Lylac rencontre les esprits de la nature…

Telle une allégorie d’un paradis perdu, le nouveau single de Lylac, “The spirits of the wild”, évoque son fantasme ‘Eastwoodien’ des grands espaces sauvages et inexplorés. Fleuretant avec l’idée de la recherche du mythe ultime cher aux artistes californiens…

RIVE sous tension…

Entre la nuit et le jour, RIVE propose "Tension", un 4ème extrait de son album…

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Une petite souris dans le Corridor…

Corridor sortira son nouvel elpee, « Mimi », le 26 avril 2024. Réunissant 8 plages, il recèlera des pièces maîtresses telles que "Jump Cut", "Mon Argent" et "Mourir Demain". Il a été masterisé par Heba Kadry Mastering, à Brooklyn. Toutes les chansons de «…

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Concerts

Major Lazer

Too Many MC’s

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Pour son premier concert accordé dans une salle en Belgique, Major Lazer, l’alias ‘testostéroné’ des prolifiques producteurs Diplo et Switch, a jeté son dévolu sur l’Orangerie du Botanique. L’occasion de tester les nouveaux morceaux qui apparaîtront au sein du successeur de « Guns Don’t Kill People-- Lazers Do » avant une longue tournée des festivals, qui s’arrêtera au Pukkelpop chez nous. Et au vu de l’ambiance générée par les bombes dancefloor du duo, le sol de la plaine de Kiewit n’a qu’à bien se tenir.

Après un (très) long DJ set electro de Surfing Leons, les deux cerveaux derrière Major Lazer débarquent sur les planches sur le coup des 21h20. Derrière eux, un écran fait défiler un logo Mtv détourné, pour former un Mlzr. Et comme Diplo n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié, il a ramené avec lui deux danseuses et un MC, histoire de distraire ceux qui pourrait se concentrer sur leur musique. Parce qu’un MC, c’est bien, mais un MC qui hurle pendant l’entièreté d’un set, c’est un peu lourdingue. Le public n’a d’ailleurs pas attendu son intervention pour être chauffé à blanc. Le duo mise à fond sur les basses et les fait péter sur fond de titres extraits de « Guns Don’t Kill People—Lazers Do » et de remixes consacré à des titres empruntés à un panel très (trop) large d’artistes. Ainsi, l’Orangerie a eu droit à des versions retravaillées parfois réussies, parfois beaucoup moins, de morceaux de Far East Movement, David Guetta, Azealia Banks, Congorock, Rihanna ou encore Jay-Z et Kanye West.

Dans le public, c’est la grande cour de recréation, le feu aux fesses un mardi comme un samedi soir. « Busy Signal », « Hold the Line », l’énorme « Original Don » ou le classique « Pon De Floor » côtoient à merveille des classiques reggae et dancehall. Après s’être fait plaisir en exécutant un stage diving, le emcee invite les demoiselles à monter sur le podium ; et seulement les demoiselles ! Quelques petits malins se font gentiment rappeler à l’ordre par l’homme et retrouvent rapidement leur place sur le parterre. Pas de rappel au menu, l’équipée de Major Lazer achève son set par un « Jump Up » dont le titre résume à lui seul l’ensemble du show. Un show qui aurait gagné en puissance si les effets en crescendo dispensés par le duo n’étaient pas systématiquement massacrés par un Maître de Cérémonie trop enthousiaste. Malgré ces remarques, le show est à ne pas rater au Pukkelpop cet été, très probablement sous le toit de la Dance Hall.

(Organisation : Botanique)

 

Melingo

Le tango de Melingo…

Écrit par

C'est un soir mouillé revêtu d'un aspect surréaliste. Dans le hall de la salle de concert, des demoiselles offrent aux arrivants ruisselants, des éponges en forme de micro. Une marque automobile allemande sponsorise le concert ; elle a d’ailleurs également parsemé la place Flagey d'énormes drapeaux. Nous montons les étages jusqu'au vaste théâtre, scène en bois s'étageant sur plusieurs niveaux, fauteuils de devant immatriculés ‘World Trade Center’ ou ‘Comte et Comtesse de...’. Les spectateurs sont disséminés sur plusieurs niveaux, mais les meilleures places du parterre sont réservées : un carré composé principalement d'hommes en costards bien taillés occupe les premiers rangs.

Mais prenons le temps de présenter l'artiste avant qu'il n'entre en scène. Daniel Melingo est argentin. Il est né à la fin des années cinquante. Il étudie la clarinette et la composition musicale à Buenos Aires. En 78 il doit, comme beaucoup d'artistes et autres dissidents, fuir la dictature militaire. Il a vingt ans et s'exile au Brésil. Là-bas, les rencontres l'amènent à jouer dans le groupe Agua de Milton Nascimento. De retour en Argentine, quelques années plus tard, il devient guitariste et chanteur au sein de deux groupes dont on n'a toujours pas oublié les noms : Los Twist, dont le mélange de ska et de rock alternatif aurait pu naître d’une rencontre entre les Rita Mitsouko et Madness ainsi que Los Abuelos de la Nada (Les Ancêtres du Rien du tout), impliquant Andrés Calamaro.

Enfant du rock contestataire, issu d'une génération qui ramasse malgré elle les miettes des turpitudes politiques d'Argentine, il redécouvre la puissance du tango, et commence à composer des mélodies modernes, sur des bases de tangos tissées de rock, de musique classique et de jazz. Il passe alors quelque temps en Espagne, retourne ensuite dans son pays natal, avant de s’établir à Paris, où il vit aujourd’hui. Il a sorti plusieurs disques en solo, dont l'excellent "Maldito tango" (Maudit tango), et fin 2011 "Corazón y hueso" (Cœur et os), qui vient de débarquer en Europe. Cette tournée est d’ailleurs destinée à défendre cet opus. Ce soir, nous aurons également droit à quelques nouvelles compos : il paraît qu'un nouvel album est sur le feu.

Les cinq musiciens s'installent. Ils se réservent contrebasse, bandonéon, violon, guitare électrique et acoustique. Les instruments démarrent et Melingo sort sans empressement de l'obscurité. Il s'approche et sa voix vient se poser sur les notes, accompagnée de gestes éloquents et de regards malicieux. Nul besoin d'être hispanophone pour comprendre ce dont il parle. Le personnage est cocasse, charismatique ; et c'est bien parce qu'il y a des fauteuils que l'on ne se met pas à danser. Ses comparses sont aussi vocalistes et reprennent en chœur l'écho du thème principal. Ou sifflent. Ou crient.

Les titres se suivent avec aisance, variés dans leurs rythmes et intensités. Melingo chante la langue de Buenos Aires, le langage des quartiers populaires. C’est-à-dire le lunfardo, un argot hérité des nombreuses vagues d'immigration, qui mêle l'espagnol à d'autres idiomes européens et précolombiens ; ce jargon qui a été employé par les grands écrivains argentins, et depuis toujours par les tangueros.

Daniel Melingo donne lui aussi l'impression de sortir de la rue, et de la nuit. Vêtu d'un pardessus noir, coiffé d'un chapeau, sa silhouette mince et bavarde invoque les petits personnages du peintre Antonio Segui ou certains protagonistes des nouvelles de Cortázar.

Après quelques compositions issues du dernier essai "Corazón y hueso", comme "El Tatuaje" (Le Tatouage) et « Negrito », Daniel Melingo dédie « Se igual » aux cartoneros de Buenos Aires, nombreux précarisés qui pour survivre ramassent les cartons sur le pavé et les revendent aux entreprises de recyclage. Ce titre parle des gens de la rue et de l'indifférence des passants, de la bière et de la colle qui rendent fou.

Puis arrivent l'histoire d'un type exubérant au grand nez surnommé "Narigón, et celle d'un pickpocket maladroit qui se fait arrêter "En un bondi color humo" (dans un bondé couleur de fumée). Le chanteur s’éclipse, laissant place à ses accompagnateurs pour des moments instrumentaux magnifiques, comme le fameux "Volver" (du maitre du Tango Carlos Gardel) joué par la guitare et chanté par la scie musicale lancinante.

Au gré du concert se dessine une ambiance de ruelles sombres, de cafés enfumés, et Melingo, tout en nous racontant ses légendes, se change en clochard fou et visionnaire. Il se moque de ses musiciens en grimaçant dans leur dos, fait mime de trébucher, s'affale, regarde sa montre au milieu d'un morceau, s'allonge et continue à chanter, reprend place sur sa chaise, enlève ses chaussettes qu'il renifle une dizaine de fois avant de les lancer au beau milieu du carré des messieurs chics, provoquant le départ de certains d’entre eux ! Poète ambitieux, il veut, comme il le dit dans un de ses morceaux, ‘inspirer l'inspiration’, en mettant tout à l'envers, ‘ciel de terre, terre de lumière’. Quand il saisit la clarinette c'est pour la faire hurler ; et si, dos au public, il joue au chef d'orchestre, augmentant et diminuant le volume sonore dispensé par ses musiciens, c'est pour mieux battre des ailes et se changer en corbeau bonimenteur.

« Eco il Mondo » dresse le portrait d'un vieil homme élégant, qu'il mime, parodiant son rôle de dandy destroy. Tout est maitrisé : l'air de rien, Melingo sait très bien ce qu'il construit. L'autodérision embrasse le romantisme, les ambiances de vieux rades cèdent la place à des moments plus intimes et moins rocambolesques. Les maitres (Gardel, Garcia Lorca) sont cités mais jamais imités.

Quand après un rappel, il nous annonce de son timbre rauque ‘C'est fini pour ce soir, j'ai plus de voix’, c'est pour revenir et nous gratifier d'un dernier chant à capella et guitare acoustique : « Del barrio me voy » : le chant de quelqu'un qui s'en va, qui quitte son quartier, déjà mélancolique de ce qu'il abandonne.

Esprit libre et ébouriffé, indigent d'une élégance à faire pâlir les hommes d'affaires et rougir les jeunes filles, Melingo est bien parti pour faire aimer le tango au delà de l'Amérique latine.

 

Maps & Atlases

Maîtres de leur sujet…

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Ce dimanche 22 avril, Maps and Atlases se produisait au Botanique, quelques semaines à peine après voir publié leur excellent album, « Beware and Grateful » ; un disque aux fortes tendances addictives. On était donc très heureux de revoir le groupe chicagolais à Bruxelles, près d’un an après son dernier passage. Et il revenait au jeune groupe tournaisien, Perils of Penelope, d’assurer le supporting act. 

Perils of Penelope ouvre donc la soirée, vers 20h. La salle est loin d’être comble, lorsque le band belge monte sur l’estrade. Faut croire que les concerts du dimanche ne font pas trop recette ! Le set démarre sur les chapeaux de roue. Et s’il manque peut-être un chouia de puissance, il permet aux différents instrumentistes d’étaler toute leur technique. La dextérité des gratteurs sur leur manche est impressionnante ; et le drummer n’est pas en reste, passant d’un fût à l’autre avec une facilité déconcertante. En outre, les musicos connaissent leur répertoire sur le bout des doigts. P.O.P. confirme tout le bien que l’on pensait de lui. Et au vu de sa prestation, il ne devrait pas en rester à ce stade. Enfin, c’est tout le mal qu’on souhaite au jeune combo.

Place ensuite à Maps & Atlases. Il est plus de 21h lorsque le quartet entre en scène. C’est « Old and Gray » qui ouvre les hostilités. La voix du chanteur, chétif et barbu, est nasillarde, mais son timbre et ses inflexions sont impeccables. Le groupe embraie par « Remote and Dark Years », une compo beaucoup plus pop. Les morceaux s’enchaînent ; et au fil du temps, on se rend compte que le ‘tapping’ des gratteurs est de plus en plus véloce. Le batteur est impressionnant. Agressif, son drumming regorge de contretemps. Quant au bassiste, ses interventions libèrent énormément de groove ; à tel point que parfois on a l’impression qu’il survole l’ensemble. Bref, les musiciens maitrisent parfaitement leur sujet. Et puis on sent qu’ils sont heureux d’être là ce soir ; d’ailleurs, ils ne se privent pas de le clamer. La setlist alterne titres du dernier elpee et morceaux issus des opus précédents, un peu comme si le combo yankee voulait nous concocter un ‘best of’. On aura quand même droit à une toute nouvelle composition. Après un set d’une bonne heure, le band prend congé du public. Un public, conquis, comblé même, et surtout satisfait d’avoir fait le déplacement. Car manifestement, au cours de cette soirée, on a eu droit à deux excellents concerts…  

(Organisation Botanique)

 

of Montreal

Autant pour les yeux que pour les oreilles…

Écrit par

Deux premières parties avant le concert d’of Montreal, c’était assurément uns soirée qui allait nous mener tard. Et en ce qui concerne le premier groupe, Recorders, on n’aurait pu vraiment faire l’impasse. Enfin, ce n’est sans doute pas l’avis de la famille et des amis venus en nombre pour les applaudir chaleureusement. Ils devaient bien être 150, et la plupart se sont barrés après leur prestation. Bref, le chanteur/bassiste porte un beau masque de plumes, comme les mayas, mais il manque de voix. Le guitariste dispose d’une belle panoplie de guitares, mais on n’entend guère de notes sortir de son manche ; et si le claviériste se débrouille plutôt bien aux backing vocaux, ses interventions sont noyées dans l’ensemble. Seul le drummer assure. Mais gros problème, la section rythmique est beaucoup trop puissante, si bien que le volume monte en décibels pour aboutir à un résultat sans grande consistance…

Yip Deceiver, c’est le projet de Davey Pierce, qu’a donc rejoint Nicholas Dobbratz, deux musiciens qui militent également chez of Montreal. Au sein du duo, le premier se réserve les  claviers et bidouille à l’aide d’une boîte à rythmes hi-tech. Quand au second, il joue également des claviers mais aussi parfois de la guitare. Les deux musicos chantent et leurs voix se conjuguent parfaitement en harmonie. Curieux, leurs deux claviers sont placés face à face, nous montrant le plus souvent le tandem de profil. Leur musique est excitante et dansante et campe une électro-pop directement inspirée par la face la plus disco de la new wave. Pensez à Depeche Mode, Human League, Soft Cell et même à Yazoo. Un set ma foi bien agréable et qui finalement nous a réservé une bonne surprise…

On installe quelques panneaux à la trame semi-transparente, mais de couleur blanche, au bord de la scène. En fait, ils sont destinés à recevoir des projections d’images psychédéliques, tout au long du spectacle. Tout comme ceux placés au fond de la scène en hauteur, à gauche et à droite. Des projections nées des élucubrations de Kevin Barnes, le leader d’of Montreal ; à tel point qu’on se demande si on n’assiste pas à une version détraquée du « Yellow Submarine » des Fab Four. Et le graphisme de ses pochettes, qu’il prend soin de réaliser personnellement, en est certainement la plus belle illustration. Faut dire aussi que les thèmes développés par ses chansons traitent le plus souvent de désespoir, de paranoïa et de défiance. Enfin, tout au long de ce show coloré, on aura droit aux interventions de deux personnages déguisés en rat d’hôtel. Au début, ils sont vêtus de noir, puis de blanc, prennent finalement quelques couleurs, mais jouent aussi aux fantômes, déploient de grandes ailes, font tournoyer des parasols, se déguisent en fœtus monstrueux, portent des masques diaboliques, projettent des petites bandelettes de papier ou balancent des grappes de ballons blancs dans la foule, et j’en passe… on aura même droit à une séance de crowdsurfing accomplie par un de ces figurants.

Le décor planté, venons-en aux musiciens. Ils sont huit sur l’estrade. Une claviériste, un violoniste/guitariste, un drummer, un saxophoniste/flûtiste/guitariste, un guitariste soliste (NDR : les cheveux roux, des rouflaquettes impressionnantes, il aurait pu militer au sein d’un groupe garage des sixties !), sans oublier les deux musicos de Yip Deceiver, l’un aux percus et aux bidouillages, l’autre à la basse et parfois aux claviers. Et enfin Kevin Barnes, tour à tour derrière son piano portable en front de scène ou debout derrière son pied de micro, s’accompagnant alors régulièrement à la guitare. En début de parcours, Kevin porte une veste, qu’il va ôter après quelques morceaux, pour laisser ensuite apparaitre une chemise de couleur rouge vif, garnie de dentelles. Il s’est maquillé les yeux de fard bleu et porte de longs cheveux tirés d’un côté, obscurcissant partiellement la face droite de son visage. Une tenue finalement bien adaptée à la flamboyance de sa musique.

Le set s’ouvre par les deux premiers morceaux du dernier elpee, « Gelid ascent » et « Spiteful intervention ». La musique navigue entre pop, psychédélisme, disco, glam et prog. Les changements de rythmes sont réguliers. Parfois même au cours d’un même morceau. Le falsetto de Kevin me fait quelquefois penser à Prince ou alors à Todd Rundgren. Surtout lors du slow « Exquisite’s confessions ». Les compos les plus sauvages sont également celles au cours desquelles le groupe a recours au plus de grattes. A un certain moment, ils sont 4 sixcordistes ; et on peut dire que l’intensité est alors à son comble. Sur les morceaux les plus dansants, Barnes se met aussi à remuer le corps lascivement, déboutonnant sa chemise et… Bref, c’est un véritable showman. Le public est réceptif. Il danse, chante, balance les bras ou frappe dans les mains. Et impossible de résister lors de l’allègre « Heimdalgate like prome thean curse ». Le set s’achève par « April », sous les acclamations nourries du public.

L’attente est longue pour obtenir le rappel. Soudain, nos deux figurants déguisés en porcs montent sur le podium. Ils débranchent le piano et font mine de l’emporter sous les huées de la foule. En posant l’index sur la bouche, ils nous demandent de nous taire. J’entends un spectateur lancer : ‘Ils vont nous jouer un tour de cochon’. Puis les deux énergumènes invitent les spectateurs à lever les bras et à les balancer en cadence, tout en appuyant ces gestes de leurs clameurs. Moment choisi par le groupe pour remonter sur l’estrade. Of Montreal va alors nous accorder un long rappel, interprétant au passage « Kissing in the grass ». Nos deux intervenants décident alors de soulever Kevin et de le hisser sur leurs épaules. Le temps de redescendre sur le plancher des vaches, et le band vide les lieux, sous un tonnerre d’applaudissements. Mais la musique de fond est rapidement rétablie tout comme les lumières. Il y a des bandelettes de papier partout. Demain, le service de nettoyage va pester. Mais, ce soir on s’est bien amusé. Oh, bien sûr, certains diront peut-être que le set était décousu. Mais ce spectacle, ce véritable show était très riche, coloré, imprévisible, excitant et à la limite fascinant. Et on en a eu autant pour les yeux que pour les oreilles.

(Organisation Botanique)

Voir aussi notre section photos : ici

 

 

Xiu Xiu

La différence par le talent…

Écrit par

C’est ce mardi 17 avril que se produisait Xiu Xiu, le projet expérimental du Californien Jamie Stewart, au Botanique. Pour la circonstance, la Rotonde était à moitié pleine ou à moitié vide, selon. Pour la circonstance, le groupe venait défendre son nouvel opus, paru il y a deux mois, « Always ». Un album salué par la critique mais surtout bien plus accessible que ses œuvres précédentes.

Ce soir Jamie Stewart est flanqué de trois musicos. Il a abandonné ses machines électroniques pour en revenir à une formule plus classique. Au sein de son backing band, on retrouve le batteur Greg Saunier. Un personnage qui ne manque pas d’expérience, puisqu’il milite chez Deerhoof. Et ses interventions tout au long du set, se révéleront aussi minutieuses que précises. Le line up est complété par un guitariste et d’une jeune demoiselle préposée aux claviers. Cette dernière a d’ailleurs réellement l’air de s’emmerder ferme. Mais peu importe, puisque tous les regards sont rivés sur Jamie.

Le concert s’ouvre par la plage éponyme de « Fabulous Muscles », un elpee paru en 2004. A fleur de peau, la voix de Stewart vous flanque déjà des frissons partout. Xiu Xiu embraie ensuite par des titres issus de son dernier long playing, dont l’excellent single « Hi ». Et il est vrai que ces compos sont bien moins expérimentales que par le passé. Le tracklisting épinglera également une cover du « Ceremony » de New Order et en rappel le « Johnny teardrop’ de Suicide. Mais le point d’orgue du set sera atteint lors du fabuleux « I Luv the valley, OH ! », les cris torturés de Jamie accentuant le climat bouleversant de cette chanson.

Transcendé par sa musique, Stewart a vraiment une voix époustouflante. Et il nous l’a une nouvelle fois démontré tout au long de l’heure qu’a duré sa prestation. Une prestation plus dépouillée mais toujours aussi vibrante. Et finalement, peu importe l’accompagnement, c’est son talent qui fait toujours la différence…

(Organisation Botanique)

 

120 Days

Where are You, People ?

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Passage furtif et discret pour les 4 Norvégiens de 120 Days ce 16 avril au Witloof Bar du Botanique. Une visite annoncée (en première partie d’Islet) seulement deux petites semaines avant la date fatidique. Une annonce accueillie un large sourire aux lèvres, par votre serviteur, qui attendait ce moment depuis la sortie de « 120 Days », publié il y a six ans. Le quatuor est donc venu présenter son second ouvrage « 120 Days II », pour un public qui va briller par son absence.

La débandade en arrivant au Witloof. A quelques minutes du set de 120 Days, les membres de l’assistance se comptent sur les doigts d’une main. La formation norvégienne aurait-elle manqué le coche en s’absentant de la scène près d’une demi-décennie ? Pourtant responsables de deux solides LPs, les gamins du Nord ne sont pas parvenus à rameuter les troupes. C’est donc devant une salle quasi déserte qu’ils se mettent en place, autour d’un équipement assez impressionnant. Jonas Dahl, leader du combo, semble légèrement éméché. Il a bien raison, le garçon.

« Spacedoubt » ouvre les festivités. 120 Days joue très fort. Leur Krautrock se mue rapidement en bombes dancefloor à mesure que les « C-Musik », « Dahle Disco » et « Lucid Dreams Part III » se succèdent. Dahl est heureux, car quatre Britons installés à gauche de la scène font des bonds sur sa musique. A juste titre. Le chanteur n’a plus d’yeux que pour eux tandis qu’il s’égosille sur le refrain de « Come Out, Come Down, Fade Out, Be Gone ».  La formation tamponne fort, sans temps mort. Malgré le peu de regards tournés vers eux, les boys délivrent un set d’une énergie contagieuse. Le genre de show qui aurait fait un tabac dans une Rotonde bien remplie. N’ont plus qu’à faire la tournée des festivals et montrer au monde de quel bois ils se chauffent !

(Organisation : Botanique)

Great Lake Swimmers

L’americana dans toute sa splendeur…

Écrit par

Soirée canadienne ce lundi soir à l’Orangerie du Botanique puisque s’y produisaient Barzin et les très talentueux Great Lake Swimmers, responsables il y a quelques semaines d’une 5ème livraison intitulée « New Wild Everywhere ».

C’est une salle sold-out –en configuration assise– (NDR : petite doléance adressée aux organisateurs : laissez-nous pénétrer à l’intérieur avec nos bières, ce n’est qu’un concert !) qui accueille Barzin, projet de Barzin Hosseini, qu’il mène en solitaire depuis 2003. Pour la circonstance l’artiste est accompagné d’une guitariste/vocaliste. Et elle a une belle voix ! Le public est attentif et presque recueilli à l’écoute de la prestation de ce duo qui sculpte délicatement son folk atmosphérique, mélancolique, dans des guitares électro-acoustiques. Un sacré talent à suivre de très près…

Après une demi-heure de pause, place à ses compatriotes et amis : les magnifiques Great Lake Swimmers. Emmenée par leur charismatique leader Tony Dekker, la formation nous vient du froid. De l’Ontario, très exactement. Le line up est complété par Erik Arnesen (guitare et banjo), Greg Millson (batterie), Miranda Mulholland (quel joli nom pour une choriste/violoniste) et Bret Higgins (à la contrebasse). Le set débute par quelques morceaux issus de leur dernier opus (« Think That You Might Be Wrong », « The Knife », « Changes with the Wind »). La voix de Tony Dekker est profonde. Forgées dans un americana pur jus, les chansons sont d’une rare pureté. Et on ne peut s’empêcher de penser à un autre Canadien, une légende vivante : Neil Young. Encore qu’intemporelle, leur musique lorgne aussi parfois vers un Sufjan Stevens plus country et plus roots ou un Bonnie Price Billy débarrassé de sa indissociable austérité… L’ambiance est moins évangélique que sur disque et le public se laisse emporter par l’enthousiasme de la bande torontoise. Le groupe enchaîne par les ‘hits’ de ses premiers albums tels que les incontournables « To Leave it Behind », « Your Rocky Spine » et « Bodies and Minds ». Les musiciens laissent ensuite leur leader seul sur scène pour deux sublimes ballades (dont le très émouvant « Moving Pictures Silent Film » datant de 2003) avant de revenir pour un final endiablé ! Après 1h30 de concert, Tony Dekker et ses potes vident les lieux.

Mais le public en veut encore et réclame un rappel. Ce que Great Lake Swimmers va lui accorder. D’abord à travers une cover de Gram Parsons et puis un bouquet final assez rock. Les spectateurs sont conquis, ils ont vécu ce soit un excellent moment, ce lundi, à l’Orangerie !

(Organisation Botanique)

 

Chelsea Wolfe

Chelsea Wolfe : la sorcière bien aimée...

Pour assister à un concert le vendredi 13, il ne faut pas être superstitieux. Mais lorsqu’il est organisé par Cheap Satanism Records et que la vedette principale est associée à la vague ‘witch-house’, on craint quelque peu d'y perdre son âme. Mais finalement, on a passé une excellente soirée, grâce à Chelsea Wolfe, bien sûr, mais aussi aux deux groupes qui lui ont ouvert la voie : Unison et Cercueil.

Unison, un combo originaire de la région Poitou-Charentes, nous a séduits par sa musique captivante, hypnotique, caractérisée par son ‘mur de son’ d'inspiration shoegaze, noise, voire drone, au-dessus duquel plane la voix fragile et envoûtante de Mélanie Moran. On pense à Portishead, My Bloody Valentine ou encore Cocteau Twins ; mais Unison possède une tonalité propre, qui frise la perfection, surtout lors de l’interprétation du très beau "Brothers And Sisters" (en vidéo ici). En fin de set, le groupe a repris le célèbre hit new-beat "Rock To The Beat" de 1o1, ‘en hommage à la Belgique’ (à voir ici). Un excellent choix! En un mot, la prestation s’est révélée convaincante, et devrait nous inciter à se précipiter sur leur opus éponyme, paru récemment chez Lentonia Records.

Nous attendions également avec intérêt le concert de l’ensemble lillois Cercueil. Vu le patronyme, on peut être sûr qu'il enterre ses concurrents (NDR : bon, la vanne est placée, un peu de sérieux maintenant). Formé en 2009, le band compte déjà deux plaques à son actif, dont l'excellent "Erostrate". Leur style est difficile à décrire. En extrapolant, on pourrait imaginer un cross-over entre cold-wave, noise, electronica et trip-hop, qui évoque tour à tour Velvet Underground, Nine Inch Nails, Portishead (à nouveau), Kate Bush ou Kraftwerk. La voix de Pénélope Michel évoque Nico mais aussi Liela Moss (The Duke Spirit) voire Grace Slick, la lumineuse vocaliste de Jefferson Airplane (NDR : à quand une reprise de "White Rabbit"?) Sur scène, la formation installe son univers sonore malgré de petits problèmes techniques et la magie s’installe, surtout lors du superbe "After Dark", tiré du dernier album (voir ici). Seul petit bémol, Pénélope Michel est un peu statique derrière ses claviers et sa voix peine parfois à s’extraire des arrangements un peu bruyants propagés par les autres musiciens. Je suis impatient de les revoir lors d’un concert pour lequel ils seraient tête d'affiche!

Après quelques minutes d'attente, c'est le moment de découvrir la grande prêtresse de la soirée, Chelsea Wolfe. Décidément, cette période de l'année est propice aux (jolies) sorcières. Après Florence Welch, The Jezabels ou encore il y a quelques mois, Zola Jesus, c'est en permanence Halloween, pour notre plus grand bonheur! La scène est sombre, les musiciens habillés de noir et elle arrive, mystérieuse et envoûtante... Basée à Los Angeles, elle a été révélée par deux albums de très bonne facture. Et elle nous emmène dans son univers folk aux accents 'drone'. On a un peu l'impression de voir la petite sœur gothique de PJ Harvey. La formation qui l'accompagne est d'une efficacité redoutable, alternant les fulgurances noisy et les moments calmes, où le silence se fait l'écrin de la voix plaintive de Chelsea. Dans la setlist, on retrouve tous les meilleurs morceaux de "The Grime And The Glow" et "Apokalypsis", du brutal "Moses" au terrifiant "Demons" en passant par le fantomatique "Movie Screen". Dans "Pale On Pale", les accents de voix prennent une forme arabisante et on se rappelle une certaine Lisa Gerrard (Dead Can Dance).

Les trois concerts programmés ce soir nous ont baignés dans un univers ténébreux, fantomatique et ensorcelant, mais également d'une terrifiante beauté...

Voir ici la vidéo en 'live' de "Pale On Pale"  et celle de "Widow" 

(Organisation: Cheap Satanism Records)

 

 

The Cast of Cheers

Bien, mais un peu court…

Écrit par

Alors que l’Orangerie était sold out pour accueillir la formation française Dyonisos, le sous-sol du Botanique, et plus explicitement le Witloof Bar, programmait au même moment The Cast of Cheers, dans le cadre de la campagne ‘New Talents, cool prices’. Peu connu chez nous, le groupe dublinois venait présenter en avant-première son second opus, dont le titre sera éponyme. Il devrait paraître en juin.

Le public est réduit à une trentaine de personnes. Ce qui n’est pas pour me déplaire, vu l’architecture de la salle, dont les plafonds sont soutenus par des piliers en briques. Si l’endroit est particulièrement esthétique, la visibilité est souvent réduite, surtout pour celles et ceux qui ne trouvent place qu’à l’arrière de la pièce. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, l’assistance restreinte permet de voir l’intégralité de la scène.

Le combo irlandais entame les hostilités à 20h30 par un morceau bourré d’énergie, augurant ainsi un set débordant de fougue punk. Les deux guitaristes gesticulent dans tous les sens frôlant à plusieurs reprises la collision. Les compos s’enchaînent rapidement et ne dépassent que très rarement les 3 minutes. Leur mélange de math-rock et d’indie rock est percutant. Un style que le quatuor maîtrise parfaitement en ‘live’, haussant le ton lorsqu’il le faut. Le traklisting est puisé au sein de leurs deux opus. Et épingle l’inévitable « Family », premier single qui tout en lorgnant vers The Rapture, démontre que le combo peut également afficher une face pop. Ainsi que leur nouveau, « Animals », chanson également plus radiophonique. En fin de parcours, The Cast of Cheers embrasse même une forme plus électro, dans l’esprit d’Errors.

Après une demi-heure de prestation, le combo vide les lieux, pour y revenir quelques secondes plus tard. Leur intention : accorder un rappel. Malheureusement, il ne se produira jamais. Motif ? Un problème technique réduisant le bassiste au silence. Les musicos vont s’excuser à plusieurs reprises. Ce qui ne changera pas grand-chose à la situation. Pas de chance ! Et le public de quitter la salle, un arrière-goût de trop peu dans la bouche, malgré leur mini set convainquant. Vivement la sortie de l’album !

(Organisation Botanique)

 

Dionysos

Of Moons, Birds & Monsters

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Mathias Malzieu redéploye ses ailes après quelques années d’absence scénique, pour le plus grand bonheur des fans de l’animal curieux qu’est Dionysos. Pour fêter la sortie de « Bird’n’Roll », le nouvel album concept de la troupe, et leur retour sur scène, les Français ont planté leur décor sur celle de l’Orangerie du Botanique (NDR : il s’agissait de leur seconde date de leur tournée) afin d’y donner le top départ d’un long périple qui s’arrêtera lors du second semestre aux Ardentes et à l’Ancienne Belgique. L’occasion de démontrer qu’ils n’ont rien perdu de leur incomparable cocktail d’énergie et bonne humeur.

Quatre ans se sont écoulés depuis la dernière fois où les drôles d’oiseaux de Dionysos ont mis les pieds sur des planches belges. Pourtant, il n’a pas fallu plus de quinze jours pour que les tickets s’évaporent dans la nature. C’est qu’ils sont au taquet les fans de Dionysos. Ainsi à 21h, la salle est plus que comble tandis que les six enfants terribles prennent place sur la grande scène du Bota. Derrière eux, une enseigne aux couleurs du titre de leur dernier LP se tient toute prête à scintiller.

Presque 20 ans et toutes ses dents, Dionysos casse la baraque dès son entrée. On se prend les foudres de John McEnroe et la tonitruante « McEnroe’s Poetry » en pleine face. C’est bon, rien n’a changé. Mathias et ses potes sont à fond, le rock’n’roll dans les veines. Ou plutôt le « Bird’n’Roll », concept extrait des membranes cervicales du leader de la bande. Un concept qui occupera d’ailleurs les trois-quarts du set. La formation prend donc la température de la mouture live des nouveaux morceaux. Ils tapent souvent dans le mille mais l’attente du public est manifestement tournée vers les anciens morceaux, comme l’indiquera l’accueil réservé aux « Don Diego 2000 », « Song For Jedi » et autres « Métamorphose de Mister Chat », durant lequel s’entremêlaient d’ailleurs miaulement de joie et hystérie collective. Près de 700 personnes qui attendent impatiemment de pouvoir hurler ‘ta gueule le chat !’, ça doit s’entendre jusqu’au bout du couloir.

Fidèle à lui-même, Malzieu s’envole au-dessus du public et y plante son nid le temps d’un morceau, mégaphone à la main, devant les yeux amusés de la toujours aussi charmante Babet et de ses autres collègues. En guise de rappel, la bande de Valence nous présente son « Roi en Pyjama » avant d’enchaîner sur les riffs à la perceuse de l’ultime et bouillonnant « Wet », dédié aux fans de la toute première heure. Après un tel spectacle, il serait idiot de ne pas Bird’n’Roller avec McEnroe, Don Diego, Mister Chat, June Carter, Spidergirl, Tom Cloudman, le pire cascadeur du monde, et les autres Monsters in Love, lors des prochaines étapes belges de la bande de volatiles !

Aux Ardentes le 5 juillet et à l’AB le 1er novembre.

(Organisation : Botanique)

 

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