Dorian Sorriaux croit au changement…

Guitariste-chanteur dans l’univers du psyché/folk, Dorian Sorriaux a sévi comme guitariste au sein du groupe suédois Blues Pills. Il s’émancipe en explorant de nouveaux univers musicaux, et notamment à travers un folk plus acoustique et des textes plus…

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Concerts

Manic Street Preachers

Tout doit disparaître…

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Manic Street Preachers se produisait ce dimanche 1er mai à l’Ancienne Belgique. Qui est de nouveau sold out. Le groupe gallois est venu interpréter son quatrième elpee, « Everything Must Go », un disque paru, il y a déjà 20 ans. Et pas seulement, puisque le concert est divisé en deux volets. Le premier est consacré à l’album mythique. Qui s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires. Le premier gros succès du combo qui pour la circonstance, a décroché plusieurs ‘brits awards’. Le deuxième est réservé aux hits ainsi qu’aux nouvelles compos.

Manic Street Preachers a d’abord forgé sa notoriété sur une image de bad boys. Iconoclastes, brefs, ses sets constituaient un concentré d’énergie pure. Nés au sein d’un milieu prolétaire, les musicos revendiquaient une idéologie gauchiste. Ils ont vécu de près –alors qu’ils étaient encore des gosses– les grèves des mineurs qui ont éclatées entre 1984 et 1985. Ce qui explique l’engagement de leurs lyrics. Ils ont dédié une de leurs récompenses au syndicaliste Arthur Scargill, un leader politique insulaire travailliste particulièrement charismatique. Son guitariste, Richey James Edwards, se serait apparemment suicidé, même si on n’a jamais retrouvé son corps. Ce qui n’a pas empêché le band de continuer son aventure…

Sleepers' Reign assure le supporting act. Issu d’Herentals, le groupe a terminé second de la finale du Humo’s Rock Rally, en 2012, récoltant au passage le prix du public. Il lui a fallu cependant un certain temps avant de sortir son premier elpee, « King Into Delight », paru en mars de cette année, un disque qui a reçu le concours du New-yorkais Justin Gerrish (The Strokes, Vanpire Weekend, Weezer, etc.), à la mise en forme.

Le sextuor implique un chanteur/bidouilleur, deux gratteurs, un drummer, un bassiste, un drummer et un claviériste. Superbe, harmonieuse, la voix de Luke Hermans est capable de grimper dans les aigus, un peu comme Andy Partridge (XTC) voire Graham Gouldman (10CC). Pendant une petite demi-heure, le band va dispenser une musique sculptée dans une electro/pop de bonne facture, mais aux réminiscences 70’s particulièrement marquées...

James Dean Bradfield, le chanteur charismatique de Manic Street Preachers déboule seul sur les planches. Armé de sa gratte, il attaque « Elvis Impersonator: Blackpool Pier », l’intro de l'album « Everything Must Go ». Il est ensuite rejoint par le drummer Sean Moore –il a enfilé ses inséparables gants noirs– et le bassiste Nicky Wire, qui a chaussé des lunettes fumées. Le trio est soutenu par un deuxième guitariste et un claviériste, qui se tiennent à l’écart.

La voix de James est superbe, mais elle est trop étouffée par l’instrumentation. Dont les grattes, incisives, qui se taillent la part du lion. Les plages d’« Everything Must Go » sont dispensées dans l’ordre de la set list (« Small Black Flowers That Grow In The Sky », « The Girl Who Wanted To Be God », « Removables », « Australia », « Interiors (Song for Willem De Kooning)», « Further Away » et « No Surface All Feeling ». Fin de la première partie.

Au cours de la seconde, les versions acoustiques de « Little Baby Nothing » et « The Masses Against The Classes » sont un véritable enchantement. Que James nous réserve en solitaire, uniquement accompagné de sa gratte semi-acoustique ; et au cours desquelles sa voix fait à nouveau merveille. Du ‘best of’, que va ensuite nous réserver Manic Street Preachers, on épinglera encore « Suicide Is Painless (Theme from MASH ) » (NDR : la B.O. du film !) et une cover de Johnny Mandel. Mais dès « Motorcycle Emptiness », le volume sonore est devenu insupportable, malgré les bouchons. Tout doit disparaître ! Votre serviteur, le premier, qui tire sa révérence…

(Organisation : Live Nation)

Heymoonshaker

De quoi laisser sans voix…

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Pour accueillir The Heymoonshaker, l’Alhambra est sold out. Faut dire que depuis plus ou moins 3 ans, il ratisse large. Un duo réunissant le guitariste/chanteur Andy Balcon –un barbu sympathique, par ailleurs– et Dave Crowe, le Human Beat Box. Vous savez un type qui joue de tous les instruments à l’aide de sa bouche. Ce soir, la paire va nous servir du blues, du rock’n’roll et du rock alternatif.

Il revient à Solkins de chauffer la salle. Solkins ou Konoba, c'est le même combat. La formation réunit Maxime Honhon (Electric Chateau, Konoba) à la guitare et au chant, Grégory Bourguignon aux drums, Maxime Simon (Whylanders, Konoba) aux synthés et aux machines (NDR : c’est celui qui arbore une moustache qui ferait pâlir de jalousie les Brigades du Tigre) ainsi que Thomas Maisin à la basse. A son actif trois Eps : « The Descent » (2012) « The Ascension » (2013) et bien sûr « Gold », un disque découpé en 5 pistes que le band qualifie de ‘gold pop’.

Le set s’ouvre par « It Never Comes », dernière plage de l’Ep. Les deux Max conjuguent leur voix. Ce qui est intéressant chez ce quatuor, c’est que de concert en concert, il parvient à proposer différentes versions de ses compositions. « People Want Gold » est un titre sculpté pour la bande FM. Ce morceau est né d’une collaboration avec un vidéaste allemand qui réalise des vidéos 'timelapse' (NDR : un effet spécial né de l’accélération du flux des images, réalisé lors de la prise de vues ou en postproduction, spécifique au cinéma). Nous fermons les yeux. On imagine des étoiles, un coucher de soleil et des nuages qui  défilent. On quitte la planète pour la stratosphère. La voix est aérienne et le touché de guitare précis. Installé en fond de scène, le drummer focalise tous les regards, à cause de ses mimiques si caractéristiques qui accompagnent ses mouvements de frappe. Une forme de mise en scène  naturelle. Bien souligné par les claviers, « Small Things » est un morceau plus dansant. Deux nouveaux titres : « Myself » et « Flowers ». Et avant de clore la prestation par « Old tree », le groupe ne va pas oublier d’interpréter son single, « Someone To Blame »…

L'aventure Heymoonshaker a débuté en 2005. A cette époque Andrew Balcon choisit déjà ce patronyme comme nom de scène. En 2008, il part en Nouvelle-Zélande. Il y rencontre alors le Human beat boxer Dave Crowe. Paradoxe, ils sont tous les deux britanniques. Et partagent une même passion pour le blues et l’‘electronic drum bass’. D’abord artistes de rue, ils écument ensuite les bars. Mais le duo se sépare et chacun décide de suivre son propre chemin. Ils se retrouvent cependant en Suède, où ils décident de reprendre l’aventure ensemble. Et s’installent même en France. Un premier elpee, intitulé « Beatbox Blues », paraît en 2012. Il est suivi d’un Ep (« Shakerism ») et d’un deuxième opus, baptisé « Noir », publié en 2015, un disque sombre, presque tribal, qui plonge au sein des racines du blues et du rock.

En ‘live’, Heymoonshaker impressionne par ses gros riffs, ses rythmes lourds, couplés à la voix sableuse, rocailleuse même, d’Andy. Le spectre de Led Zeppelin et Muddy Waters plane constamment.

Les cheveux noués en chignon, Balcon a le regard incendiaire. Très électriques, ses riffs sont viscéraux et nerveux. Dave approche le micro de ses lèvres et entame son multivocalisme. « Street of England » est bombardé de beats frénétiques. Dave impressionne déjà par ses percus vocales. Et il le démontre à nouveau tout au long de « Best of my love ». Tout comme lors du plus rock « Wheels In Motion », au cours duquel il s’inspire carrément du drumming de John Bonham. De quoi laisser sans voix !

La scène est plongée dans une semi pénombre, mais le light show, de couleur blanche, se focalise sur les artistes.   

Les sonorités de gratte sont bien primitives, basiques voir animales sur « Take The Reins ». Dave se charge, bien entendu, des bruitages. Andy empoigne son dobro et attaque le blues lent « Amandine », un morceau aux sonorités métalliques, qui nous entraîne à l’orée du Bayou, là où il n’y pas encore d’alligators.

La suite du spectacle va se révéler bien plus humoristique. Dave (NDR : il s'exprime très bien en français), fait le pitre lors des présentations. Andy reste en retrait et se concentre pour la chanson suivante « Lazy Eye », compo au cours de laquelle, seul, il se prend pour Mike Rosenberg (Passenger). Peu à peu on pénètre de plus en plus profondément dans le marais du bayou. Le climat est plus sombre. Ces marécages sont infestés d’alligators…

Dave va nous faire de nouveau son ‘one man show’ en mode Beat Box. Entraînant, « Fell Love » est bien cuivré par sa voix. Avant que le set ne s’achève par « Devil In Mind », histoire de rappeler sans doute, le pacte signé entre Robert Johnson et le diable ; enfin c’est ce que la légende raconte…

(Organisation : Alhambra)

 

Rover

Une voix très british, Sir !

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Rien de mieux, pour oublier une semaine pourrie par une météo quasi hivernale, que de se réfugier dans une salle de concert, ce samedi soir. Pénétrer dans l’antre du Botanique et traverser son long couloir vitré constitue d’ailleurs toujours une forme de réconfort.
Rover n’est pas seulement le nom d’une ancienne marque de voiture automobile britannique ; c’est aussi celui du projet drivé par le chanteur français, Timothée Régnier.

Paru en 2012, son premier elpee, avait été unanimement salué par la critique. Ce qui lui avait valu une nomination aux Victoires de la musique l’année suivante, comme groupe ou artiste révélation du public de l'année. Il a fallu attendre trois années pour voir paraître le deuxième opus, « Let it glow ». Confirmation ô combien délicate ! S’il a de nouveau été nominé aux Victoires de la musique, en 2016, dans la catégorie ‘Meilleur album rock’, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée début de cette année, aucun prix ne lui a toujours pas été décerné, le public français votant cette fois massivement pour la variété des Innocents, plutôt qu’un groupe en devenir.

Qu’importe, ce soir, même si le public est clairsemé, et l’Orangerie réduite à une configuration minimale, Rover ne va pas décevoir. Dès le titre d’ouverture, « Along », le décor psychédélique est planté. Un peu dans l’esprit de Blaudzun voire de Lumerians. Et la charge émotionnelle est bien palpable. Ce que confirme le leader à l’issue de la deuxième chanson : ‘C’était très important pour nous d’être ce soir à Bruxelles, on a dû reporter ce concert à plusieurs reprises à cause des événements tragiques, en Belgique et un peu partout en Europe’. Avant d’entamer son tube « Call my name ». Suivi de peu par un autre single, « Aqualast ».

Guère avare de commentaires entre les morceaux, Timothée nous raconte une anecdote relative à Bruxelles (NDR : un achat de ticket à la gare du Midi) ou improvise encore un cours de Breton pour introduire « Trugar ».

Mais Rover c’est avant une voix. Très british, Sir ! Sorte d’hybride entre celle d’un Roger Waters juvénile et de Neil Hannon (The Divine Comedy). Encore que parfois on y recèle des inflexions empruntées à Antony Hegarty, auquel il ressemble étrangement, mais également à Mark Kozelek (Red House Painters, Sun Kil Moon) ; mais ce dernier est américain. Une voix qui colle parfaitement aux ballades, réminiscentes des seventies.

Après 1h30 de show sans le moindre temps mort, le spectacle s’achève. Mais visiblement comblé, le public réclame un rappel. Rover va lui en accorder deux, aux cours desquels, il va interpréter « Let it glow », « Innerhum » et « Glowing shades ».

(Organisation : Botanique)

 

Ought

La différence par la musique, et rien que par la musique…

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Ought figure au sein de la longue liste d’artistes ou de groupes qui ont dû annuler leur concert, en novembre dernier, suite aux attentats perpétrés à Paris. On était donc impatient de découvrir, enfin, en ‘live’, le quatuor montréalais, dont les deux elpees, parus en 2014 et 2015, avaient tous deux reçu des critiques favorables. Pratiquant une forme d’indie rock, ce band est souvent comparé à la fine fleur de la musique dite alternative. Sur le site du Botanique, par exemple, les références citées oscillent de Fugazi à Sonic Youth, en passant par Television et Talking Heads. On leur prête également des affinités avec les Feelies. Rien que ça! Il était donc normal d’aller vérifier si les opinions dithyrambiques manifestées à leur égard étaient fondées. Votre serviteur n’est d’ailleurs pas le seul à attendre de pied ferme les Montréalais, puisque la Rotonde est pleine à craquer.

Wynn assure le supporting act. Un trio issu alostois responsable d’un rock indus. Malheureusement en débarquant après sa prestation, difficile d’émettre un avis objectif. Ce n’est que partie remise.  

Ought est ponctuel. Il grimpe sur l’estrade à 21 heures pile. Tim Darcy, le chanteur/guitariste, se plante au milieu du podium. Difficile d’imaginer qu’un type au physique aussi rachitique puisse jouir d’une voix aussi grave. Le set s’ouvre par plusieurs morceaux issus du dernier opus. Mais pas facile d’entrer dans le concert. L’atmosphère est glaciale et le son loin d’être au top. Il faudra un bon quart d’heure avant que le band ne trouve ses marques. Et le mixing, le bon équilibre. Soit à partir de « Beautiful blue Sky », une remarquable composition d’une bonne dizaine de minutes. La basse impose un riff hypnotique, envoûtant même. Tim Hardy fixe la foule de son index et déclare ‘I’m not longer afraid to die’ qu’il ponctue de ‘Yes…Yes’… sensuels. Un grand moment de la soirée ! Faut dire aussi que les compos de la formation excellent lorsque la voix du chanteur est déclamatoire. Le quatuor embraie ensuite par des chansons mélodieuses issues du premier LP, à l’instar du titre maître, « Today, More Than Any Other Day ». Il n’en faut pas plus pour que la température de la Rotonde monte en flèche. L’auditoire est complètement dedans. Et lorsqu’Ought entame « Habit », les mélomanes sont aux anges. Tim Hardy donne tout ce qu’il a dans le ventre et n’hésite pas à forcer sa voix. Même le claviériste qui, jusqu’alors, se contentait de jouer de pianoter d’une seule main, se sert également de la seconde. A l’issue de ce morceau, le groupe quitte le podium. Et revient quand même pour accorder un bref rappel.

Très peu loquace, Ought est quand même parvenu faire la différence grâce exclusivement à sa musique. Une expression sonore sombre et bruitiste et pas nécessairement accessible. Mais terriblement efficace. En outre, il doit certainement se sentir plus à l’aise lorsqu’il se produit dans une cave chaude et humide. Néanmoins, la Rotonde, c’est quand même plus confortable…  

(Organisation : Botanique)

 

Sirius Plan

Tout en cassant les codes…

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La release party de Sirius Plan devait se dérouler le 23 mars 2016, soit le jour des attentats perpétrés à Bruxelles. Le band avait été bloqué à Paris. Le concert a donc été déplacé un bon mois plus tard. Et il est quasi-sold out. Le premier elpee de la formation, « Dog River Sessions », est paru l’an dernier. Il avait fait l’objet d’une chronique dans Musiczine (voir ici)

Une image du Delta est figée sur un écran tendu devant le podium. Et à 20h20, le ‘making of’ de cet elpee est présenté en images. Dix minutes au cours desquelles on découvre, en toute décontraction, un reportage consacré aux sessions d’enregistrement, aux concerts accordés dans les bistrots ou encore sur la Dog River. Et à 20h30, l'écran se lève, alors que les filles déboulent sur les planches. Elles sont accueillies par un tonnerre d'applaudissements. Pas de Big Mama (B.J. Scott) en vue, ni sur les planches, ni dans la salle.

La coiffure de Skye est plus courte. Mais ses cheveux blonds sont toujours aussi étincelants. Elle s’installe à gauche de l’estrade. Claire se plante à droite, et Gaëlle derrière ses fûts. Le set s’ouvre par « Du Rose Dans Les Veines», le premier single extrait de l’opus. Une petite leçon de morale qui proclame que l’amour est une solution universelle. Les trois filles pratiquent une forme de folk/blues/rock susceptible de remuer les tripes. Les harmonies vocales sont particulièrement raffinées. La voix de Gaëlle est plus rock. Celle de Skye, sensuelle. Et de Claire, enjôleuse. Bref, un micro, trois voix, deux guitares et une batterie : la recette est simple et terriblement efficace. En outre, elles se débrouillent aussi bien dans la langue de Voltaire que celle de Shakespeare. La musique de Sirius Plan est à la fois lumineuse, élégante et instinctive, tout en conservant une taille humaine. Sans prise de tête.

« In The City » est imprimé sur des percus puissantes. Mais ce sont les harmonies vocales à trois voix qui font la différence. Elles sont même parfois divines. A l’instar de « Moi l’animal », une nouvelle compo. Ou de « Là », qui s’achève par des incantations amérindiennes. L’atmosphère générale du set baigne dans le Bayou. « Big River », une surprenante cover de Johnny Cash, en est une belle illustration. Une pirogue s’enfonce dans le Delta. Les alligators guettent… Mais sains et saufs, les explorateurs débarquent à Baton Rouge.

Ballade empreinte de délicatesse, « Old Man » est une chanson qui aurait pu figurer au répertoire de Neil Young, même si on y ressent la patte de Rick Hirsch, responsable du mixing et de la production. Claire sort une petite cuillère de sa musette et enfile une bague qu'elle sort de sa poche gauche. Puis elle la tapote sèchement contre le bijou. Magique !  

Petit conciliabule sympathique au sujet du 'W'. Les Françaises charrient Gaëlle dont les tâches ménagères semblent la rebuter. Un morceau au cours duquel elle doit répondre ‘Whuai’. Ce qui déclenche un fou rire général dans l’auditoire. Le train est « Sur Les Rails » et nous entraîne à travers les grandes plaines. Les filles l’annoncent : place au quart d'heure américain. « Wish I Could » est un slow crapuleux ; mais surtout le nom d’une association caritative qui vient en aide à la Louisiane, et dont elles sont les ambassadrices. Une autre reprise. Celle du « Come together » des Fab Four. Et elle est allègre. Le concert s’achève par le swinguant « Plus Que Parfait ». Skye et Gaëlle remercient la foule. Claire s’était déjà éclipsée, mais revient en courant pour le saluer également.   

En rappel, Sirius Plan rend hommage à feu Prince, à travers une version bouleversante de « When Doves Cry ». On est littéralement sur le cul ! Mais, cerise sur le gâteau, celle de « La Complainte De la Butte » (paroles: Jean Renoir, musique : Georges Van Parys) est interprétée a cappella et clôt le spectacle en beauté, tout en cassant les codes. Epatant !

(Organisation : Ancienne Belgique)

Calexico

Directement plongé dans le bain…

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Il existe une grande constante chez Calexico : ses sets sont toujours différents. Parfois un peu moins, parfois un peu plus. Et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles, votre serviteur y assiste régulièrement. L’autre, c’est simplement, parce lorsqu’on en sort, on est reboosté pour toute la semaine. Sans oublier que ce sont tous d’excellents musiciens. Le band établi à Tucson achevait donc sa tournée dans l’Hexagone, ce dimanche 24 avril, à l’Aéronef de Lille. Compte-rendu.

Le supporting act est assuré par Gaby Moreno. Guatémaltèque, cette chanteuse, compositrice et guitariste tourne régulièrement en compagnie du septuor depuis le printemps dernier. Elle a entamé sa carrière en 2009 et compte 6 albums et un Ep, à son actif. Elle a décroché un ‘Grammy award’, en 2013, comme meilleure nouvelle artiste. Sa musique mêle blues, jazz, folk, soul, r&b et latino. Mais surtout, elle possède une superbe voix. Certains médias n’ont d’ailleurs pas hésité à la comparer à celles d’Aretha Franklin, de Nina Simone voire d’Ella Fitzgerald. Ce sera sans doute vrai d’ici une vingtaine d’années. Vêtue d’une robe blanche, probablement dénichée sur un marché aux puces, elle monte sur l’estrade, seule, armée de sa gratte. Et attaque son répertoire dans la langue de Cervantès. Idiome auquel elle a le plus souvent recours. Mais aussi parfois dans celui de Shakespeare. Lors du deuxième morceau, elle bénéficie du concours du bassiste de Calexico (NDR : un nouveau venu !) Qui passe à la contrebasse pour le troisième (NDR : une compo bien jazzyfiante), alors que Jon Convertino vient les rejoindre aux drums. Et avant d’aborder le quatrième, c’est Joe Burns qui rapplique. Il se consacre d'abord au vibraphone. Pour une reprise de Françoise Hardy, « Le temps de l’amour », que le public reprend en chœur. Et Zavala, le guitariste, ainsi que Sergio Mendoza, le claviériste, se pointent dès le suivant. Avant que les deux trompettistes ne complètent le tableau, afin d’attaquer le dernier titre, un paso doble au refrain hymnique au cours duquel Joe participe aux backing vocaux, alors que Jairo fait gémir sa slide. Bref, on est directement plongé dans le bain ! Faut croire que les musicos de Calexico sont tombés sous le charme de Gaby ; et, à mon humble avis, il ne serait pas étonnant qu’elle reçoive –si ce n’est déjà fait– un gros coup de main de leur part lors de l’enregistrement de son prochain opus.

Le concert de Miss Moreno a commencé un peu après 18h30, celui de Calexico embraie vers 19h15. La grande salle a été coupée en deux par un immense rideau. Il doit donc y avoir plus ou moins 500 spectateurs pour assister au spectacle.

Le set s’ouvre par l’énigmatique « Frontera / Trigger », un titre balayé par les accords de pedal steel dispensés par Zavala et déjà illuminé par les cuivres. L’ambiance commence à chauffer dès l’entraînant « Cumbia de donde », un morceau latino enrichi par les interventions du piano aux tonalités bien cubaines de Sergio. Ce dernier passe à l’accordéon pour le très riche « Black heart ». Et circonstanciellement, il se sert d’un ukulélé. Etonnant, certaines compositions semblent avoir été traitées au dub. Et tout particulièrement quand elles sont filtrées dans la reverb. Notamment « Fake fur », au cours de laquelle la moitié du band joue des percus. Comme d’habitude, hormis Joe –dont la voix est toujours aussi subtile et harmonieuse– et Jon –au drumming si ample, tout en nuances, sans jamais en remettre une couche–, les cinq autres musicos passent aisément d’un instrument à l’autre. Les deux préposés aux cuivres surtout, jonglant entre trompettes, maracas, vibraphone, accordéon et synthé. Et c’est « Fortune teller » qui se distingue par une excellente intervention à la trompette de Jacob Valenzuela. Martin Wenk aura son tour. Parfois, les deux vont même se disputer la vedette. Et conjuguées, ces cuivres sont très susceptibles de vous flanquer des frissons partout. A l’instar de « Moon never rises ». Une nouvelle compo : « World undone ». Enigmatique, elle est entretenue par les grattes de Zavala et Burns, libérant une intensité électrique réminiscente de R.E.M. voire de Wilco. Superbe ! Bien sûr, les titres latino, sont les plus prisés. Et vous communiquent une irrésistible envie de remuer et même de danser. Comme sur l’instrumental « Coyoacan » ou encore « Corona ». Le public devient de plus en plus chaud et puis, il fallait s’y attendre Gaby Moreno vient rejoindre Calexico, en fin de parcours, pour participer aux vocaux. Notamment sur « Cumbia soledad », la valse « Miles from sea » et « Moon never rises », qui met une nouvelle fois les cuivres en exergue. Zavala est en grande forme et après avoir tâté du tex-mex, du surf et du funk, il se prend pour Isaac Hayes (NDR : pensez à « Shaft » !) lors du titre final, « Crystal Frontier ». Finalement, lors de ce set, Burns est resté à la fois sobre et efficace. Tant derrière son micro que sur sa gratte électrique (NDR : de couleur blanche) ou sa semi-acoustique.

Lors du rappel, Joe remercie le public en français. Et c’est Jacob qui chante le paso doble romantique « Inspiracion », tout en se consacrant également à la trompette (NDR : il avait également cumulé pour « Splitter »). Gaby Moreno participe au final « Guëro canelo », morceau au cours duquel Zavala fait à nouveau son show en invitant le public à reprendre de la voix les intonations de sa gratte. Et il s’exécute de bon cœur. Toute l’équipe, bras dessus, bras dessous, vient saluer l’auditoire ; et lorsque Joe signale que c’est l’anniversaire de Jon, cette foule entame un ‘Joyeux anniversaire’ en chœur qui touche particulièrement l’intéressé. Il est un peu plus de 20 h 30 et, le cœur léger, on peut tranquillement rejoindre ses pénates…

(Voir aussi notre section photos ici)

Set list

Frontera / Trigger
Falling from the sky
Cumbia de donde
Fake fur
Black Heart
Bullets & Rocks
Fortune teller
Coyoacan
Splitter
Esperanza
World undone
Miles from sea + Gaby
Moon never rises + Gaby
Corona

Cumbia Soledad + Gaby
Crystal Frontier

Rappel

Inspiracion
Guero Canelo + Gaby

(Organisation : Aéronef)

 

 

Anastacia

Anastacia une Artiste avec un grand ‘A’…

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La salle est presque comble, ce soir, pour accueillir Anastacia qui se produit dans le cadre de sa tournée ‘The Ultimate Collection Tour 2016’. Ce n’est pas la première fois qu’elle est programmée en Belgique. Et tout particulièrement à l’Ancienne Belgique. La dernière, c’était en février 2014. Pour un concert mémorable.

Lyn Newkirk Anastacia est née à Chicago en 1968, d'un père chanteur d'origine allemande et d'une mère de souche irlandaise, actrice dans l’univers des comédies musicales à Broadway. C’est en 2000 qu’elle décroche un énorme tube, grâce à « I'm Outta Love », un extrait de son premier elpee, « Not That Kind » (NDR : n°1 dans 8 pays quand même !) Et l’album suivant,  « Freak Of Nature », lui vaudra 3 disques de platine. Depuis, elle a écoulé près de 40 000 000 à travers le monde, mais surtout traversé pas mal d’épreuves. On lui a diagnostiqué la maladie de Crohn, à l’âge de 13 ans. Et deux cancers. Le premier à 34 ans et une récidive 11 ans plus tard. Sans oublier de la tachycardie supra ventriculaire en 2002.

La scène est rehaussée d'un podium assez haut sur lequel Anastacia et deux de ses danseuses/choristes vont évoluer. L'estrade entoure les musicos, placés juste devant celle-ci. Plusieurs escaliers permettent d’y accéder. Le drummer, Steve Barney, est au milieu du jeu de quilles. Un guitariste et un bassiste sont plantés de part et d'autre. Le claviériste est installé à droite et la troisième choriste au pied d'un des escaliers, à gauche. Le light show est posé sur la grande estrade. En partie centrale, des leds forment un grand ‘A’.

Anastacia débarque par l’arrière. Les deux choristes l’introduisent en frappant vigoureusement sur des toms basse. Le show s’ouvre par « Army Of Me » (« Ultimate Collection »). Et embraie par les hits « Sick and Tired » (« Anastacia »), « Stupid Little Things » (« Resurrection »), « Paid My Dues » (« Freak Of Nature ») et le somptueux « Welcome To My Truth » (« Anastacia ») que tout le public fredonne en compagnie de l’artiste. Qui finalement se montre très interactive.

Mezzo-soprano, sa voix est exceptionnelle. Très chaude aussi, capable de faire vibrer les mélomanes. Et la musique oscille entre soul, funk, rock et surtout pop.

Elle présente régulièrement ses musicos et demande au public de lui dire ‘bonjour’. Amusant !  Et l’auditoire s’exécute. Elle évoque son combat contre le cancer. Recueillement. Anastacia change à plusieurs reprises de lunettes. Une valise recelant différentes paires, est d’ailleurs déposée au pied de l'estrade. Mais aussi de costumes. Qui sont aussi chatoyants les uns que les autres. Dont une robe noire particulièrement cintrée, moment choisi pour interpréter « Heavy On My Heart » (« Anastacia ») et « You'll Never Be Alone » (« Freak of Nature »), dans un climat à la fois solennel et intimiste. Elle nous réserve « Pieces Of A Dream » (« Pieces Of A Dream »), en mode piano/voix. Puis une version latino de « Why'D You Lie To Me » (« Freak Of Nature »). Pas mal du tout ! Sans oublier le très rock « Best of You » de Foo Fighters. Excellent !

Elle se frotte au blues, à travers « The Saddest Part ». Faut dire qu’elle est capable de moduler sa voix en fonction des compos. Mais aussi au funk, dans l’esprit de Michael Jackson ou encore de Nile Rodgers.

Le set s’achève par le bouleversant « I'm Outta Love » (« Pieces Of A Dream »). Avant un rappel au cours duquel Anastacia invite deux ados à l’accompagner au chant. Et les voix des deux filles sont solides. Etonnant ! A moins qu’il ne s’agisse d’une mise en scène…

Ce soir le public a vibré. Anastacia est une battante, mais aussi une Artiste avec un grand ‘A’…

Organisation : Live Nation

(Voir aussi notre section photos ici)

 

The Inspector Cluzo

Quand The Inspector Cluzo s’emballe, gare aux cymbales !

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Suite aux plaintes émises par le voisinage, dorénavant, tous les concerts qui se dérouleront au Magasin 4 doivent s’achever avant 22 heures. Pas une mauvaise nouvelle, puisque les provinciaux pourront rentrer plus rapidement au bercail. Ce soir, The Inspector Cluzo est à l’affiche. Un duo gascon originaire de Mont-de-Marsan. Il réunit le guitariste Malcom Lacrouts et le drummer/chanteur Philippe Jourdain. La moitié de l’année, le tandem part en tournée mondiale. L’autre moitié, ces gentlemen farmers élèvent des oies et des canards, de manière traditionnelle. Pour fabriquer des rillettes, du foie gras et du confit, qu’ils vendent sous le label ‘Lou Casse’ ; et notamment au merchandising (NDR : en deux temps trois mouvements, tout à été écoulé !) Ils comptent même planter du riz sur leurs terres. Une terre qu’ils ont dans le cœur, mais le rock dans la peau. La paire compte plus de 800 concerts à son actif, en 8 ans d'existence, spectacles accordés à travers plus de 40 pays. Autoproduit, son cinquième elpee, « Rockfarmers », a été enregistré à la ferme et mixé à Nashville.

A Supernaut, c’est le titre qui figure sur une flip side d’un single de Black Sabbath. C’est également le patronyme d’un power trio réunissant le chanteur/guitariste Thomas Venegoni, le bassiste Nicolas Dekeuster et le drummer/vocaliste Jean-François Hermant. Un combo dont les membres ont milité chez Montevideo, Driving Dead Girl, Highsleep With Sloane, Ok Cowboy!, Zacharia, Thibet ou Course of Action. De sacrées références !

Supporting act, le combo est responsable d’un rock carré, énergique et percutant, abordé dans l’esprit des 70’s. Et « Birdman », une de ses compos, en est certainement la plus belle illustration. Sans quoi, brute de décoffrage, sa musique –sans être particulièrement originale– est puissante, mais bien équilibrée. Entre riffs graisseux, ligne de basse ronflante et drums martelés sauvagement, elle n’écorche jamais les tympans… 

Setlist : « Deep Inside », « Ice », « La Menace », « Georges », « Future », « Birdman », « Russian Roulette », « Xception ».

Place ensuite à The Inspector Cluzo. Pas de set list, mais un répertoire qui ressemble plutôt à une grosse jam, au cours de laquelle le combo va nous réserver de nouvelles compositions. Mais surtout une majorité de plages issues du dernier opus, « Rockfarmers ». Et c’est le titre maître de cet LP qui ouvre le show. Pour rester dans le ton, l’intro est balayée de cacardements ou de cancanements avant que la gratte déjà incisive ne baigne déjà dans l’huile. Et lorsqu’elle s’apaise, c’est pour laisser entendre les sifflements des anatidés, avant de repartir de plus belle. Des joueurs de leur équipe de rugby favorite avaient été invités pour mettre le souk tout au long du clip de « I'm A Japanese Mountain » (voir ici

Les rugbymen ne les ont cependant pas accompagnés au Magasin 4. Ce qui ne va pas empêcher la compo de mettre le souk. Malcom va régulièrement à la rencontre de l’auditoire, et d’un doigt vengeur, il invite les premiers rangs à se rapprocher du podium. Philippe enlève assez rapidement son béret pour être plus à l’aise afin de défoncer ses fûts et ses cymbales qui ont déjà bien vécu. En fin de set, ces dernières sont, en général, balancées vers le fond de la scène. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Cinq ans plus tôt, au Botanique, elles ont atterri sur le crâne de votre serviteur, avant qu’il ne s’étale. Confus, les artistes ont promis qu’on ne les y reprendrait plus. Mais dans le déchaînement, ce débordement est encore très susceptible de se produire. Alors, il est préférable de rester sur ses gardes. Quand The Inpector Cluzo s’emballe, gare aux cymbales !

Le duo puise son inspiration chez Black Sabbath, Led Zeppelin et bien d’autres formations de hard rock, issues des seventies. Mais également dans le grunge. Parfois aussi chez Jimi Hendrix. Surtout lorsque les accords de gratte sont torturés. Egalement dans le funk. Et même dans le blues et le gospel. Le registre vocal de Malcolm est ample et capable de dépasser une octave, sans se casser la figure.

Au bout de 60 minutes, les musicos sont complètement trempés de sueur. Mais il sont surtout parvenus à nous réserver un excellent set live, une prestation explosive et bourrée d’énergie, ponctuée de deux jams. Le duo se produit, en général, une fois par an en Belgique. Une bonne raison pour ne pas le manquer. 

(Organisation : Magasin 4)

Christopher Duncan

Un guerrier sombre qui aime les cantiques de Noël…

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Il a fallu s'armer de patience avant que le concert de C Duncan. puisse enfin se dérouler. Initialement prévu dans le courant du mois de novembre, il avait été annulé suite aux attentats perpétrés à Paris. Suite à ceux commis à Bruxelles (NDR : comme quoi lorsque la poisse te colle aux basques, elle ne te lâche plus), on craignait donc une seconde annulation.  Heureusement, le spectacle a été maintenu et, c’est avec une certaine excitation qu’on allait enfin pouvoir découvrir la musique de Christopher Duncan, alias C Duncan, responsable d’un superbe premier elpee baptisé "Architect", un disque paru en juillet de l’an dernier.

Hormis quelques personnes qui profitent du soleil dardant ses rayons sur la terrasse des jardins du Botanique, le site est pour le moins vide, ce mercredi soir. Et pour cause, seul le show du Glaswégien est programmé. Direction vers le Witloof Bar, avant 20 heures, afin de se réserver une place idéale et surtout ne pas avoir la vue partiellement obstruée par les arches en briques. La salle est loin d'être bondée. Il ne faudra donc pas jouer des coudes.

Vers 20 h les lumières s'éteignent. C Duncan monte sur l'estrade. Il est accompagné d’un bassiste, qui se plante à sa gauche, d’un claviériste, à sa droite, et d’un drummer, à l’arrière.   Le jeune songwriter se consacre à la gratte. Le set s’ouvre, tout comme sur l’opus, par l'excellent "Say". La voix de l’artiste insulaire est douce et paisible ; en outre, elle colle parfaitement à la musique. Ses musicos assurent les chœurs dans un climat propice aux belles harmonies vocales. "I'll Be Gone By Winter" est même digne des veillées de Noël. La set list alterne titres cool, comme "For", et morceaux remuants, à l'instar de "Here to There". Mais aussi de nouvelles compos, ainsi qu’une remarquable reprise du "Pearly-Dewdrops' Drops" de Cocteau Twins.

Les quatre musiciens ne sont pas des ‘bêtes de scène’ ; cependant, ils parviennent à créer une chouette ambiance en communiquant avec le public. Et tout particulièrement lorsque le bassiste dédie "He Believes in Miracles" à un ami présent dans l’auditoire qui lui avait annoncé son prochain mariage. Ce qui va déclencher une belle salve d’applaudissements. Christopher Duncan confesse que lui et sa troupe visitent Bruxelles, pour la toute première fois et qu’il comptent se rendre, dès que le concert est terminé au Delirium. Mais les spectateurs de la capitale belge sont les premiers à les dissuader. C’est une brasserie très souvent bondée qui n’attire que les touristes. Rendez-vous est donc pris, après le spectacle, pour échanger les adresses.

Après une heure de set, rappel compris, le combo écossais tire sa révérence. Il est à peine 21 heures, mais la soirée est déjà réussie.

(Organisation : Botanique)

 

 

The Apartments

Un concert vraiment ‘à part’ !

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C’est la première fois que votre serviteur se rend à la Ferme d’en Haut, de Villeneuve d’Asq, un lieu rebaptisé Maison Folie, suite à la désignation de Lille comme capitale européenne de la Culture, en 2004. Un endroit qui sert également de gîte rural, de salle d’exposition et de spectacle. Intimiste, cette dernière peut accueillir 200 personnes. L’acoustique y est excellente. En outre, les emplacements pour stationner son véhicule, sont nombreux. Et gratuits, ce qui ne gâte rien.

Bref, ce soir The Apartments y est programmé. Un combo à géométrie variable, dont le seul leader Peter Milton Walsh, est de nationalité australienne. L’an dernier, il s’était ainsi produit à la tête d’un véritable backing group, incluant notamment Antoine Chaperon, Natasha Penot (NDR : deux ex-Grisbi) ainsi que l’ex-Go Betweens, Amanda Brown, à travers la France, pour promotionner son dernier et superbe opus, « No Song, No Spell, No Madrigal » (voir chronique ici)

Aucun elpee de chansons inédites n’était paru depuis « Apart », en 1997. Une raison ? Ben oui, gravement malade, le fils de Peter est décédé en 1999. Et l’artiste a donc mis la musique entre parenthèses, ne sortant la tête de l’eau que très épisodiquement. Avant de revenir dans le parcours, sous l’impulsion du producteur Wayne Connolly, du journaliste français Emmanuel Tellier et du label Microcultures, publiant, en 2014, une œuvre belle, fragile, bouleversante, empreinte d’une grande mélancolie, qu’il dédie à son fils disparu. Ce n’est que le sixième LP studio, gravé en plus de 30 années. Faut dire que Walsh a traversé de nombreuses périodes de déprime…

Mais venons en au spectacle. Qui débute à 18 heures (NDR : excellente initiative dont devrait s’inspirer Bruxelles ; et tout particulièrement le samedi ou le dimanche). Par Udo und Brigitte. Alias Damien Zelmann et Raphaëlle Denhez. Un duo lillois fondé en 2008. Et pour la circonstance, il est soutenu par un drummer. Damien (NDR : c’est le sosie de Julien Gorius !) monte sur l’estrade et enfile un rack sur lequel il pose un harmo. Dans lequel il va souffler lors de la première compo. Il chante et joue de la sèche également. Plus tard de la guitare électrique. Raphaëlle se consacre surtout aux vocaux et parfois aux maracas. Elle s’est plantée derrière un Farfisa. Et franchement, éthérée, sa voix est remarquable. Le début de set est plus qu’encourageant, atteignant son sommet lors d’une compo interprétée dans la langue de Molière, réminiscente d’Everything But The Girl. Le big problem procède du recours à cet orgue. On se croirait parfois dans une église pendant des funérailles. Et puis, on sent Zelmann bien moins l’aise sur sa gratte électrique qu’acoustique, qu’il va d’ailleurs récupérer en fin de parcours. Le duo ne manque pas de potentiel, mais il a encore du pain sur la planche…

Tiens pendant ce show, il n’y avait qu’une cinquantaine de personnes dans la salle. Et soudain juste avant celui de The Apartments, elle est quasi-comble…

Pour sa nouvelle tournée, Peter a donc réduit son line up à un trio. Qui se produira en formule semi-acoustique. Il implique donc les deux ex-Grisbi, Antoine Chaperon à la guitare électrique et Natasha Penot (NDR : de petite taille, elle est élégante dans sa robe noire à fleurs colorées) au clavier (NDR : dont elle joue très sobrement), aux tambourins (NDR : qui de tonalités différentes, vont imprimer le tempo), au mélodica et aux backing vocaux. Sa voix est limpide, cristalline et circonstanciellement se fond parfaitement en harmonie avec celle, écorchée, ébréchée, nasillarde, de Peter. Mince, chaussé de lunettes fumées, vêtu de fringues cintrées dont une veste en jeans, ce dernier n’a pas usurpé sa réputation de personnage charismatique. Armé de sa sèche électrifiée, sa dégaine me fait même parfois penser à celle de Dylan. Et puis, parce que c’est également un poète. Il ouvre le set par « Swap places », un titre lent au cours duquel Peter pose une question existentielle : ‘Où est Dieu dans tout ça ?’ Antoine joue sur une Gretsh et dispose d’un beau tapis de pédales, mais pour en libérer des sonorités parcimonieuses, lumineuses, parfois légèrement surf, un peu à la manière de Tom Verlaine. Quand il pince ses cordes, on a l’impression que sur la réserve, il retient ses notes, pour les lâcher au moment le plus propice. Il quitte le podium avant « Mr. Somewhere », avant de revenir dès « Ribbons », un des sommets du concert. Une valse caractérisée par un duo vocal sublime échangé entre Natasha et Peter. Sur les compos les plus enlevés, ce dernier frappe du pied sur les planches. Et notamment pendant « All the time in the world », « Knowing You Were Loved » et « End of some fear », morceau au cours duquel Natasha déchire l’atmosphère sonore de son mélodica (NDR : ce ne sera pas le seul moment), alors que les deux gratteurs plaquent rageusement leurs riffs. Mais également tout au long du fougueux « On every corner ». Peter et Antoine se servent indifféremment d’un onglet ou de leurs doigts pour caresser ou égratigner leurs cordes. Selon les chansons. Peter rend hommage à Grant McLennan, membre de Go-Betweens, décédé il y a déjà 10 ans, en lui dédiant « Not Every Clown Can Be In The Circus ». Un morceau au cours duquel Antoine va s’autoriser un phrasé de cordes ‘mandoline’ si cher à de Justin Huw Jones (And Also The Trees). Autre valse, « Sunset hotel » est certainement le titre le plus contagieux. Au cours du refrain, on a même envie de reprendre ses ‘sha la la’ en chœur. Un concert vraiment ‘à part’ qui s’achève par « Everything Is Given To Be Taken Away », une composition dont l’intensité est stimulée par les deux grattes qui entrent littéralement en fusion. Et cette flamme n’est pas encore éteinte, car en rappel, le trio va nous accorder un autre brûlot aussi électrique et intense, « The Goodbye train ». Mais on espère qu’il repassera bientôt près de chez vous…

Anecdote, en fin de concert, votre serviteur récupère une set list et la photographie. Sans même approfondir son contenu. Avant de la filer à une petite tête blonde qui la réclamait. Quelle ne sera pas la surprise en découvrant sur l’écran de mon PC les termes suivants mentionnés en français : ‘Ne pas voler la setlist, c’est sauver un arbre’. Et dans le coin extérieur droit : ‘5€’. Faut croire que la feuille devait faire 500m2. A se tordre de rire !

‘Le prix modeste du papier est la raison pour laquelle les femmes commencèrent par réussir en littérature avant de le faire dans d'autres professions’ (Virginia Woolf).

(Organisation : La Ferme d’en Haut)

 

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