulzy…

Le musicien, compositeur, réalisateur et producteur de musique électronique Yuksek revisite « Cocktail chez mademoiselle », le titre de Laurent Voulzy paru en 1979 sur son album « Le cœur grenadine ». Il en propose une relecture retro futuriste, groovy et…

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Une petite souris dans le Corridor…

Corridor sortira son nouvel elpee, « Mimi », le 26 avril 2024. Réunissant 8 plages, il recèlera des pièces maîtresses telles que "Jump Cut", "Mon Argent" et "Mourir Demain". Il a été masterisé par Heba Kadry Mastering, à Brooklyn. Toutes les chansons de «…

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Trampled by Turtles

Quelque part au cœur du Midwest…

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A l’instar de Low, Trampled by Turtles nous vient de Duluth, dans le Minnesota. Fondée en 2003, cette formation compte déjà 6 albums à son actif. Aux States, le quintet jouit d’une solide notoriété. Faut dire que la roots music y est encore très populaire. Sur le Vieux Continent, son crédit se limite aux aficionados du style. Comme chaque année, avant les festivals d’été, le Botanique tente de nous faire découvrir des artistes ou des groupes totalement méconnus du grand public. Et ce soir, ce coup d’essai s’est transformé en coup de maître…

Pour accueillir le combo étasunien, les organisateurs ont choisi la Rotonde. En configuration assise. Et le public est conséquent. Pourtant, après deux titres, on était en droit de craindre le pire pour la suite des événements. En fait, il fallait le temps que le band prenne la température des lieux. Car la suite va se révéler épatante. Le line up réunit 5 musicos. Armés d’un violon, d’une guitare, d’une mandoline, d’une basse acoustique et d’un banjo, les musicos revisitent le bluegrass traditionnel, tout en n’oubliant pas d’inclure leurs hits, imparables de l’autre côté de l’Atlantique. Et ce sont de véritables virtuoses. Et en 90 minutes, ils vont littéralement mettre le feu à l’auditoire, en adoptant une attitude presque punk ! Pourtant, cette frénésie, ils la libèrent avec respect, classe et originalité. Dispensant des morceaux issus de leurs 6 opus, dont le dernier en date, le magnifique « Stars and Satellites ». La voix de Dave Simonett est éraillée. Les interventions au violon de Ryan Young sont délirantes, et celles de Dave Caroll au banjo, épileptiques. Hormis le bassiste, les membres du groupe portent la barbe. C’est dans la tradition ! En quelques morceaux, leurs mélodies sont susceptibles de nous projeter quelque part au cœur du Midwest, dans un saloon. Une description visionnaire qui explique pourquoi leur style supposé soporifique, se mue en réalité fascinante. Et puis aussi parce que Trampled by Turtles parvient à rendre au genre, ses lettres de noblesse. Ravi, le public a même obtenu le rappel qu’il réclamait, malgré un set particulièrement copieux. Une belle découverte !

(Organisation Botanique)

 

CocoRosie

Dans le cercle des fées

Écrit par

C’est marrant. Je ne devais pas être là…

Il doit être plus ou moins 22h00, et le set des sœurs Casady est déjà bien entamé. Or, depuis près d’une heure, je passe un excellent moment, en leur compagnie. Les yeux rivés sur la scène en contrebas. Une demoiselle en tutu accomplit une chorégraphie un rien saccadée. Une voix de soprano bat des ailes sous la coupole de ce cirque. Quelques envolées d’arpèges pleuvent en cascade d’une harpe aux pouvoirs féeriques. J’avoue n’avoir jamais prêté qu’une attention distraite au parcours de ce groupe articulé autour de la personnalité de ces deux demoiselles dont j’ignore toujours si elles sont jumelles, oui ou non (NDR : en vérité, il semble que non). Récemment désigné pour suppléer un imminent collègue appelé au chevet d’un festival ensoleillé, je me suis donc penché sur la discographie de CocoRosie.

Tantôt intrigué, tantôt irrité, souvent distrait, je ne me suis que trop mal préparé à ce qui se déroule maintenant. Ou bien est-ce justement l’effet de surprise qui joue ce rôle prédominant dans le plaisir enfantin que me procure le concert de ce soir ? Quoi qu’il en soit, le spectacle est captivant et prouve que j’ai été bien inspiré de prendre la relève. Merci Eric !

La sonnette retentit et annonce le début du spectacle.

Trop tard pour chercher sa place dans les strapontins, j’imite les retardataires et m’installe discrètement en haut d’une volée de marches, alors que le trio Scarlett O’Hanna distille timidement les premières notes servant d’introduction à cette soirée.

Si je suis quelque peu sceptique d’entrée de jeu, c’est que cette musique très intimiste peine à trouver ses marques dans l’ampleur de cet environnement Royal.

Néanmoins, au fil des minutes, les compositions semblent prendre corps, et la voix de la jeune Bruxelloise d’adoption parvient à conquérir l’espace, ainsi qu’un public des plus attentifs.

Une très belle voix, au demeurant, même si pas franchement originale (je ne peux m’empêcher de penser à Chan Marshall) mais qui possède assez d’arguments pour accrocher.

Fort logiquement fière du succès rencontré, elle peut donc quitter l’estrade sous les applaudissements nourris de paires de mains bientôt jointes dans une communion solennelle…

Dans l’intervalle, parmi le brouhaha d’une assistance qui gonfle à mesure que les minutes s’égrènent, trois notes répétées en boucle installent un climat hypnotique. Elles préparent la célébration d’une messe…

Puis les lumières s’effacent et tandis que les cris d’engouement se détachent des gorges serrées ou extasiées, les six membres du collectif prennent tour à tour possession des lieux.

De la scène d’abord, mais très vite de l’ensemble du Cirque Royal.

L’une des sœurs, dans une robe mystique, l’autre surplombée d’une très Led coiffe (des dizaines de points lumineux éparpillés en grappes autour de sa tête).

L’effet visuel est, en outre, assuré par des projections en fond, qui illustrent tantôt par petits films, tantôt par des captations live, le contenu musical de ce show haut en couleurs fluorescentes.

Un contenu époustouflant de maîtrise et d’audace qui va me laisser littéralement sur mon séant, posé négligemment en travers d’une allée.

Alliant magistralement les styles et les formes techniques, le sextet retranscrit parfaitement, en live, l’univers loufoque et quelquefois baroque des sœurs Bianca et Sierra (ok, qui est Coco, qui est Rosie ?)

Le préposé au human beatbox déchaînant quant à lui l’enthousiasme général pendant un break au cours duquel sa virtuosité est mise pour la seule fois de la soirée en exergue.

Alliant pendant près de deux heures les ingrédients disparates de leurs féeries musicales, CocoRosie développe avec classe et panache, l’étendue de son savoir plaire.

Après un rappel au cours duquel figure le très demandé « Beautiful Boyz » (évidemment sans Antony Hegarty), le concert set se termine, laissant derrière lui comme une impression lumineuse sur le négatif de mes préjugés.

Un superbe moment, la tête projetée dans les étoiles, en compagnie de Bianca (Coco) et Sierra (Rosie).

(Organisation : Botanique)

 

Dominique A

No photo !

Écrit par

C'est le sac léger, que votre serviteur débarque ce samedi 25 mai à l'Aéronef, légèreté toute légitime car l'équipement du rédacteur est assurément bien plus confortable que celui du photographe. Sans bousculade et parmi une majorité de quadras, c'est dans sa version intime que je découvre la salle qui ce soir accueille Dominique Ané.

Il est 20h15 quand débute la session de Thomas Suel, un ch’ti gars du Nord qui nous invite à découvrir son univers poético-social, flanqué de Christian Pruvost à la trompette et Jérémie Ternoy au Fender Rhodes.

Très rapidement je suis distrait par les odeurs suaves du resto-bar. Aussi, malgré le slam endiablé de Thomas, je décroche quelques secondes plus tard. Cette technique vocale ne retenant définitivement pas mon attention.

A peine ai-je terminé de composer mon menu imaginaire et très olfactif, que débute le set du meilleur interprète français de l'année 2013, élu récemment aux Victoires de la Musique.

Tout de noir vêtu, Dominique A, en maître de cérémonie, monte sur l’estrade. Il est accompagné de Thomas Poli, guitariste aux pédales multiples et préposé au synthétiseur analogique, du bassiste Jeff Hallam, équipé d'une contrebasse imposante, sans doute tout droit sortie du conservatoire le plus proche, du batteur Sébastien Buffet et du claviériste David Euverte, ces deux derniers s’installant un peu plus en retrait.

Dominique A ouvre le menu par " Pleine des Sables", extrait de l'album "Vers les Lueurs". Il est armé de sa Fender Telecaster et ne la quittera pas de la soirée.

La gestuelle et la démarche digne d'une diva de notre ‘MC’ en impose immédiatement. Le set va puiser dans toutes les périodes de sa discographie.

Aucun temps mort entre les morceaux et, malgré les demandes incessantes du public afin d’interpréter "Le sens" ou le "Twenty-two bar", l'artiste ne cède pas aux sollicitations et impose son répertoire de manière très élégante et subtile. Un certain respect professoral s'instaure entre le public et l'artiste, et les revendications sont vite oubliées, laissant place aux applaudissements.

En élève attentif, même si une certaine lassitude débarque après la première heure, je me concentre sur la prestation. Que ce soit les morceaux les plus puissants ou le plus tendres, voire les nombreux premiers titres revisités pour cette soirée. C'est Thomas Poli aux fourneaux de l'electro qui efface toutes sonorités désuètes, à l’instar du célèbre "Courage des Oiseaux", définitivement plus rock et contemporain sans les synthétiseurs. L'attitude scénique de Thomas me fait, par ailleurs, souvent penser à Jonny Greenwood de Radiohead.

Dominique A va dispenser un concert irréprochable tant d'un point de vue technique vocale que guitaristique, au détriment somme toute d'une certaine émotion, que je déplore ne pas avoir assez ressentie. 

Heureusement, Jeff Hallam, en sous-chef averti, épiçait soigneusement le tout, pour démontrer que l'émotion était bien présente lors de ce ‘live’, mais que le professionnalisme et le perfectionnisme prenaient le dessus avant tout.

Intimiste et agréable, ce festin de roi cuisiné aux petits oignons par un top chef et son équipe, m’a donné l'envie de replonger dans les premiers albums de cet artiste incontournable…

Photographiquement vôtre…

 

Deerhunter

Un rêve psychédélique chargé d’intensité et de puissance…

Écrit par

Trois années se sont écoulées depuis la sortie de « Halycon Digest », un remarquable album qui avait propulsé Deerhunter au faîte du mouvement noise indépendant. Pendant ce long break, les musicos ne se sont cependant pas tourné les pouces, puisqu’ils ont développé leurs propres projets, à l’instar de Bradford Cox chez Atlas Sound ou de Lockett Pundt pour Lotus Plaza. C’est donc afin de défendre son nouvel elpee, « Monomania », que la formation étasunienne (NDR : elle est issue d’Atlanta) était venue se produire, ce lundi 20 mai, à l’Ancienne Belgique. Dans ses valises, elle a emmené His Clancyness, pour assurer la première partie.

Leader d’A Classic Education, Jonathan Clancy est canadien d’origine italienne. L’an dernier, il avait publié « Alway Mist Revisited », un essai paru à l’origine sous forme de cassette et réédité après remasterisation, mais enrichi de 7 nouvelles plages. Début 2013, il a terminé l’enregistrement d’un nouvel opus, enregistré à Detroit, sous la houlette de Chris Koltay (Atlas Sound, Liars, Akron/Family). Prévue pour cet automne, sa sortie a été précédée par celle d'un Ep. Sur les planches, il est soutenu par un batteur, un bassiste et une claviériste. Le combo ouvre les hostilités vers 20h00. Pendant une bonne trentaine de minutes, His Clancyness va dispenser un psyché-pop-rock d’excellente facture (voir section photos ici ). Une mise en bouche idéale avant de passer au plat consistant.

Après une demi-heure de pause, les musicos de Deerhunter débarquent sur fond sonore jazzyfiant. La salle est loin d’être remplie ; mais perso, j’estime que moins de monde se traduit pas plus d’espace et donc de confort pour le spectateur. Au centre, on reconnaît immédiatement la silhouette squelettique de Bradfort Cox ainsi que la tignasse de Lockett Pundt. Le morceau d’introduction plante le décor. A coups d’envolés de grattes, Deerhunter va nous balancer un set dense et psychédélique. Il faudra d’ailleurs attendre 10 bonnes minutes avant d’entendre, pour la première fois, la voix de Cox. Les guitares crissent, les larsens fusent. Résultat des courses, le public non non-averti file à l’anglaise. Le tracklisting puise au sein de toute la discographie de la formation. Bradford Cox et Lockett Pundt alternent au chant. Ce dernier pose sa voix sur les compos les plus atmosphériques, à l’instar du titre maître du dernier opus. Son acolyte se réserve le micro pour les morceaux davantage noise et n’hésite pas à pousser sa voix, au risque de se déchirer les cordes vocales. L’atmosphère qui règne sur l’estrade est plus que tamisée ; d’ailleurs, vu la disposition des jeux de lumières, on ne verra jamais distinctement la tête des musiciens. Par contre, nos tympans sont soumis à rude épreuve, même si l’effort en vaut la peine. Faut dire que le bruit est très mélodique. A mi-concert, le climat s’apaise quelque peu. Les Yankees puisent dans leur répertoire plus rythmé et allègre ; notamment, en interprétant « T.H.M » et « Back to the Middle ». Vers 22 heures, le band vide les lieux, dans un vacarme électrique étourdissant. Pour y revenir quelques minutes plus tard, afin d’accorder un rappel de quelques titres, dont une version sublime de « Cover Me ».

Exceptionnel, ce set a mis en scène un groupe qui marche allègrement sur les traces des mythiques Sonic Youth. Et puis, pour une fois qu’un line up ne compte pas de claviériste… Bref, ce soir, Deerhunter nous a plongés dans un rêve psychédélique chargé d’intensité et de puissance, même si pour y parvenir, il a pris nos tympans en otage… (voir section photos ici )

(Organisation Ancienne Belgique)

 

 

I Like Trains (iLiKETRAiNS)

Sans crier gare

Écrit par

Il est des promesses douces à caresser, des rêves de grandeur non démesurés, qui au fil du temps s’étiolent néanmoins jusqu’à prendre des proportions plus modestes en risquant au final d’avoir raison de tout espoir.

À première vue, les membres du groupe de Leeds semblent toujours afficher la même foi inébranlable en leur musique, mais qu’il doit être difficile d’appréhender l’étroitesse et le confort précaire de certains clubs –et c’est le cas ce soir– quand les débuts si prometteurs les propulsaient d’office sur des scènes bien plus appropriées aux tourments soniques qui agitaient leurs compositions, dès les premières notes de « Progress-Reform », en 2006.

Si David Martin et sa clique ne semblent pas sourciller, attablés en terrasse, devant l’Escalier, ce soir, je ne peux m’empêcher de nourrir une certaine crainte de voir le découragement ruiner leur projet, dans un futur proche.

Mais une image chasse ces sombres pensées.

Je souris intérieurement.

Ainsi, depuis l’angle de vue sous lequel j’observe cette scène, les membres d’I Like Trains se tiennent dans l’embrasure de la porte du café d’à côté.

Le nom du bistrot est inscrit en blanc sur fond rouge : ‘L’aller Simple’.

Il est de ces clins d’œil du hasard…

La mentalité liégeoise et la tolérance du voisinage permettent à l’Escalier d’assouplir son timing, souvent dicté par le bon vouloir des artistes, mais aussi d’un public qui tarde à se déplacer.

Et celui-ci n’a pas l’air de vouloir quitter ses pénates de trop bonne heure aujourd’hui.

Post War Glamour Girls s’installe donc devant un parterre de curieux plutôt parsemé.

Et d’emblée, le combo est confronté à un sérieux problème technique, car le micro du chanteur refuse obstinément de retransmettre la voix, censé donner le ton.

Problème qui ne trouvera solution que bien plus tard, car le leader se dédouble et manifeste un certain don d’ubiquité (comme je le constaterai plus tard dans la soirée) pour utiliser tour à tour les microphones destinés aux backing vocals.

Ces quelques avatars n’altèrent en rien la fraîcheur et la spontanéité du band, ajoutant une touche de bordel dans une esthétique sonore au demeurant un peu brouillonne, mais éveillent, au passage, la sympathie de l’assistance (toujours bien maigre).

S’éclipsant après leur single « Jazz Funerals », les musicos remercient sincèrement chaque membre d’ILT. Pourtant, ils ne semblent pas avoir fait l’unanimité au sein du public. Mais leur set reste, à mon humble avis, une bonne surprise.

Fidèles à une esthétique sombre et romantique, c’est tout de noir vêtus que les cinq wagons d’I like Trains se mettent en branle, sur le coup de 22h30, alors que l’atmosphère de l’étroit couloir qui sert de salle devient compacte.

Alignés sur le quai, le souffle retenu, les sens suspendus, nous assistons durant l’heure qui suit à la mise à mort des derniers doutes concernant une éventuelle remise en question de l’avenir du band.

Car plutôt que d’assister au chant du cygne, la prestation de ce soir va bien vite remettre les pendules à l’heure.

Proposant une setlist sensiblement identique à celle du Nijdrop, lors de leur concert accordé en novembre dernier, mais bénéficiant de la présence d’un membre supplémentaire (en l’occurrence le chanteur guitariste de Post War Glamour Girls, préposé à la Fender Mustang), responsable d’interventions de gratte incisives, la formation va bien mettre en exergue l’aspect abrasif de sa musique.

Entre envolées crépusculaires et déchirements retentissants, la voix grave de son leader en figure de proue, I Like Trains se transforme en navire scindant en deux des mers entières de fiel et de tristesse contenues, des océans de chagrins au fond desquels gisent mille espoirs disloqués, bravant des vents mauvais et à jamais tourmentés. Tout en fixant ce minuscule objectif lumineux, un point de mire vers lequel il faut tendre vaillamment, I Like Trains montre la voie à suivre (et quelle voix !)

Après un final hautement sollicité, « Sea Of Regrets » clôt le chapitre de cette nuit, mais laisse entrevoir de magnifiques voyages ultérieurs, entre ciel, terre et mer, mais toujours sur les bons rails.

Le merchandising de désemplit pas, signe de l’engouement général pour cette fantastique prestation.

Quant à votre serviteur, comme toujours dans pareil cas, l’émotion étreignant encore ma gorge, je m’éclipse sans mot dire, guidant mon corps vers la nuit où mon esprit l’attend déjà.

(Organisation : Silenceless Shows)

 

Lumerians

La valse des illusions

Écrit par

Ostensiblement, la différence entre l’aspect visuel d’un groupe peut être inversement proportionnelle à l’énergie qu’il déploie tout au long de ses enregistrements ou tout du moins de l’idée qu’on s’en fait.

A l’écoute, on se forge une idée mentale, dessine une image glamour autour des sonorités qui happent nos sens et les étourdissent, et on reconstitue ainsi une image d’Epinal conforme à nos fantasmes.

Comme lorsqu’on se représente les protagonistes du roman qu’on lit.

Et bien sûr, la réalité n’est pas toujours conforme à notre imagination.

Mais au-delà d’une éventuelle déception physique, le plus important reste l’impact sonique.

À moins que ?

Direction le Trix ce samedi soir pour un énième rendez vous en compagnie de The Lumerians. Mais avant de les découvrir (enfin) sur scène, deux groupes sont à l’affiche, dont les très attendu KVB. Compte rendu d’une soirée où le son doit prendre le pas sur l’image…

De Beach, il est difficile d’apprendre quoi que ce soit. En choisissant un patronyme bateau, il risque en effet de s’échouer sur les bancs de sable de l’indifférence générale.

Pas que leur musique ne fasse pas de vagues. Non !

Musicalement, ce trio belge tient la barre. Mais il risque de perdre le cap.

Conduites par des consonances Punk, dégradées en nuances ‘post-ce-qu’on-veut-qui-rime-avec-bruit’, leurs compositions sont efficaces et carrées, mais délivrées avec force et panache.

Pour le reste, pour agréable que soit ce moment en leur compagnie, j’aurai tôt fait de les avoir effacé de ma mémoire.

Et il y a peu de chances pour qu’ils y refassent surface…

Bien plus excité à l’idée de découvrir The KVB, je m’installe au devant de ce qui va s’avérer être un autel.

Après un moment, je comprends vite qu’il est préférable de fermer les yeux.

Pas que les deux membres du groupe soit laids.

D’ailleurs, elle est bien ‘minouchette’ la petite Kat Day, qui s’évertue derrière son Korg à triturer les sons à qui mieux-mieux.

Mais son ennui visible conférant à la dépression suffirait à pousser au suicide des hordes entières de pinsons.

Pour m’imbiber de leurs sons, je me glisse donc les paupières mi-closes dans les projections qui défilent en arrière-plan.

Là, effectivement, l’aura de The KVB prend son amplitude et transcende le concert derrière un voile de couleurs jaillissantes et de bruit blanc.

Quarante minutes plus tard, la messe est dite.

Mais fallait il encore prêcher un convaincu ?

Enfin, après de multiples tentatives avortées pour maintes raisons obscures et sans doute cabalistiques, je vais assister à un concert des Lumerians.

Quelques années qu’ils sont dans mon collimateur ; et après quelques tentatives d’approche, je les aperçois enfin, dans mon champ de mire.

Entrevus furtivement la semaine dernière au Botanique, je sais déjà qu’ils ne correspondent pas du tout à ce que j’avais imaginé depuis la découverte de leur sensationnel et éponyme premier essai, datant de 2007.

En fait, les Lumerians ne ressemblent à rien. Et certainement pas à la musique qu’ils créent.

Ce qui devrait du reste n’être qu’un détail m’interpelle néanmoins.

J’essaie de me détacher de cette impression, mais elle me colle aux basques.

Je prends plaisir à l’écoute de leurs ‘vieux’ titres comme des nouveaux. Mon corps répond favorablement aux ondes psyché qui émanent de ce drôle d’aquarium placé sur l’un des claviers. Ma tête oscille d’avant en arrière, de gauche à droite sur « Burning Mirrors », mais je n’arrive pas à l’état de transe ultime.

Comme maintenu au sol par d’invisibles mains.

Et puis je réalise.

Je suis esclave de mon imagerie mentale.

Je ne peux me détacher complètement et m’abandonner dans la seule foi musicale, prisonnier de mes schémas fantasmagoriques.

Aussi stupide que puisse être ce constat, voir The Lumerians est comme un fantasme qui se réalise dans toute l’absurdité d’une déception injustifiée.

Je les rêvais en toges noires, mystiques et inaccessibles comme les habitants oubliés d’une cité disparue (La Lémurie) et je me trouve face à des quidams, certes, fichtrement bons dans leur art, mais désespérément communs.

Je me sens comme l’enfant démuni face au démantèlement du mythe de Saint Nicolas.

Et j’ai beau me dire que cette situation n’a pas d’importance, que seule la musique compte… je n’y arrive décidément pas.

Néanmoins, j’apprécie le set, et malgré ces considérations, je me fais une raison.

Car dans les sillons de mes vinyles ou le reflet argenté de mes cds, The Lumerians resteront néanmoins ces mystérieux habitants de l’inconnu.

Je quitte donc Anvers perplexe, chiffonné et repu, ne sachant pas très bien ce que je pense.

A moitié déçu, à moitié content, mes attentes à demi en suspens.

Mes oreilles n’ayant pas vu ce que mes yeux désiraient entendre…

(Organisation : Heartbreak Tunes)

 

Suuns

Le plat de résistance après le dessert…

Écrit par

Quoiqu’expérimentales, les trois formations qui vont se succéder ce soir, au Grand Mix de Tourcoing, jouissent toutes d’une certaine notoriété sur la scène indie. En l’occurrence Valleys, PVT et Suuns. Valleys et Suuns sont des groupes issus de Montréal. Le premier est un trio qui a publié l’album « Are You Going To Stand There And Talk Weird All Night ? », fin avril. Le second, un quatuor, dont l’elpee « Images du futur » est paru en mars. Quant à PVT, c’est un autre trio, mais australien. Il a gravé « Homosapien », en février dernier. Et tous sont venus défendre leur dernier opus.     

Valleys ouvre le bal vers 20h30. Il est réduit à un duo. Soit un guitariste chevelu et une claviériste. Le public est plus que clairsemé. Le couple nous propose une musique éthérée oscillant entre dream-pop et shoegaze. A la croisée des chemins de The Beach House et de The XX, si vous préférez. De quoi tenir normalement un public en haleine. Le set dure une demi-heure. Malgré l’indifférence manifestée par l’auditoire, le duo canadien, n’a pas à rougir de sa prestation.

Après une brève pause, au cours de laquelle les spectateurs ont à peine le temps de prendre l’air et se déshydrater, PVT monte sur l’estrade. Il est près de 21h00. Cette fois, l’assistance semble plus intéressée et s’approche du podium, afin de ne rien manquer du concert. Faut dire que le trio aussie, répondant autrefois au nom de Pivot, a déjà pondu quatre elpees. Et que son dernier marque un changement radical de style, davantage orienté électro-pop. Après avoir transité par le post rock et l’électro-math-rock, on peut affirmer que le band est en constante évolution. Le drummer s’installe derrière ses fûts, le bidouilleur, ses machines, et le bassiste, son clavier, au centre de la scène.  

Le set va durer une bonne heure. Un laps de temps au cours duquel PVT va enchaîner les morceaux de main de maître, en retranscrivant parfaitement les sonorités dispensées sur sib dernier long playing. La voix de Richard Pike est impeccable. Instrumentalement, la prestation est tout simplement remarquable. Et les jeux de lumières sont judicieusement utilisés pour rendre le show plus vivant. Ravi, le public savoure ces moments, d’autant plus que le combo a le bon goût d’intégrer des titres issus de leurs derniers elpees, dans leur tracklisting. A l’instar, de l’excellent « Windows », certainement le clou du spectacle.

Avant d’assister à la prestation de Suuns, la soirée est de toute manière, déjà réussie. Leur premier long playing, « Zeroes QC », était paru, en 2010. Après avoir sorti un vinyle intitulé « Bambi b/w Red Song », l’année suivante, il vient donc de publier son nouvel opus. Et cet « Images du futur » a fait l’unanimité auprès de la presse spécialisée. Leur set débute à 22h précises. Le quatuor canadien a la pression sur les épaules, vu la prestation de PVT ; même si les deux groupes ne s’expriment pas dans le même registre. Psyché/rock, la musique de Suuns est de forme plus classique. Le jeu de scène est plus dépouillé que celui de PVT. L’expression sonore est dense, intense, mais le band maîtrise assez bien son sujet, même ses nouvelles compos. Le concert tient la route, mais personnellement j’éprouve des difficultés à me libérer de la claque prise, une heure plus tôt. En fait, il aurait peut-être été judicieux d’inverser l’ordre de passage des deux derniers groupes. Néanmoins, les 90 minutes pendant lesquelles le chanteur, Ben Shemie, se trémoussera sur les planches, va passer assez vite. Une belle preuve que le set n’était certainement pas ennuyeux. Suuns achève sa prestation par une reprise ; en l’occurrence « Le Goudron » de Brigitte Fontaine. Parfait pour clôturer une affiche réussie, programmant des formations aux profils différents, mais finalement complémentaires…

(Organisation Grand Mix)

 

PVT

Le dessert avant le plat de résistance…

Écrit par

Quoiqu’expérimentales, les trois formations qui vont se succéder ce soir, au Grand Mix de Tourcoing, jouissent toutes d’une certaine notoriété sur la scène indie. En l’occurrence Valleys, PVT et Suuns. Valleys et Suuns sont des groupes issus de Montréal. Le premier est un trio qui a publié l’album « Are You Going To Stand There And Talk Weird All Night ? », fin avril. Le second, un quatuor, dont l’elpee « Images du futur » est paru en mars. Quant à PVT, c’est un autre trio, mais australien. Il a gravé « Homosapien », en février dernier. Et tous sont venus défendre leur dernier opus.     

Valleys ouvre le bal vers 20h30. Il est réduit à un duo. Soit un guitariste chevelu et une claviériste. Le public est plus que clairsemé. Le couple nous propose une musique éthérée oscillant entre dream-pop et shoegaze. A la croisée des chemins de The Beach House et de The XX, si vous préférez. De quoi tenir normalement un public en haleine. Le set dure une demi-heure. Malgré l’indifférence manifestée par l’auditoire, le duo canadien, n’a pas à rougir de sa prestation.

Après une brève pause, au cours de laquelle les spectateurs ont à peine le temps de prendre l’air et se déshydrater, PVT monte sur l’estrade. Il est près de 21h00. Cette fois, l’assistance semble plus intéressée et s’approche du podium, afin de ne rien manquer du concert. Faut dire que le trio aussie, répondant autrefois au nom de Pivot, a déjà pondu quatre elpees. Et que son dernier marque un changement radical de style, davantage orienté électro-pop. Après avoir transité par le post rock et l’électro-math-rock, on peut affirmer que le band est en constante évolution. Le drummer s’installe derrière ses fûts, le bidouilleur, ses machines, et le bassiste, son clavier, au centre de la scène.  

Le set va durer une bonne heure. Un laps de temps au cours duquel PVT va enchaîner les morceaux de main de maître, en retranscrivant parfaitement les sonorités dispensées sur sib dernier long playing. La voix de Richard Pike est impeccable. Instrumentalement, la prestation est tout simplement remarquable. Et les jeux de lumières sont judicieusement utilisés pour rendre le show plus vivant. Ravi, le public savoure ces moments, d’autant plus que le combo a le bon goût d’intégrer des titres issus de leurs derniers elpees, dans leur tracklisting. A l’instar, de l’excellent « Windows », certainement le clou du spectacle.

Avant d’assister à la prestation de Suuns, la soirée est de toute manière, déjà réussie. Leur premier long playing, « Zeroes QC », était paru, en 2010. Après avoir sorti un vinyle intitulé « Bambi b/w Red Song », l’année suivante, il vient donc de publier son nouvel opus. Et cet « Images du futur » a fait l’unanimité auprès de la presse spécialisée. Leur set débute à 22h précises. Le quatuor canadien a la pression sur les épaules, vu la prestation de PVT ; même si les deux groupes ne s’expriment pas dans le même registre. Psyché/rock, la musique de Suuns est de forme plus classique. Le jeu de scène est plus dépouillé que celui de PVT. L’expression sonore est dense, intense, mais le band maîtrise assez bien son sujet, même ses nouvelles compos. Le concert tient la route, mais personnellement j’éprouve des difficultés à me libérer de la claque prise, une heure plus tôt. En fait, il aurait peut-être été judicieux d’inverser l’ordre de passage des deux derniers groupes. Néanmoins, les 90 minutes pendant lesquelles le chanteur, Ben Shemie, se trémoussera sur les planches, va passer assez vite. Une belle preuve que le set n’était certainement pas ennuyeux. Suuns achève sa prestation par une reprise ; en l’occurrence « Le Goudron » de Brigitte Fontaine. Parfait pour clôturer une affiche réussie, programmant des formations aux profils différents, mais finalement complémentaires…

(Organisation Grand Mix)

 

Oscar & The Wolf

Qu’elle est belle la jeunesse !

Écrit par

Une rencontre improvisée sur le parvis de l’AB.
Un échange de bons procédés.
Une noire chevelure tombant sur le brun d’une veste en cuir, une ombre noire qui s’avance vers elle.
Un soleil radieux à ses côtés.
Des sourires de contentement et nos pas qui pénètrent dans l’antre.
Merci SophieSophie, car sans toi, je n’aurais apprécié qu’à moitié ce qui suit.
Et ce serait bien dommage…

C’est au trot que je saisis les Horses par les rennes.

Les animaux semblent calmes.

Ils sont jeunes. Très jeunes. Et affichent déjà pas mal de maturité.

Ce qui dans notre paysage musical n’est vraiment plus incompatible, du reste.

Charmant sans être incisifs, je les trouve plutôt agréables.

Me laisse bercer par la mélancolie contenue qui s’échappe de leurs mélopées.

Puis dans un élan fugace, les montures s’emballent subitement et partent au galop sous un tonnerre d’applaudissements.

C’est qu’effectivement, quand les Horses se la jouent sauvage, il est difficile de rester insensible à ce type d’envolées où mélancolie et désespoirs s’unissent dans une montée fulgurante.

Une recette certes éculée, mais qui fonctionne toujours quand elle est pertinemment appliquée.

Petit bémol : vu la banalité du nom de scène, il sera bien difficile de les distinguer dans la masse des chevaux fous et ils seraient bien avisés, au moins, d’ajouter un adjectif devant celui de leur canasson.

Dans l’interlude permettant au staff technique de s’affairer, je distingue difficilement quelques rides dans l’assistance, au milieu de tous ces visages prépubères.

Des filles, des filles, des filles.

L’aura de Max Colombie n’est donc pas une histoire qu’on lit aux enfants.

Si Pierre criait au loup intempestivement, Oscar l’a depuis longtemps apprivoisé de sa voix capable de percer les mystères bleutés des amours ombragées.

Ainsi, presque sur la pointe des pieds (à pas de loups, bien sûr !), aussi naturellement qu’une brise d’été se posant sur une nuque dorée, la musique d’Oscar And The Wolf se déploie magistralement dans l’air confiné de l’AB Club, qui soudain prend des allures de chapelle.

La gravité solennelle de quelques notes éparses enveloppant cet organe vocal et ce n’est plus de musique mais d’ensorcellement dont il est question.

Alors que les nouvelles compositions offrent de nouvelles pistes à suivre, pistes suavement sinueuses et tortueuses, les extraits de « Summer Skin », la seule trace réellement tangible d’une discographie encore balbutiante, amarrent nos cœurs qui chavirent dans un port d’oubli et d’abandon où l’on revient inlassablement une fois goûté ce fruit vénéneux.

« Ribbons », « Orange Sky », « All We Want », comme autant de potales où viennent se nicher les rêves et illusions  d’une jeunesse éternelle.

C’est sans artifice que le groupe se livre, sans ambages. 

Avec un naturel frondeur et déconcertant.

Sans attacher d’importance aux choses futiles, en se concentrant sur l’essence de sa musique, tournoyant autour de l’incroyable voix de son chanteur charismatique qui malgré un look improbable, capturerait un lion à mains nues, ce groupe est l’un des trésors les mieux gardés de notre si excitant vivier, et son album à paraître va sans doute les positionner un peu plus près de la place qu’ils méritent. A savoir le firmament.

Au final, les onze titres joués ce soir n’ont rien dévoilé que je ne savais déjà.

Je le crie haut et fort, à qui veut l’entendre : 'Au loup !!!!!!!!'

(Organisation : AB)

 

SX

Quelque part dans les étoiles…

Vous ne connaissez pas SX ?Dommage ! Issu de Courtrai, ce groupe emmené par Benjamin Desmet et Stefanie Callebaut est un des plus grands espoirs belges, dans le domaine de la musique pop-rock alternative. Révélés en 2011, lors d’un concours organisé par Studio Brussel (Vibe On Air) et par un superbe premier titre, « Black Video », ces petits génies ont publié l'année dernière un premier album intitulé « Arche ». Une pure merveille ! Après avoir accordé de nombreux concerts, en Belgique et à l'étranger, en première partie de dEUS –excusez du peu !–, ils reviennent à l'AB en tête d'affiche. Une consécration fulgurante, même si c'est l'AB Box, la salle sans les étages, qu'ils ont remplie sans problème.

En première partie, Mittland Och Leo, le duo anversois constitué de Joke Leonare Desmet et Milan Warmoeskerken est invité à chauffer la salle. Le patronyme de la formation est né d’une contraction entre ‘mon pays’ en langue suédoise et les noms des deux membres du tandem. La musique électronique instrumentale très 'vintage' de Mittland Och Leo (NDR : la paire est équipée exclusivement d'instruments analogiques, dont un vieux Crumar) évoque Kraftwerk et Jean-Michel Jarre, mais en plus moderne. Une agréable entrée en matière qui a charmé l’auditoire. (section photos ici )

Au moment où SX se prépare à monter sur le podium, on entend un synthé jouer le premier accord de "Gold", créant une ambiance très psychédélique, à la Pink Floyd ; et c'est en effet par leur plus récent single que le groupe courtraisien entame son show. Benjamin Desmet s’installe à gauche, près de ses synthés, sa guitare Fender Stratocaster et son ampli Fender Chorus. Au milieu, tout de noir vêtue, Stefanie Callebaut se plante derrière son clavier ; et à sa gauche, Jeroen Termote siège derrière ses drums. Une grande plaque circulaire brillante trône en hauteur, derrière les musiciens, évoquant la sphère reproduite sur la pochette de leur album.

La musique est fascinante. C'est une dreampop hypnotique et magnétique qui s'inspire d'un éventail très large de styles pour créer un concept neuf. On pense à Beach House pour la voix et les atmosphères éthérées mais aussi à M83, Animal Collective et surtout à MGMT. L'influence de la musique soul est perçue dans la voix de Stefanie Callebaut, une voix de soprane, capable d'atteindre les notes les plus hautes mais aussi de produire un volume, grâce à un coffre typiquement soul, évoquant parfois Grace Jones. Dans "Aurora", ses tonalités mystérieuses, plus 'dark', la rapprochent aussi de Zola Jesus, Austra et Kate Bush. Au début, le mixage ne met pas assez en valeur cet organe, mais ce problème sera bien vite résolu par la suite.

La setlist se concentre bien entendu sur le premier opus du groupe, « Arche ». Le mot grec 'αρχή' signifie 'début' mais aussi 'principe' ou 'fondation'. Une fondation solide car que ce soit la plage titulaire ou "Beach" et "Graffiti", on se rend compte, en les regardant jouer sur l’estrade, de toute la puissance de ces compositions. Stefanie Callebaut chante et joue avec beaucoup de passion, prolongeant son feeling dans des gestes et des déhanchements soutenus. On se surprend à rêver qu'elle quitte sa place derrière les claviers pour donner libre cours à son extraordinaire expressivité.

Comme si elle m'avait entendu, elle s'avance au bord de la scène. Elle s'accroupit et nous livre "Strange Fruit", une toute nouvelle chanson interprétée quasi a capella, uniquement soutenue par quelques accords de synthés à l'arrière-plan. Sa voix exceptionnelle de puissance et de précision s'élève au dessus de la foule, dans un silence religieux. Stefanie met tout son cœur dans cette compo aux accents très soul et on redécouvre une voix capable de rivaliser avec les plus grandes chanteuses, d'Amy Winehouse à Victoria Legrand (Beach House). Elle en fait même juste un peu trop à la fin du morceau, mais on lui pardonnera cet excès, dû à sa jeunesse... Regardez ce moment exceptionnel ici

Ensuite, le band enchaîne par le complexe "Midnight Hour" et le lumineux "Pearls", avant de nous livrer un second inédit, "The Disc". Très prometteur, même si, à mon humble avis, les sonorités de basse étaient trop puissantes. Enfin, c'est le moment tant attendu par les fans: "Black Video", le hit qui les a révélés au public, malheureusement uniquement dans le Nord du pays, pour l'instant. L'interprétation de ce morceau d'exception est parfaite ; et en fin de parcours, Stefanie ose une improvisation vocale ahurissante, déchirant littéralement sa voix dans les dernières mesures. Impressionnant! Perso, ce morceau aurait dû clôturer le concert mais le groupe ajoute un dernier titre, en guise de rappel: "The Future", moins énergique, mais parfait pour finir en beauté.

Au final, trop court (moins d'une heure), ce concert s’est révélé très percutant et plein de vigueur et d'intensité. Je le répète. Il serait souhaitable que Stefanie Callebaut se libère de ses claviers et prenne sa place de 'frontwoman', afin de donner libre cours à sa mobilité physique et à son sens inné de la communication avec le public. Une chose est sûre, la dream pop céleste de SX nous a propulsés quelque part dans les étoiles… Aucun doute, ces musiciens sont appelés à devenir des stars... (section photos ici)

Regardez l'interprétation de "Black Video" ici 

Et pour lire l'interview réalisée l'an dernier lors du showcase au Planetarium de Bruxelles, c’est

 

 

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